Soit, les voyages sont proscrits, mais rien ne nous empêche de nous évader par le ventre, les yeux ou les oreilles vers de lointaines contrées et de nous imaginer ailleurs pour un soir. Aujourd’hui, direction Buenos Aires, en Argentine, avec comme guides deux porteñas, l’une d’origine, l’autre d’adoption.

Dans l’assiette

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE LA PÂTISSERIE VIOLETA MASSEY

Les alfajores, tels que préparés par la pâtissière Violetta Massey

La Québécoise Myriam Selhi habite à Buenos Aires depuis « 15 belles années », où elle travaille notamment pour une ONG de défense des droits de la personne. En mars dernier, elle était à Montréal quand la pandémie a éclaté. Mesures sanitaires obligent, elle a dû attendre sept mois avant de retrouver la capitale de l’Argentine. « Lorsque je m’ennuyais de Buenos Aires, je me faisais une viande grillée avec une salsa criolla, une sauce créole : du poivron rouge, du poivron vert, de l’oignon et des tomates hachées, arrosés de vinaigre et d’huile d’olive. Tu laisses macérer trois heures au frigo, et voilà ! C’est tout simple et ça ajoute un punch de fraîcheur délicieux. »

PHOTO FOURNIE PAR MYRIAM SELHI

La Québécoise Myriam Selhi vit à Buenos Aires depuis 15 ans.

Originaire de Buenos Aires, Ahiu Pourteau vit à Montréal depuis trois ans. Lors de son dernier anniversaire, cette assistante metteuse en scène et régisseuse dans le milieu du cirque a tenu à faire partager les saveurs de sa ville natale à ses invités : elle a préparé à ces derniers des alfajores. « J’ai suivi la recette [sur Instagram] d’une véritable institution située tout près de la maison de mes parents : la pâtisserie Violeta Massey. Les alfajores sont faits de biscuits au beurre entre lesquels tu mets du dulce de leche et que tu recouvres de chocolat. De toute façon, avec du dulce de leche, tout est bon ! »

> Consultez le compte Instagram de Violeta Massey

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Ahiu Pourteau, originaire de Buenos Aires, habite à Montréal depuis trois ans.

Pour apprendre les rudiments de la cuisine argentine, Myriam Selhi suggère de faire un saut du côté de YouTube, sur la chaîne Paulina Cucina. « Paulina est très, très populaire en Argentine ; elle a plus de 2 millions d’abonnés sur YouTube. Elle s’est donné pour mission de réinventer le cours de cuisine pour adolescents, mais les adultes sont nombreux à la suivre. Elle est très drôle. Ses recettes sont simples et bonnes. Même si elle parle espagnol, c’est facile de comprendre ce qu’elle fait. » Parfait pour apprendre à cuisiner les grands classiques que sont les milanesa, le chimichurri… et le dulce de leche !

> Consultez le site de Paulina Cocina (en espagnol)

Dans le verre

« Pour moi, le comfort food par excellence, c’est une assiette d’empanadas avec un verre de vin rouge. Et on garde la bouteille de vin pas trop loin ! », lance Myriam Selhi. Mais encore faut-il savoir quoi boire. « Il y a beaucoup de vin argentin de moindre qualité à la SAQ, mais il est possible de trouver de bonnes bouteilles quand même. » Elle donne en exemple le Malbec La Consulta, du producteur Catena Zapata, ou le Cabernet Franc de la Familia Zuccardi, deux vins de la région de Mendoza.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE FLORERIA ATLANTICO

L’Aperitivo Laureo est l’un des cocktails qui font la renommée du bar Floreria Atlantico.

« Sinon, il y a l’Aperitivo Laureo, un cocktail de Floreria Atlantico qui figure parmi les 50 meilleurs bars à cocktails au monde et qui fait des trucs magnifiques. Cet apéro aux notes de laurier, pistache et amaro sur glace broyée goûte le paradis d’une religion non contraignante ! »

> Consultez le compte Instagram de Floreria Atlantico

Pour Ahiu Pourteau, c’est surtout le maté qu’elle boit en mi-journée qui lui rappelle le mieux son pays. « Ça coupe ma journée en deux. Et c’est très facile de trouver du maté à Montréal. »

Pour les yeux

L’art urbain de Buenos Aires
  • Cette œuvre murale de Jaz, un artiste né à Buenos Aires, est l’un des nombreux exemples d’art urbain dans la capitale de l’Argentine.

    PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE FRANCO FASOLI (JAZ)

    Cette œuvre murale de Jaz, un artiste né à Buenos Aires, est l’un des nombreux exemples d’art urbain dans la capitale de l’Argentine.

  • Œuvre murale faite de papiers collés dans le quartier de Palermo, Buenos Aires

    PHOTO STÉPHANIE MORIN, LA PRESSE

    Œuvre murale faite de papiers collés dans le quartier de Palermo, Buenos Aires

  • Une œuvre murale extravagante signée Martín Ron

    PHOTO FOURNIE PAR L’OFFICE DE TOURISME DE BUENOS AIRES

    Une œuvre murale extravagante signée Martín Ron

  • Une autre œuvre murale de Martín Ron qui attire l’œil des photographes et des passants.

    PHOTO FOURNIE PAR L’OFFICE DE TOURISME DE BUENOS AIRES

    Une autre œuvre murale de Martín Ron qui attire l’œil des photographes et des passants.

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Pour se rincer l’œil devant les beautés de Buenos Aires, Myriam Selhi propose de regarder du côté de l’art urbain. « Le street art est omniprésent à Buenos Aires. Parfois plus décoratif, tantôt plus militant… Ce type d’expression reflète parfaitement les porteños et porteñas : politisés, stylisés et exubérants. Aujourd’hui, c’est un des principaux patrimoines visuels de la ville. » Elle cite deux comptes Instagram hauts en couleur.

> Consultez le compte Instagram de Color BA

> Consultez le compte Instagram de Proyecto Persiana

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM PROYECTO PERSIANA

À Buenos Aires, des artistes transforment les rideaux métalliques des commerces en œuvres d’art.

« Proyecto persiana, ou projet persienne, est une initiative indépendante d’artistes qui ont vu des centaines de potentielles murales dans les tristes rideaux métalliques que les commerçants baissent sur leur magasin en fin de journée. C’est un projet qui permet de revitaliser certains quartiers tout en fournissant aux artistes l’espace et les matériaux nécessaires pour réaliser leurs fresques. Une solution collective d’art et d’urbanisme. »

À écouter

Selon Myriam Selhi, les femmes occupent une place de plus en plus importante dans l’espace public argentin. « Le mouvement féministe commence à s’élever dans plusieurs domaines, notamment en culture. » Parmi les artistes féministes qui brillent présentement en Argentine, elle cite Sara Hebe. « C’est une artiste qui fait du hip-hop, très militante, avec des textes très punchés. Si tu fais un asado, un gros barbecue argentin et que tu mets du Sara Hebe, tout le monde va danser ! »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Astor Piazzolla, photographié lors de son passage à Montréal en juin 1986

« Par contre, lorsque j’étais à Montréal et que j’étais plus triste, j’écoutais Astor Piazzolla. Ça met tout de suite dans le contexte argentin ! »

Ahiu Pourteau confirme : « Même si le tango est une musique assez nichée en Argentine, Astor Piazzolla reste encore très pertinent aujourd’hui. Il est fantastique. Son petit-fils est batteur et il a d’ailleurs fondé un groupe appelé Escalandrum, qui mêle le jazz et le tango. »

Autre suggestion de la néo-Montréalaise : « La musique rioplatense, originaire de la région de l’estuaire Rio de la Plata, est très populaire chez la jeune génération. C’est de la musique folk contemporaine à la fois argentine et uruguayenne. Un groupe que j’aime beaucoup est Perota Chingo, composé de deux femmes. »

À lire

IMAGE FOURNIE PAR LA PASTÈQUE

Extrait de Macanudo, de Liniers

Difficile de songer à un auteur de bandes dessinées argentin sans penser à Quino, le père de Mafalda. Mais Ahiu Pourteau suggère plutôt de découvrir Liniers, qui signe la bande dessinée Macanudo. « Quino était très ancré dans la réalité, tandis que Liniers possède une touche de surréalisme. Il incarne une façon très contemporaine, très universelle d’être argentin. Il met en lumière les choses simples du quotidien et leur redonne leur importance. Il y a une poésie, une beauté et une subtilité dans ses cases. C’est l’un des grands noms de la bande dessinée en Argentine. Il publie chaque jour une bande dessinée dans les journaux d’Argentine, et ce, depuis plus de 15 ans. »

Il est possible de trouver des albums de Macanudo en français (jadis édités par La Pastèque) dans les bibliothèques du Québec. Le travail de Liniers est aussi traduit en anglais et peut être lu en espagnol sur sa page Facebook.

> Consultez la page Facebook de Liniers