S'il est un continent relativement proche du Québec qui gagne à être connu, c'est bien l'Amérique du Sud. Depuis une dizaine d'années, les touristes sont de plus en plus nombreux à s'y rendre. Transporteurs aériens et agences de voyages croient que cette partie de l'hémisphère sud a beaucoup à offrir et présente de nombreux avantages.

«Chaque année, on a une croissance sur toutes les destinations. Il y a de plus en plus de demande.» Présidente de l'agence de voyages Voyagescassis.com, Evelyn Cassis dresse un portrait presque élogieux de l'état du marché touristique sud-américain. Après le Pacifique Sud, c'est son deuxième plus gros marché.

 

Elle n'est pas la seule à observer cette tendance. Principal transporteur aérien à destination de l'Amérique latine, Air Canada a vu son trafic passagers augmenter de 18,2 % l'an dernier, comparativement à 2007, avec un coefficient d'occupation de près de 80 %. Pour mieux répondre à la demande, la compagnie aérienne a même introduit pour cet hiver un service sans escale à destination de Buenos Aires, au départ de Toronto, et un vol exclusif pour Santiago du Chili. Elle a également augmenté sa capacité de transport sur la liaison Toronto-Saõ Paulo.

Pourquoi?

Les raisons pour lesquelles l'Amérique du Sud est de plus en plus prisée sont multiples. «C'est loin, mais il n'y a pas de décalage horaire», fait remarquer Claude Morin, vice-président ventes mondiales chez Air Canada. «Ce sont des pays latins que l'on gagne à connaître. Et en général, les voyageurs évitent les ennuis de visa. Le fait que les saisons soient inversées est un autre avantage.»

La stabilité politique de la plupart des pays d'Amérique du Sud et l'absence de contraintes sanitaires sont d'autres facteurs qui peuvent convaincre ceux qui seraient tentés par un voyage dans cette partie du monde. Et le prix des billets n'est pas exorbitant. «À 100 $ près, un billet pour le Pérou est quasiment au même prix qu'un billet pour le Mexique ou le Guatemala», dit Philippe Birer, cofondateur de l'agence Explorateur Voyages.

Spécialisé dans le tourisme d'aventure, ce dernier affirme que «le Pérou est le moteur de l'Amérique du Sud» dans ce secteur. «C'est le pays qui attire le plus de voyageurs, ajoute-t-il. Il est même dans nos trois premières destinations à l'échelle de la planète. Il a énormément à offrir: l'Amazonie, l'Altiplano, l'architecture... La culture et la vie indiennes y sont encore très présentes. Le tourisme s'y développe bien. Depuis 12 ans, cela a toujours été le Pérou d'abord.» Abordable et très variée en matière de paysages, la Bolivie est aussi très attrayante pour les jeunes et les touristes sportifs. L'Équateur et la Patagonie suivent derrière.

Du côté d'Air Canada et de Voyagescassis.com, on cite aussi le Pérou - «une bonne valeur» -, puis l'Argentine, les îles Galapagos, le Chili et le Brésil.

Ses limites

Tous les acteurs de ce marché précisent que ceux qui s'y rendent n'en sont pas à leur premier voyage. «Ce sont des voyageurs expérimentés», affirme Claude Morin.

Comparativement à l'Asie, l'Amérique du Sud a moins de destinations à vendre et moins de «tourisme soleil» à proposer, exception faite de la Colombie et du Venezuela.

«Le niveau de vie est plus cher en Amérique latine qu'en Asie. Toutefois, les prestations de service s'y sont améliorées et un forfait de trois semaines tout-inclus est presque au même prix dans les deux cas», témoigne Philippe Birer. Evelyn Cassis affirme la même chose: «La portion terrestre coûte moins cher en Asie, mais le prix total est sensiblement le même.»

Le tourisme en Amérique du Sud va se décliner sous plusieurs formes à l'avenir. Les visites des vignobles chiliens et argentins sont de plus en plus populaires, de même que les croisières avec des excursions terrestres de quelques jours.

«Ce continent est très porteur pour l'avenir, le potentiel de croissance est énorme. Le nombre de voyageurs est encore très limité si on compare avec l'Europe par exemple. Mais si demain j'ouvrais une agence de voyages, je mettrais mes efforts sur l'Amérique du Sud avant l'Europe», affirme Claude Morin.