L’Afrique compte de nombreuses régions montagneuses propices à la randonnée pédestre. On connaît le Kilimandjaro, bien sûr, mais on entend aussi parler du mont Kenya, des monts Simien d’Éthiopie et de la chaîne du Ruwenzori, à la frontière de l’Ouganda et de la République démocratique du Congo.

On connaît moins le massif Mulanje, au Malawi. Son sommet principal, Sapitwa, atteint quand même 3002 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Assis à la terrasse du Gateway Lodge, au village de Likhubula, les randonneurs contemplent justement le massif de granit s’élever au-dessus de la plaine. Un petit verre à la main, ils se préparent mentalement à la randonnée qui débutera demain matin.

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Le massif Mulanje, au Malawi, est particulièrement vaste et spectaculaire.

Le massif Mulanje est une intrusion, soit sensiblement le même genre de formation géologique que les collines montérégiennes : du magma s’est soulevé sous la surface de la terre, mais sans la percer, sans devenir un volcan. Le magma s’est refroidi, l’érosion a peu à peu dégagé cette roche très dure en faisant disparaître les sols plus friables.

Il serait toutefois un peu inapproprié de trop comparer Mulanje au mont Saint-Hilaire : on parle d’un massif d’une superficie de 600 km2 qui compte une vingtaine de sommets, une quinzaine de sentiers de randonnée, huit refuges de montagne rudimentaires, la plus longue voie d’escalade d’Afrique (1700 m) et des forêts, des rivières, des cascades, des ravins, des falaises. Il y a de quoi s’amuser pendant des jours.

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Une fillette transporte du bois au village après être allée le chercher sur le massif Mulanje, au Malawi.

Parmi les villageois et la pluie

L’un des principaux sentiers part de Likhubula. Au petit matin, les randonneurs, accompagnés d’un guide et de porteurs (l’embauche de tous ces gens profite réellement à l’économie locale), se faufilent entre les cases et les champs. C’est samedi. Nombre de villageois en profitent pour aller chercher du bois dans les forêts du massif afin d’en tirer quelques kwachas (la monnaie du Malawi) au marché. Quelques hommes, mais surtout des femmes et des enfants, descendent au village en faisait tenir en équilibre sur leur tête de gros fagots. Évidemment, cette pratique, suscitée par la nécessité, contribue à la déforestation du massif.

Le sentier monte abruptement jusqu’à un large plateau. La terrible chaleur de la plaine fait place à une température un peu plus agréable. Après 11 km de marche sur un dénivelé de près de 1500 m, le groupe de soutien installe les tentes à côté du refuge de Lichenya. Les randonneurs soupent sur la grande véranda qui fait tout le tour du petit bâtiment de bois. 

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Le plateau pas vraiment plat qui mène au sommet du massif Mulanje

Au loin, des éclairs. L’orage s’approche-t-il ? C’est la mi-octobre. C’est la saison sèche, mais la saison des pluies devrait débuter dans quelques semaines. L’orage, précurseur, éclate finalement au-dessus du camp. La pluie tombe vigoureusement, des rigoles se transforment en ruisseaux qui coulent entre et (oups !) sous les tentes. Heureusement, celles-ci sont bien imperméables, et tout reste bien au sec à l’intérieur.

La deuxième journée est plus facile. Il s’agit simplement de rejoindre le refuge de Chisepo, une petite randonnée d’une dizaine de kilomètres. Ça permet d’admirer un paysage impressionnant : différents sommets s’élèvent au-dessus du plateau, abrupts, mystérieux.

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Départ du refuge Chisepo alors que les nuages couvrent le sommet Sapitwa.

Le refuge de Chisepo offre une vue magnifique sur la plaine, tout en bas. D’ici, on perçoit des villages, des plantations de thé. À côté du refuge, un ruisseau descend en petites cascades, de bassin en bassin. Il fait moins chaud qu’hier, mais une baignade est quand même bien appréciée.

Des efforts avant le sommet

Les randonneurs sont venus avec l’intention de grimper le sommet de Sapitwa. Sur papier, ça n’a pas l’air si pire : du refuge, c’est 8 km aller-retour, 800 m de dénivelé. On mentionne des sections de scrambling (un type de randonnée qui nécessite l’usage des mains pour négocier les passages plus abrupts).

Le départ se fait relativement tôt, à 6 h. Le plaisir commence aussitôt : il faut grimper sur des dalles assez escarpées. Heureusement, les bottines adhèrent bien à cette roche texturée. Ça demande cependant une bonne concentration alors qu’une petite brume s’installe, ce qui réduit la visibilité. L’équipe de soutien installe une corde pour un passage un peu plus difficile.

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La concentration est nécessaire pour atteindre le sommet Sapitwa.

Les randonneurs atteignent une section moins abrupte, mais la difficulté ne fait qu’augmenter : il faut contourner d’énormes rochers, en escalader. Il faut sauter d’une roche à l’autre, glisser sous d’autres gros cailloux. C’est exigeant, mais aussi très amusant.

Le soleil est revenu, les randonneurs voient maintenant la flèche qui signale le sommet. Presque arrivés ! Eh bien non. Il faut redescendre un peu, négocier d’autres rochers, utiliser les mains, installer la corde, se déplacer à quatre pattes dans d’étroits passages. Le sommet est d’autant plus apprécié. Comme le temps est clair, on peut voir les collines de l’autre côté de la frontière, au Mozambique.

Les randonneurs s’attardent en mangeant des biscuits, sachant que la descente ne sera pas nécessairement plus facile. Toutefois, les petits bassins d’eau près du refuge fournissent la motivation nécessaire pour se remettre en marche.

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Encore un petit effort pour atteindre le sommet Sapitwa du massif Mulanje

Le souper est particulièrement apprécié : en mangeant, les randonneurs regardent le soleil se coucher, les étoiles consteller le firmament, de petites lumières apparaître tout en bas, dans la plaine.

Il ne faudra qu’un jour pour retourner à Likhubula, vers la chaleur écrasante. Heureusement, une petite saucette en chemin aux chutes de Lankhalamba permet d’apprécier un peu plus longtemps le massif Mulanje.

Mode d’emploi

Peu d’agences occidentales organisent des randonnées au massif Mulanje. Il y a notamment l’agence britannique KE Adventure. On peut aussi faire affaire avec des agences locales reconnues, comme Malawian Style. Les grimpeurs peuvent aussi aller chercher des informations auprès du Mountain Club of Malawi. Un séjour au Malawi serait incomplet sans un petit safari, notamment au parc de Majete ou au parc de Liwonde. Quelques jours de repos sur les plages du lac Malawi permettent également de recharger les batteries. La région du cap MacLear est particulièrement accueillante.