Des centaines de passagers sont restés bloqués pendant des heures mercredi dans l'aéroport international de Nairobi (JKIA), où la police a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser des employés à l'origine d'une grève-surprise.

Débutée à minuit, la grève a complètement paralysé l'aéroport le plus fréquenté d'Afrique de l'Est pendant de très longues heures et a, semble-t-il, pris de court les autorités.

Leur réponse, notamment policière, a causé des scènes de grande confusion à l'extérieur des terminaux : la police a lancé des grenades lacrymogènes en direction des grévistes, contraignant des voyageurs, encombrés de leurs bagages, à courir pour échapper au gaz.

Plusieurs grévistes et voyageurs ont dû être soignés pour avoir inhalé des gaz ou s'être légèrement blessés dans leur fuite.

De nombreux voyageurs bloqués ont fait part à la presse de leur stupéfaction devant la réponse policière.

« Je suis en colère. Pourquoi des gaz lacrymogènes dans un aéroport, avec des policiers qui poursuivent des gens comme s'il s'agissait de criminels ? C'est une honte, pour ne pas dire plus », a réagi Deborah, qui devait gagner Addis Abeba.

Un canon à eau avait même été dépêché sur place, mais il n'est pas entré en action.

À la mi-journée, la situation était redevenue calme et le trafic reprenait tout doucement.

En fin d'après-midi, Kenya Airways indiquait que 97 % de ses vols affectés par le mouvement de grève avaient été reprogrammés, la plupart devant décoller avant minuit.

Mais la situation demeurait encore compliquée pour nombre de passagers, à l'image de Marie Cynthia, qui espérait rentrer chez elle au Cameroun après son séjour à Nairobi pour le travail.

« Il a fallu attendre toute la matinée et tout l'après-midi pour qu'on nous dise maintenant que le vol pour Douala est annulé. C'est vraiment une blague : personne ne nous dit quand le vol pourra partir », a-t-elle déploré.

« Sabotage »

La grève était menée par des membres du Syndicat des travailleurs de l'aviation kényane (KAWU) qui protestent contre un projet d'acquisition de l'aéroport par la société nationale Kenya Airways.

Le secrétaire général du syndicat Moss Ndiema a d'ailleurs été arrêté sur place dans la matinée, les autorités jugeant la grève illégale.  

S'exprimant à l'aéroport, le ministre des Transports James Macharia a indiqué que l'Autorité kényane des aéroports (KAA), avec l'aide des forces de sécurité et de Kenya Airways, avait progressivement remplacé le personnel gréviste.

Le ministre a déploré le mouvement de grève, expliquant que des discussions étaient en cours entre ses services et les personnels de l'aéroport depuis plusieurs semaines.

« Ce qu'ils craignent, c'est que la fusion proposée entre Kenya Airways et l'Autorité kényane des aéroports entraîne des pertes d'emplois, mais nous leur avons donné l'assurance que cela ne sera pas le cas », a-t-il ajouté.

« Cette grève est illégale. C'est du sabotage [...] et c'est pour cela que des responsables syndicaux ont été arrêtés alors qu'ils incitaient les travailleurs à se mettre en grève », a-t-il poursuivi.

Les deux autres principaux aéroports du pays - Mombasa (sud-est) et Kisumu (ouest) - ont également été touchés par le mouvement.

L'aéroport Jomo Kenyatta de Nairobi est le premier en terme de trafic en Afrique de l'Est, selon KAA. Plus de 7,6 millions de passagers y ont transité en 2017 ainsi que 313 000 tonnes de marchandises. L'aéroport d'Addis Abeba, porté par le dynamisme de la compagnie nationale Ethiopian Airlines qui multiplie les liaisons aériennes, commence toutefois à lui faire de l'ombre.