Glasgow a longtemps souffert de la comparaison avec sa rivale Édimbourg, dont on ne cesse de vanter la beauté et la richesse historique. Mais l'ancienne capitale industrielle n'a plus à rougir. L'organisation réussie des Jeux du Commonwealth l'été dernier a braqué les projecteurs sur une ville où les scènes artistiques et gastronomiques bouillonnent. Portrait d'une petite Barcelone du Nord qui semble avoir fait de la création sa nouvelle religion.

Jour 1



13h : L'Art nouveau selon MacKintosh

Glasgow n'a pas de tour Eiffel ou de Big Ben monumentaux à visiter à tout prix, mais un artiste incontournable à découvrir, Charles Rennie MacKintosh, père du «Glasgow Style» (la contribution écossaise à l'Art nouveau), dont les travaux réputés internationalement ont façonné la ville aux XIXe et XXe siècles. Bien qu'un incendie ait malheureusement endommagé lourdement l'une de ses oeuvres majeures en mai dernier - un pavillon de la Glasgow School of Art -, sa griffe marque encore une multitude d'édifices, que l'on peut découvrir soit en suivant l'une des intéressantes visites menées par des étudiants en design, soit en suivant le circuit conçu par la Fondation MacKintosh. Comme on le ferait à Barcelone pour l'oeuvre d'Antoni Gaudi.

gsa.ac.uk

15h: Prendre le thé «chez» MacKintosh

C'est l'heure du thé: après avoir admiré l'extérieur des édifices dessinés par Charles Rennie MacKintosh, découvrez son travail de designer en allant prendre le thé au Willow Tea Room de la rue Sauchiehall, dont il a entièrement supervisé le design intérieur du salon. S'il affiche complet, rabattez-vous sur la succursale de la rue Buchanan, ouverte en 1999, mais qui, à défaut d'avoir été dessinée par le maître, en respecte le style dans ses moindres détails.

217, Sauchiehall Street 97, Buchanan Street willowtearooms.co.uk

17h: Glasgow branché

Bohème, branché, West End est le quartier à la mode de Glasgow où l'on aime bambocher entre les boutiques vintage, les ateliers d'artistes et les cafés baignés par la troisième vague. Un marais parisien, moins bourgeois. Il faut prendre le temps d'explorer ses ruelles marchandes et le Jardin botanique si - et le risque est grand en Écosse! - il pleut. Les bars et restaurants ne manquent pas, mais pour bousculer les préjugés envers la cuisine écossaise, essayez le Bothy, où le chef en prépare une version moderne qui permet même d'aimer le fameux haggis (servi, ici, avec une sauce au yaourt et relevé d'épices indiennes). Les plats de poisson sont aussi très réussis.

11, Ruthven Lane bothyglasgow.co.uk

Jour 2



10h: La maison rêvée pour amateurs d'art

Élaborée pour un concours d'architecture en 1900, il aura fallu près d'un siècle pour que la «Maison pour un amateur d'art» de Charles Rennie MacKintosh puisse enfin voir le jour. Comme la maison a été rejetée pour des raisons administratives (!), bien que les juges en aient souligné les qualités exceptionnelles, ce n'est que sous l'impulsion d'un entrepreneur écossais que sa construction sera lancée en 1989, nécessitant un véritable travail de détective pour compléter les plans sommaires, retrouver les esquisses, etc. À la salle à manger sombre et austère, accaparée par une table interminable, s'oppose la salle de musique éclatante de blanc et rose tendre où l'on célèbre désormais des mariages chics. Prévoyez du temps pour prendre le thé, au rez-de-chaussée, les scones y sont plutôt bons, puis pour vous balader dans le parc parsemé d'oeuvres d'art moderne.

10, Dumbreck Road houseforanartlover.co.uk

13h: Les grands maîtres écossais

«C'est normal qu'il y ait tant d'artistes à Glasgow: nous passons nos enfances dans les musées!», avance la jeune designer Fi Douglas. L'un des plus imposants musées de la ville, le Kelvingrove, fait partie du lot avec ses 22 galeries et 8000 artefacts. C'est l'endroit tout désigné pour s'initier aux grands maîtres écossais et au cercle des «Glasgow Boys», mais on ira aussi pour profiter, ensuite, de l'immense parc victorien qui l'enveloppe de verdure. Car c'est ça, aussi, Glasgow: l'une des villes les plus vertes d'Europe, où près de 90% de la population habite à moins de 400 m de l'un des 90 parcs urbains.

Argyle Street glasgowlife.org.uk

15h: Le musée d'une «starchitecte»

Le Riverside fait partie de ces musées qui attirent tant pour leur coquille que leur collection, dessiné qu'il est par l'une des architectes les plus en vogue à l'heure actuelle: Zaha Hadid. Si sa silhouette rappelle celle d'une mer houleuse, clin d'oeil à l'industrie navale qui a façonné le développement de Glasgow, son intérieur a été largement laissé à aire ouverte, sans colonne ni cloison pour mieux accueillir les dizaines de voitures, tramways, autobus et autres machins à moteurs inventés par l'homme depuis plus d'un siècle. On s'y promène en remontant le temps, un oeil sur «le plus vieux vélo du monde», le pied dans l'une des trois rues bordées de petites boutiques d'antan recréées avec la précision d'un décor de cinéma d'une superproduction hollywoodienne.

100, Pointhouse Place glasgowlife.org.uk

17h: Vélo libre-service

Restez dans la thématique des transports et enfourchez l'un des vélos en libre-service Next bike stationnés devant le musée Riverside et filez, le long de la Clyde Street et de la rivière du même nom: a) vers le centre-ville, si c'est le magasinage qui vous intéresse; b) vers le canal, si vous préférez la nature. Ce dernier fera l'objet de travaux de revitalisation jusqu'en 2020.

nextbike.co.uk

19h: Finnieston: bien boire et bien manger

La construction d'installations sportives pour les jeux du Commonwealth de l'été dernier et du musée Riverside ont donné un coup de lustre au quartier industriel de Finnieston qui, il n'y a pas si longtemps, attirait plutôt les débardeurs en quête de divertissements plus ou moins recommandables. Argyle Street - appelez-la «The Strip» - revendique sa part enviable d'ateliers et de boutiques d'artistes (on vous met d'ailleurs au défi de ne pas craquer pour les accessoires de mode et de décoration à The Shop of Interest) et certains des restaurants les plus intéressants de la ville. Une valeur sûre: le Crabshakk, réputé pour ses poissons et fruits de mer écossais frais du jour, servis aussi dans une atmosphère plus intimiste chez son petit frère, le bar à vins voisin Table 11, dont la carte des vins vous fera apprécier d'être à pied.

theshopofinterest.co.uk crabshakk.com



Jour 3



9h: Initiation à l'art public de Glasgow

Le coeur historique de Glasgow, Merchant City, est un formidable terrain de jeu pour les amateurs d'art public, tapissé d'oeuvres accumulées au fil des siècles depuis l'époque victorienne. Débutez devant la Galerie d'art moderne (GOMA, entrée gratuite), un bel exemple de mariage de styles: construite au début du XIXe siècle, sa frise colorée est signée par Niki de Saint Phalle (à qui l'on doit aussi la fontaine Stravinsky du centre Pompidou à Paris). Descendez Ingram Street en gardant la tête haute pour admirer les sculptures ornant ses anciennes banques et hôtels particuliers transformés en chic boutiques, puis suivez King Street vers Clyde pour des oeuvres plus contemporaines.

Parcours complet et détails des oeuvres: glasgowmerchantcity.net

11h: Rencontrer des artistes de la relève

Les studios Brazens regroupent une dizaine de joailliers dans un atelier-boutique où le client est encouragé, s'il le désire, à participer à la conception d'une oeuvre unique. Un bel exemple de l'énergie créative que dégage Glasgow: «Le passé industriel de la ville a fait en sorte que ses habitants sont de gros travailleurs, mais qu'ils sont aussi très portés sur l'innovation et croient sincèrement qu'ils peuvent changer des choses», croit Sarah Raffel, fondatrice des studios Brazens. À voir aussi: la boutique du chapelier William Chambers, dont les travaux ont entre autres été repris dans Vogue, Harper's Bazar ou encore Glamour.

Brazens Studios: 58, Albion Street brazenstudios.co.uk William Chambers: 168, Ingram Street, williamchambers.co.uk

12h: Le plus beau restaurant pour la fin

Construit au début du XIXe siècle pour accueillir des malades infortunés, converti en école, puis en banque, en bibliothèque et enfin en boutiques avant d'être abandonné en 2008, le 158, Ingram Street ne fait plus tourner les têtes simplement pour sa jolie tour à horloge. Un restaurateur à succès de Glasgow lui a offert une impressionnante cure de beauté - sous la supervision des autorités en matière de préservation du patrimoine - et y a ouvert un restaurant doublé d'un bar dont le cadre rappelle les plus belles brasseries de Paris, tout en chromes, planchers de mosaïque et serveurs à tablier blanc. La carte du restaurant est chère, mais celle du bar, plus raisonnable (steak tartare, salades, sandwichs autour de 15$ CAN). Un impératif, même si ce n'est que pour prendre un thé.

158, Ingram Street, hutchesonsglasgow.com

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Glasgow City Marketing Bureau. Info: peoplemakeglasgow.ca