La Paz, nichée à 3600 mètres d'altitude, se targue d'être la capitale la plus haute du monde. Moins touristique que plusieurs destinations de la Bolivie ou du Pérou voisin, elle demeure une pause-réalité bienvenue dans un parcours sud-américain aux milles merveilles, mais qui devient parfois essoufflant.

JOUR 19 h

Petit-déjeuner


Je me dirige tranquillement vers le Gran Torino, le café d'un hôtel bien situé - mais défraîchi - où les petits-déjeuners sont copieux et pas chers. Dans un kiosque de la plaza Murillo voisine, j'achète le quotidien La Razon. En mangeant le traditionnel desayuno americano composé d'un café, d'oeufs et d'un croissant avec de la confiture, je lis sur les relations qui se dégradent entre la Colombie et le Venezuela, et sur Hugo Chavez qui déclare sans ambages : «Ça sent la guerre !»

10 h 30

L'art bolivien


Le Museo Nacional de Arte est voisin du Gran Torino. L'établissement de deux étages offre une exposition permanente qui retrace l'histoire de l'art bolivien, largement marqué par les représentations religieuses. Autour d'une grande cour intérieure, les sculptures de Marina Nuñez del Prado. Cette artiste a été rendue célèbre par ses représentations des femmes et des Andes. Puis, dans deux pièces de côté, une exposition du peintre bolivien Arturo Borda.

12 h

Plaza Murillo


À midi, la Plaza Murillo fourmille de monde. Je m'assois un moment pour épier ces scènes urbaines. Les touristes admirent la fontaine centrale ou le palais présidentiel, le sénat et la cathédrale qui ceinturent la place. Les Boliviens, dont beaucoup de cholos (indigènes et métis souvent habillés de manière colorée et aux chapeaux feutrés), vaquent à leurs occupations quotidiennes et discutent entre eux sur des bancs publics.

Je me dirige vers le centre touristique, la Calle Linares. Mais avant, je tombe sur le Museo de la Coca, qui retrace l'histoire de cette feuille controversée à l'origine de la fabrication de la cocaïne. Le petit musée bondé de jeunes gringos explique ses utilisations, ses bienfaits (mâchée ou infusée, elle est notamment réputée pour donner plus d'ardeur au travail et pour faciliter l'acclimatation à l'altitude) et les débats géopolitiques qu'elle cause.

14 h

Magasinage


Blitz de magasinage dans les étals de la Calle Linares et du Mercado de Las Brujas. En espagnol, brujas signifie «sorcières». Les stands y sont remplis de gris-gris, des foetus séchés de lamas (supposés être enterrés dans les murs d'une nouvelle maison pour lui porter chance), aux amulettes sculptées aux significations innombrables et mystérieuses... En une heure et demie, je parviens à acheter tous mes cadeaux pour la famille et les amis. Bravo. Les conseils d'un ami se sont avérés judicieux : «N'achète pas au Pérou, attends la Bolivie : ce sont les mêmes choses mais à un dixième du prix...»

16 h 30

Au belvédère


Après un lunch dans un café, je me dirige vers un café internet. L'un des avantages de La Paz est qu'on y trouve toutes les commodités des grandes villes. En plus, c'est l'endroit idéal d'où rayonner vers les attractions environnantes : la jungle, les nombreux treks, le Salar d'Uyuni, le lac Titicaca ou même les autres grandes municipalités : Cocachamba, Potosi ou Sucre.

Une visite à La Paz ne saurait être complète sans une vue d'ensemble de cette superbe ville nichée au sommet des Andes. Un peu pressé dans la nuit qui vient, j'attrape un taxi qui m'emmène jusqu'à l'un de ses nombreux points de vue, un vaste belvédère qui offre un coup d'oeil à 360 degrés sur les rues de la ville, les glaciers qui l'entourent et ses édifices qui érodent partout les montagnes comme une vaste marée de béton. Des dizaines de photos plus tard, je redescends tranquillement vers mon hôtel en passant par les petites rues ; c'était beaucoup moins long que prévu, finalement.

JOUR 2

8 h 30

À vélo


«Vamos chicos !» Le guide de la compagnie de vélo entre dans le hall de l'hôtel en nous appelant de manière vaguement désagréable. Nous montons dans la camionnette sur le toit de laquelle une dizaine de vélos de montagne sont rangés. Destination : la Ruta de la Muerte, l'ancienne autoroute de la Mort, qui relie La Paz à Coroico, et qui encore aujourd'hui prend la vie d'infortunés voyageurs qui ratent un virage et tombent dans le précipice... Depuis la construction récente d'une route plus sûre, la Ruta de la Muerte est toujours fréquentée par les voitures, mais pour la circulation locale. Elle est surtout devenue une attraction touristique pour gringos en manque de sensations fortes.

Nous descendons à vive allure depuis plusieurs minutes lorsque l'une des deux filles du groupe chute et tombe dans le ravin. Heureusement, des ronces épaisses la retiennent et l'empêchent de faire le grand saut dans le vide. C'est la deuxième aujourd'hui qui tombe. Comme si ce n'était pas assez, des croix semées le long de la route nous rappellent que le danger est bien réel. Dans l'une des nombreuses courbes, tout juste au bord d'un précipice, l'une d'elles a été posée il y a à peine quelques années par la famille d'un jeune Israélien qui n'a pas eu la même chance que notre camarade.

17 h

Rencontre


Retour à La Paz, après une journée épuisante où nous avons descendu 3600 mètres, de l'Altiplano des sommets andins à la jungle tropicale des Yungas. J'ai rendez-vous avec une Bolivienne rencontrée sur le service internet Couch Surfing. Le site web est un réseau social qui permet à ses utilisateurs, souvent des voyageurs, d'offrir ou de trouver un lieu où dormir chez d'autres utilisateurs.

C'est un bon moyen de rencontrer des gens et de découvrir la culture locale. Comme j'ai déjà mon hôtel, on décide d'aller simplement boire un verre et casser la croûte. Agente de voyages dans le centre-ville, elle m'explique comment elle a réussi à faire entrer un autre membre de Couch Surfing à la fameuse prison de San Pedro, un concept de ville pénitentiaire unique en son genre et qui a inspiré à un ancien pensionnaire l'écriture du livre-culte Marching Powder ; il n'est plus possible de la visiter depuis quelques années. Malheureusement, et malgré mon insistance, elle n'est pas capable de me faire entrer moi aussi. Une question de noms, m'explique-t-elle vaguement... Je ne pose pas trop de questions.

20 h 30

Au cinéma


Pour clore cette journée assez fatigante, je décide d'aller au cinéma. À l'horaire, le dernier Harry Potter ! Pourquoi pas ? D'ailleurs, il me semble que c'est toujours en voyage que je finis par voir ces films qui m'intéressent plus ou moins mais qui sont tellement divertissants... Dans la rue Mercado, une artère piétonne où les étals sont même à cette heure disposés à chaque pouce carré avec la même camelote, je négocie ferme le prix d'une tablette de chocolat, puis je m'engouffre dans le vieux théâtre où la projection a déjà commencé.