Des femmes seules à vélo, et de son âge, en plus, Jeanne Vermette n’en a croisé aucune sur sa route. La jeune femme, qui a soufflé ses 24 bougies durant son voyage d’un an, a surtout croisé des couples, et beaucoup d’hommes qui effectuaient ce périple en solo ; mais aussi une femme plus âgée qui voyageait à vélo depuis 13 ans.
« J’ai toujours su que je voulais voyager à vélo ; j’ai été élevée là-dedans. Quand j’étais enfant, l’été, on partait une semaine ou deux à vélo avec mes parents et des amis à eux qui avaient des enfants d’à peu près l’âge de ma sœur et moi. On était deux ou trois familles à voyager ensemble, entre 12 et 15 personnes. Pour moi, c’était le highlight de mon été », confie-t-elle.
Jeanne Vermette a conservé non seulement de très bons souvenirs de ces vacances, mais aussi de précieux amis avec qui elle continue de faire du cyclotourisme. Malheureusement, aucun d’entre eux n’avait le luxe de tout lâcher pour l’accompagner durant un an, même si elle aurait préféré au départ voyager en duo – pas nécessairement parce que ç’aurait été plus rassurant, dit-elle, mais pour avoir quelqu’un avec qui partager ses découvertes.
La jeune femme a pourtant fini par voir les avantages d’être en solo, appréciant la liberté et la flexibilité de pouvoir s’arrêter quand bon lui semble ou de changer ses plans en fonction de ses envies. « C’est plus facile d’aller vers les gens ou que les gens viennent vers moi quand je suis toute seule », note-t-elle en racontant comment, en Alaska, elle a rencontré un cycliste qui a fini par faire trois jours de route avec elle.
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PHOTO FOURNIE PAR JEANNE VERMETTE
Jeanne Vermette au Costa Rica
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En Alaska
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Au repos, en Alaska
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Au Yukon
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Le long de la route Cassiar, en Colombie-Britannique
Deux de ses amis d’enfance ont quand même tenu à parcourir avec elle les derniers kilomètres qui la séparaient de Montréal à son retour, début juin. Après un dernier arrêt en Amérique du Sud à Quito, en Équateur, Jeanne Vermette avait pris un vol à destination de New York. De la Grosse Pomme, où elle en a profité pour se poser quelques jours, elle s’est rendue en autocar jusqu’à Plattsburgh, où elle est remontée en selle pour effectuer la dernière étape de son périple.
Partie remise pour l’Argentine
Au départ, Jeanne Vermette avait en tête de se rendre de l’Alaska à la Terre de Feu. Mais elle a rapidement constaté que son objectif n’était pas réaliste. « Au début, je pédalais beaucoup plus ; les six premiers mois, j’ai fait 10 000 km. Puis les six mois suivants, j’ai vraiment diminué la cadence ; j’ai fait 5000 km.
« À Portland, j’ai rencontré des gens qui m’ont dit qu’ils avaient découvert, dans leur voyage, qu’il y avait deux types de cyclistes : les cyclistes qui voyageaient et les voyageurs à vélo. J’ai réalisé que mon objectif, c’était de voyager, donc j’ai pris la décision de ralentir parce que mon corps avait besoin de se reposer et parce que j’avais envie de visiter des endroits et de rencontrer des gens. »
Des rencontres, justement, elle en a fait en quantité. À Puebla, au Mexique, elle s’est notamment liée d’amitié avec un guide touristique qui l’a embarquée avec ses clients, ce qui lui a permis de faire une randonnée sur le volcan Popocatépetl. C’est d’ailleurs pour la richesse de ces rencontres que le Mexique a été l’un de ses pays coups de cœur, avec la Colombie.
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Le volcan Popocatépetl, au Mexique
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En Basse-Californie, au Mexique
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Camping en Basse-Californie, au Mexique
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Sur l’île d’Ometepe, au Nicaragua
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Dans le parc national de Puracé, en Colombie
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Sur la ligne de l’équateur, en Équateur
« En Colombie, j’ai rencontré des gens incroyables, d’une générosité complètement folle », se souvient-elle avec émotion.
Quand elle aura terminé ses études de maîtrise, Jeanne Vermette se promet de retourner en Équateur pour accomplir le tronçon manquant de son itinéraire jusqu’à la Terre de Feu. Elle aimerait bien, aussi, découvrir les Rocheuses canadiennes au complet et pédaler complètement ailleurs – la Turquie, le Kazakhstan, le Kirghizstan la font rêver.
« Je trouve qu’inspirer, c’est fort… Si je peux encourager, plutôt, des gens à se lancer dans ce genre d’aventure, tant mieux ; leur dire qu’on n’a pas besoin d’être un certain type de personne pour se lancer là-dedans. Tout le monde peut trouver son propre rythme et son propre objectif. »
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