Après quelques hivers où il a été plus difficile de voyager, les adeptes de poudreuse et de dénivelés vertigineux ont soif de nouveaux sommets.

Dans l’Ouest canadien, la saison de glisse est déjà lancée. Et les Québécois seront encore nombreux à s’y rendre pour dévaler les pentes à Banff, Revelstoke ou Whistler. Le Japon, qui vient de rouvrir ses frontières, fait aussi rêver les skieurs cette année, tout comme l’Europe, où les prix semblent toutefois grimper plus vite que les remonte-pentes.

Peu importe la destination choisie, skieurs et planchistes semblent attirés par de nouveaux défis et n’ont pas tardé cette année à réserver leurs séjours en montagne à l’extérieur du Québec. « On en a vendu beaucoup et tôt », lance Marc-Olivier Gagné, directeur, développements numériques, chez Voyages Gendron, l’un des plus importants acteurs de l’industrie.

PHOTO YANNICK FLEURY, ARCHIVES LA PRESSE

À la station Norquay de Banff, une ville aussi courue pour ses centres de ski. La poudreuse des Rocheuses canadiennes est réputée.

Or, même si les frontières n’ont jamais été si ouvertes depuis l’arrivée d’un certain coronavirus en mars 2020, les skieurs d’ici semblent encore très intéressés par les stations de l’ouest du Canada. « Les grands classiques restent Whistler, Banff et Revelstoke », précise M. Gagné.

« On voit une belle croissance à Banff et Revelstoke, mais Whistler reste pour nous la destination numéro un, et de loin », observe pour sa part Alexandre Savoie, vice-président et directeur d’agence chez Sportvac.

Après une année record, la demande a été forte dès juillet et août. Ça a ralenti en septembre, mais c’est reparti en fou !

Alexandre Savoie, vice-président et directeur d’agence chez Sportvac

  • Les stations voisines de Whistler et Blackcomb, au nord de Vancouver, sont très populaires auprès des skieurs et planchistes québécois qui souhaitent pratiquer leur sport sur de hautes montagnes.

    PHOTO ROBBIE MCCLARAN, ARCHIVES BLOOMBERG NEWS

    Les stations voisines de Whistler et Blackcomb, au nord de Vancouver, sont très populaires auprès des skieurs et planchistes québécois qui souhaitent pratiquer leur sport sur de hautes montagnes.

  • La saison de ski est déjà lancée à Banff Sunshine Village.

    PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE BANFF SUNSHINE VILLAGE

    La saison de ski est déjà lancée à Banff Sunshine Village.

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Au point où ceux qui voudraient skier à Whistler cet hiver devraient s’activer sans tarder… « Dès décembre, ça pourrait être trop tard pour les bons prix », croit M. Savoie. Ailleurs dans l’Ouest, il reste encore de la place, surtout pour les mois de février, mars et avril, dit-il.

Il ne faut quand même pas trop attendre, croit Monyse Bélisle, directrice des produits ski et du marketing chez Voyages Gendron. Les touristes étrangers seront aussi de retour dans les Rocheuses cette année, ce qui pourrait avoir un impact sur les prix et les disponibilités. Les voitures de location se font déjà rares, ajoute-t-elle.

Et qu’est-ce qui attire les Québécois dans l’Ouest canadien ? « Un rapport qualité-prix difficile à battre, juge M. Savoie. L’Ouest américain est plus cher et le taux de change n’aide pas. »

L’Europe ou le Japon ?

Bien sûr, l’inflation touche tout le monde, mais ça semble pire en Europe, en pleine crise énergétique alimentée par les conséquences de la guerre en Ukraine. « Dans l’ouest du pays, on peut faire un séjour d’une semaine à partir de 2250 $, avance Alexandre Savoie. Pour l’Europe, le prix du billet d’avion approche ces temps-ci les 2500 $ par personne ! Ça a triplé. »

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Chamonix, dans les Alpes françaises. Les sommets européens attirent une clientèle amatrice de bonnes tables autant que de grand air.

« La demande est de retour pour les Alpes françaises et suisses, mais on doit redévelopper des partenariats là-bas, parce que des hôtels ont fermé leurs portes. Et les autres ne fonctionnent pas tous à 100 % », constate pour sa part Marc-Olivier Gagné, de Voyages Gendron. « Il reste beaucoup d’inventaire en France, en Suisse ou en Autriche », précise néanmoins sa collègue Monyse Bélisle.

Ceux qui s’y sont pris assez tôt ont d’ailleurs fait d’assez bonnes affaires en Europe, juge Steven Bergin, directeur des ventes chez Tours Altitude, qui constate aussi des prix en forte hausse pour les vols ces derniers temps.

Pour l’Europe, c’est toujours mieux de réserver son voyage de ski dès mai ou juin, surtout pour partir en groupe.

Steven Bergin, directeur des ventes chez Tours Altitude

À ce stade-ci, « ça vaut plus la peine d’aller au Japon, qui vient de rouvrir ses frontières, avec des billets à 1500 $ et des coûts sur place comparables à l’Europe », croit Alexandre Savoie, de Sportvac, qui observe un intérêt grandissant pour les stations très enneigées d’Hakuba ou de Niseko, notamment, où il peut tomber plus de 15 m de neige chaque hiver.

« C’est un autre monde, tellement il y a de la neige au Japon », raconte le médaillé olympique Jean-Luc Brassard. Même si les stations du pays ne sont plus le secret bien gardé qu’elles étaient il y a une dizaine d’années, au point où il faut parfois attendre pour les remontées, le voyage vaut vraiment le coup, croit celui qui accompagne aujourd’hui des groupes là-bas pour Voyages Gendron. Les amateurs de poudreuse profonde seront ravis, mais aussi ceux qui se laisseront tenter par le ski en forêt, désormais autorisé, et même les amateurs de pentes damées à la perfection.

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Jean-Luc Brassard à Hakuba, au Japon, en 2015

Il neige à un point tel au Japon que les dameuses passent parfois trois fois pendant la nuit.

Jean-Luc Brassard, ex-champion olympique et accompagnateur pour Voyages Gendron

« C’est la neige qui attire les skieurs au Japon, mais c’est probablement la dernière chose dont ils vont parler au retour à leurs amis tellement ce pays est magique ! », poursuit Jean-Luc Brassard, qui parle avec enthousiasme de la richesse de la culture et de la cuisine nipponnes. Un vol direct relie maintenant Montréal à Tokyo, où le skieur recommande chaudement une escale pour ceux qui visitent le pays pour la première fois. Dernier conseil de l’ex-boss des bosses : oubliez la voiture de location, très chère, et optez pour les formidables transports en commun qui s’arrêtent parfois directement au pied des pentes.

Des voyages de plus en plus populaires

Les voyages de ski se sont démocratisés depuis quelques années. « Beaucoup de gens qui sont allés souvent dans le Sud dans le passé ont découvert à quel point un voyage de ski en famille peut être trippant », avance Steven Bergin, de Tours Altitude.

Si elles peuvent sembler intimidantes, les stations des Rocheuses, des Alpes ou du Japon proposent des pentes pour tous les niveaux, rappelle celui qui travaille dans l’industrie depuis 30 ans. Pas besoin d’être un skieur téméraire pour y trouver son compte, donc. L’Europe séduit d’ailleurs une clientèle plus âgée, amatrice de bonne table autant que de grand air.

L’engouement pour le plein air observé pendant les premiers hivers de la pandémie, qui a poussé bien des skieurs à s’équiper en peaux de phoque pour découvrir le hors-piste notamment, pourrait aussi expliquer l’appétit pour les voyages de ski cette année. « Tout le monde a le goût de voyager en ce moment, mais c’est vrai que ceux qui ont beaucoup skié au Québec vont maintenant avoir envie d’essayer des grosses montagnes », estime Steven Bergin.

« Le ski, c’était une des seules activités familiales praticables ces dernières années, ça a relancé le sport au Québec », ajoute Monyse Bélisle, de Voyages Gendron, qui voit aujourd’hui les effets de cette popularité ravivée dans les ventes de voyages.

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Le mont York, près de Murdochville, où les skieurs sont beaucoup plus nombreux depuis deux ans.

La Gaspésie et les Chic-Chocs, où les skieurs ont été beaucoup plus nombreux depuis deux ans, risquent-ils d’en souffrir ? « Ces montagnes restent accessibles, observe M. Bergin, alors je pense que les gens vont continuer d’y aller… dès qu’il y aura une bonne bordée. »

Au Chic-Chac, à Murdochville, la prochaine saison s’annonce bonne. « Les réservations sont au rendez-vous, malgré la saison record » l’an dernier, écrit Félix Rioux, directeur du marketing pour l’entreprise qui possède notamment le mont Miller, des accès à d’autres sommets des environs pour le hors-piste et de l’hébergement dans l’ancienne ville minière de la Gaspésie. Chic-Chac va d’ailleurs inaugurer cet hiver le motel Olympique dans un bâtiment qui a servi, avant son déménagement sur place, à héberger des athlètes aux Jeux de Lake Placid en 1980. Une façon de répondre à une demande qui ne faiblit pas.