Les chaudes températures nous attirent vers les plans d’eau, mais l’afflux massif de touristes peut avoir un impact environnemental important. Que l’on fréquente les lacs du Québec, les rives du Saint-Laurent ou la côte est de l’Atlantique, voici quelques gestes à adopter pour minimiser sa trace.

Restreindre son empreinte carbone

Une grande part de l’empreinte carbone d’un voyage à la plage se trouve dans les déplacements nécessaires pour s’y rendre. Un vol aller-retour Montréal-Nice en classe économique produira ainsi 1,92 tonne de CO2 équivalent par passager et un vol Montréal–Îles-de-la-Madeleine, 0,32 tonne de CO2 éq. Une voiture compacte parcourant Montréal-Old Orchard, dans les deux directions, émettra quant à elle 0,17 tonne de CO2 éq. (calculs effectués avec l’outil de Carbone Boréal). Opter pour des destinations à proximité et pour la voiture plutôt que l’avion, lorsque c’est possible, permet de diminuer grandement l’impact environnemental du voyage.

Consultez le site de Carbone Boréal

Ne pas laisser de traces

La philosophie Sans trace, qui est basée sur sept principes pour limiter son influence sur l’environnement, ne s’applique pas qu’en forêt. Pour Julien Poisson, directeur de programmes pour le sud du Québec à Conservation de la nature Canada, ces principes doivent aussi s’appliquer aux plages. « Ce n’est pas seulement de ramasser le sac de déchets ou le papier de barre tendre, c’est aussi de ne pas piétiner la végétation, ne pas couper de branches ni d’arbres, de ne laisser aucune trace de notre passage. C’est comme si on n’avait jamais fréquenté le milieu naturel. » C’est aussi de ne pas ramasser de coquillages, de sable, de plantes et de bébés tortues (ça s’est vu !), de respecter les zones de baignade désignées et les sentiers d’accès aménagés. Sortir des sentiers battus peut engendrer un effet d’entraînement. « Juste un simple petit sentier d’un jour peut devenir un très gros sentier pérenne avec des problèmes d’érosion », précise M. Poisson.

Consultez le site de Sans trace Canada

Ne pas nourrir les animaux sauvages

Voilà un principe qui ne s’applique pas qu’aux ratons laveurs du mont Royal, mais aussi aux poissons, aux canards et aux goélands, même les plus harcelants. Il est d’ailleurs interdit de les nourrir dans les parcs nationaux et dans certaines municipalités du Québec. Leur offrir des sources de nourriture artificielles peut changer le comportement et les goûts des animaux et déséquilibrer l’écosystème. On doit aussi éviter de s’approcher d’eux, même le temps d’une photo.

Opter pour des crèmes solaires écoresponsables

Certains composés chimiques contenus dans les crèmes solaires et hydratantes posent une menace non seulement pour les coraux, mais ici aussi, pour la faune aquatique et la qualité de l’eau. « Ça va dans la chaîne trophique [les chaînes alimentaires], donc malheureusement, ça se retrouve dans les tissus des animaux, souligne Julien Poisson. Dans l’océan, ça se dilue, mais dans un lac, avec une plage bondée, c’est relevé dans les prises d’eau. »

Le National Ocean Service américain recense 10 composés chimiques nocifs pour l’environnement, les plus connus étant l’oxybenzone et l’octinoxate. L’Association pour la santé environnementale du Québec recommande d’utiliser des écrans solaires qui en sont exempts, de privilégier ceux qui sont minéraux et qui utilisent de l’oxyde de zinc ou du dioxyde de titane « non nano » et de diminuer la quantité de crème utilisée en portant des vêtements de protection solaire.

Consultez le site du National Ocean Service Consultez le site de l’association pour la santé environnementale du Québec

Naviguez intelligemment

Nettoyer son embarcation avant de la déposer sur un nouveau cours d’eau permet d’éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes comme la moule zébrée ou le myriophylle à épis. Si on utilise une embarcation à moteur, on s’éloigne des rives. « C’est le fun de faire du slalom entre deux îles bien étroites, mais votre bateau de wakeboard est conçu pour faire de grosses vagues, ça érode les côtes et on brise les milieux naturels, indique Julien Poisson. On détruit des sites de ponte de tortues, des herbiers aquatiques, des habitats de nidification des couleuvres. » Il implore aussi les plaisanciers d’éviter d’abîmer les herbiers aquatiques, une « maison » pour les poissons, avec l’hélice ou l’ancre de leur bateau. Mieux encore, on choisit des embarcations sans moteur.

Fréquentez les plages !

Pour Julien Poisson, la présence humaine n’entre pas forcément en conflit avec la préservation de la nature. Au contraire. « Quand ils ont les deux pieds dans la nature, les gens sont beaucoup plus enclins à vouloir la respecter, à réaliser le bien que la nature leur fait. Ils sont plus enclins à la protéger et même à devenir des supporteurs du mouvement de conservation. »