(Ottawa) Il y a tellement de vols qui arrivent de l’étranger dans les aéroports canadiens que les voyageurs doivent parfois attendre dans l’avion pendant plus d’une heure après l’atterrissage parce qu’il n’y a pas assez de place dans l’aérogare pour contenir les files d’attente, déplore le Conseil des aéroports du Canada.

L’organisme blâme les mesures sanitaires pandémiques pour la situation et demande à Ottawa de supprimer les tests aléatoires de dépistage et les questions de santé publique demandées aux douanes.

Ces procédures supplémentaires signifient qu’il faut quatre fois plus de temps qu’avant la pandémie pour accueillir les voyageurs au Canada, a soutenu la présidente par intérim du Conseil des aéroports, Monette Pasher.

Ces mesures additionnelles ne causaient pas de problèmes quand les gens voyageaient peu, a-t-elle déclaré, mais maintenant, c’est devenu véritablement problématique.

« Alors que l’on reprend nos voyages réguliers, nous constatons que nous ne pouvons clairement pas avoir ces exigences de santé publique et ces tests à nos frontières », a-t-elle déclaré.

La situation est particulièrement critique au plus important aéroport du pays. À l’aéroport international Pearson de Toronto, les passagers de 120 vols ont été retenus dimanche dans leur avion en attendant leur tour pour faire la file aux douanes.

Cette attente est parfois de 20 minutes, mais peut atteindre parfois plus d’une heure, a soutenu Mme Pasher.

Les aérogares actuelles ne sont tout simplement pas conçues pour que le passage aux douanes soit un processus aussi long, a-t-elle déclaré : il n’y a pas l’espace requis pour accueillir tous ces voyageurs en attente.

L’aérogare n’est pas non plus le bon endroit pour faire passer des tests COVID-19, a soutenu Mme Pasher, d’autant plus que ces tests sont rarement exigés dans les communautés en général.

« Reprendre les voyages réguliers avec ces protocoles de santé et ces tests, ça ne peut pas coexister sans une pression importante sur notre système », a soutenu Mme Pasher.

Le gouvernement est au courant que les longues files d’attente dans les aéroports frustrent les passagers, peut-on lire dans un communiqué du ministère fédéral des Transports.

« Les mesures en place actuellement sont fondées sur les recommandations des experts en santé publique et visent à protéger tous les Canadiens. Nous continuerons d’ajuster nos mesures en fonction des recommandations des experts », a indiqué Transports Canada.

Ottawa dit être en contact avec l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien dans le but d’affecter plus d’agents aux points de contrôle et d’en recruter davantage.

Le fédéral n’a toutefois pas l’intention de demander aux transporteurs aériens de réduire le nombre de vols prévus à l’horaire.

Du 1er au 7 mai, 1,3 % des 1920 voyageurs qui ont été choisis pour un test de dépistage de la COVID-19 ont reçu un résultat positif. À titre comparatif, le taux de positivité s’élevait à 3,46 % pour la période du 1er au 9 avril, mais beaucoup plus de tests étaient effectués à ce moment.

Des mesures sanitaires pandémiques ont été mises en place puis abolies au fil du temps et des vagues successives de COVID-19 au Canada. À l’heure actuelle, ces mesures pour les voyages sont les moins restrictives que l’on ait vues depuis des mois – les voyageurs adéquatement vaccinés sont uniquement testés de manière aléatoire.

Pourtant, les exigences ne sont pas en phase avec celles des pays pairs, a déclaré la porte-parole conservatrice en matière de transports, Melissa Lantsman. Elle souhaite savoir pourquoi le gouvernement canadien agit en fonction d’avis différents de ceux d’autres pays.

« Nous prenons effectivement le gouvernement au mot sur le fait qu’il reçoit des avis (scientifiques) et qu’il agit en conséquence, mais il n’a rien partagé de tout cela avec le public canadien », a-t-elle déclaré.

Les longs retards dans les aéroports envoient un message négatif aux voyageurs et la députée s’inquiète de l’impact que cela aura sur le tourisme canadien, alors que l’industrie a du mal à se remettre sur pied cette saison après le passage à vide pandémique. « Cela envoie le signal d’aller ailleurs, que nous ne sommes pas ouverts aux affaires », a-t-elle déclaré.

Lundi devant un comité de la Chambre des communes, de nombreux acteurs de l’industrie du voyage ont plaidé pour de nouveaux assouplissements.

« Les mesures font mal à notre économie et affectent notre réputation de destination de choix pour le tourisme, les conférences internationales et les évènements sportifs aux yeux des voyageurs internationaux », a argué le directeur principal du transport, de l’infrastructure et de la politique réglementaire de la Chambre de commerce du Canada, Robin Guy.

Les témoins ont appelé Ottawa à revoir les mesures en place aux frontières et à retirer celles qui ne sont plus nécessaires.