Après deux ans d’absence, les premiers navires de croisières internationales feront leur retour au pays dans les prochaines semaines. Au Québec, le Viking Octantis, qui peut transporter 378 passagers, doit accoster aux Îles-de-la-Madeleine le 23 avril, avant de remonter le fleuve Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs.

« Je pense que je vais attendre sur le bord de la fenêtre, proche du fleuve, pour le voir passer, ce premier navire-là », s’enthousiasme René Trépanier, directeur général de Croisières du Saint-Laurent, l’association qui regroupe les neuf escales québécoises où s’arrêtent les croisières.

Dès l’annonce, jeudi, de la fin de l’obligation pour les voyageurs pleinement vaccinés de fournir un test de dépistage de COVID-19 négatif pour entrer au pays à partir du 1er avril, Ottawa a assoupli les règles sanitaires décrétées plus tôt ce mois-ci pour les navires de croisière dans les eaux canadiennes. Les passagers et l’équipage devront toujours avoir reçu deux doses de vaccins et passer un test PCR dans les 72 heures ou un test antigénique dans les 24 heures avant de monter à bord d’un navire, mais n’auront pas à refaire un nouveau test avant de poser le pied au Canada. Un premier navire jettera l’ancre au Canada, à Victoria, le 6 avril.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le Viking Sea en septembre 2019 dans le port de Montréal. Cette année-là,
le Québec a accueilli 500 000 passagers-jours.

« Cet assouplissement facilite grandement les choses pour tout le monde », se réjouit René Trépanier. Cette année, Croisières du Saint-Laurent s’attend à environ 300 escales dans les ports de la province, et à 300 000 jours-passagers (un passager est compté chaque jour où il débarque d’un bateau au Québec, et peut donc l’être plus d’une fois pour une même croisière), soit environ 60 % à 70 % des taux de fréquentation observés en 2019.

Pour l’automne, certaines compagnies nous disent même que leurs ventes sont meilleures qu’avant la pandémie.

René Trépanier, directeur général de Croisières du Saint-Laurent

Le vent dans les voiles

Une dizaine de jours avant de renoncer aux dépistages pour entrer au pays, le gouvernement fédéral avait déjà levé l’avis qui demandait aux Canadiens d’éviter les croisières ailleurs dans le monde à cause de la pandémie de COVID-19. Depuis, dans certaines agences de voyages, le téléphone ne dérougit plus.

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Un bateau de croisière navigue dans les eaux froides de Glacier Bay, en Alaska.

« J’ai eu une semaine de fou ! lance Marc Leclerc, propriétaire de l’agence Amarc, qui vend beaucoup de croisières en Alaska et à Tahiti. Ça fait longtemps qu’on n’avait pas fait une semaine comme ça. »

Certains clients prennent des places sur des navires dès l’été prochain en Alaska, mais aussi pour l’automne en direction de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, deux pays longtemps fermés aux visiteurs.

Et les clients se font plaisir. « Je ne vends plus de cabines intérieures, et pas seulement parce que personne ne veut être pris dans une garde-robe en cas d’éclosion, mais parce qu’ils ont pris du retard dans leurs projets et qu’ils ont envie de se gâter. »

Même son de cloche du côté de l’agence Croisières pour tous. « En levant son avis défavorable, Ottawa a fait en sorte que les assureurs ont recommencé à vendre des assurances annulation, c’est une grande crainte qui n’est plus là. Les gens se sentent moins mal de voyager », explique le propriétaire Guy Bergeron.

La fin des tests, ça va avoir un impact extraordinaire. C’est une nouvelle majeure, enfin, c’est reparti.

Guy Bergeron, propriétaire de l’agence de voyages Croisières pour tous

L’agence située à Laval a vendu des billets pour le mois prochain dans les Antilles, de la « dernière minute » dans une industrie où les réservations se font souvent deux ans à l’avance. Des clients mettent aussi le cap sur les fjords de Norvège… ou la Méditerranée, même si la situation en Europe ne rassure pas tout le monde. Bien sûr, les compagnies qui croisent en mer Baltique ne font plus escale à Saint-Pétersbourg (en Russie). Elles annulent des départs ou proposent des itinéraires qui s’attardent dans les pays scandinaves.

S’il se montre moins défavorable aux croisières, le gouvernement fédéral estime toujours, contrairement à beaucoup de gens de l’industrie, que « le risque d’être infecté par la COVID-19 sur les navires […] est très élevé, même si vous avez reçu une série complète de vaccins ». Ottawa recommande par ailleurs aux voyageurs de s’assurer d’être couverts pour les frais médicaux et ceux liés à l’annulation ou l’interruption d’une croisière en cas d’éclosion.

Ça vaut le coup d’investir dans une assurance pour dormir tranquille… et ne pas avoir de souci avec des réclamations !

Marc Leclerc, propriétaire de l’agence de voyages Amarc

De leur côté, les sociétés de croisières se montrent encore assez souples pour les conditions d’annulation, observe en outre Sophie Théberge, dont l’agence spécialisée dans les croisières porte son nom. Elles font aussi preuve de beaucoup de prudence.

« Partout sur la planète, Celebrity, que je vends beaucoup, s’assure par exemple que tout le monde est vacciné à bord, et je trouve que c’est une très bonne chose », dit-elle.

711 millions

Les retombées économiques directes et indirectes des croisières au Québec ont atteint 711 millions en 2019. L’industrie soutenait alors quelque 5000 emplois.

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Nombre de ports québécois où font escale les navires de croisière, soit Montréal, Trois-Rivières, Québec, Saguenay, Baie-Comeau, Sept-Îles, Havre-Saint-Pierre, Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.

Source : Croisières du Saint-Laurent