Si les voyages en autocar ont repris progressivement au cours de la dernière année, il en va autrement des circuits de groupe organisés à l’étranger. Le retrait de l’exigence d’un test de dépistage obligatoire pour entrer au Canada dès le 1er avril pourrait cependant marquer le début d’une véritable relance.

« On voit la vague s’en venir à la vitesse grand V », prédit la directrice ventes et marketing de Tours Chanteclerc, Marie-Eve Bédard. Selon elle, la levée par Ottawa, plus tôt cette semaine, de l’avis qui demandait aux Canadiens d’éviter les croisières ainsi que la fin des tests de dépistage de la COVID-19 obligatoires pour tous les voyageurs pleinement vaccinés fera « une grande différence » quant à l’offre et à la demande pour des circuits de groupe organisés. Plusieurs voyagistes, dont Tours Chanteclerc, attendaient cette annonce pour relancer leurs circuits de groupe à l’étranger.

« La réalité d’un voyage individuel et celle d’un voyage de groupe sont totalement différentes, surtout dans le contexte actuel, note Mme Bédard. Dans un voyage de groupe de deux ou trois jours à New York, par exemple, où il faut prévoir du temps pour les tests de 30 ou 40 personnes, ça complexifie l’organisation. »

On voyage chez Gendron

Malgré ces contraintes, certains voyagistes ont organisé des circuits hors du Canada au cours des derniers mois. Voyages Gendron a repris ses circuits en autocar aux États-Unis, au maximum de leur capacité, et a relancé ses séjours de ski en Europe il y a quelques semaines. « On est rendus à une centaine de départs [Canada et États-Unis] prévus pour la saison qui s’en vient, souligne Marc-Olivier Gagné, directeur du développement numérique. On commence à ajouter d’autres voyages pour New York. On a rempli un autocar pour Washington pour aller voir les cerisiers en fleurs au début d’avril. Il y a de l’intérêt. Ça commence à se faire sentir de plus en plus. »

PHOTO STEFANI REYNOLDS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des voyages en autocar sont organisés pour Washington pour aller voir les cerisiers en fleurs au début d’avril.

À bord de l’autocar, le port du masque est obligatoire et l’habitacle est désinfecté deux fois par jour. « Depuis qu’on a repris les voyages de groupe, on n’a eu aucun cas positif », précise Jonathan Gloutnay, directeur des voyages en autocar chez Voyages Gendron.

Malgré l’annonce, jeudi, du retrait des tests de dépistage obligatoire pour entrer au Canada, cela pourrait prendre des semaines avant qu’une réelle reprise de l’offre internationale se fasse sentir. « Pour le printemps, on a déjà annulé nos départs parce que c’était encore trop incertain », indique Marie-Eve Bédard.

Les gens [qui voyagent en groupe] aiment planifier plus d’avance. Il va y avoir des départs ce printemps, mais on peut penser à un retour plus près de 2019 à l’automne.

Laurent Plourde, président de Groupe Voyages Québec

Le Canada privilégié

Un autre facteur ajoutant de l’incertitude : la guerre en Ukraine qui freine l’enthousiasme de nombreux voyageurs pour l’Europe. « La majorité de nos départs au printemps sur l’Europe n’auront pas lieu parce qu’on n’a pas assez de voyageurs pour faire partir ces voyages-là », dit Marie-Eve Bédard, de Tours Chanteclerc. Chez Groupe Voyages Québec, les circuits en Europe de l’Est sont en suspens.

Quant à l’Asie, la demande n’y est pas encore. Pour le printemps et l’été, les voyagistes misent donc encore beaucoup sur les destinations canadiennes. « L’Ouest canadien est extrêmement populaire cet été, observe Laurent Plourde. On ajoute des départs quasiment chaque semaine. »

« On voit que les gens veulent avoir une certaine sécurité, même s’ils voyagent juste au Canada, souligne Mme Bédard. Ils recherchent cette sécurité d’avoir un accompagnateur, avec la pandémie et les changements de protocole. »

Le nuage d’incertitude ne s’étant pas encore complètement dissipé, les voyagistes continuent d’offrir à leurs clients des politiques d’annulation flexibles. « On a eu à se relancer plusieurs fois depuis deux ans, je souhaite vraiment que cette fois soit la bonne », espère Laurent Plourde.

Hausse des prix à prévoir

Avec l’augmentation du prix du carburant, une hausse du coût des voyages en autocar et en avion est à prévoir. Dans un article publié lundi dernier dans La Presse, le directeur général et vice-président pour l’Amérique du Nord chez Kayak, Paul Jacobs, disait croire que « les prix des voyages seront élevés pour l’été en raison de la demande et d’une capacité plus limitée ainsi qu’une pression supplémentaire due à la hausse du prix du carburant ». Un avis partagé par Marc-Olivier Gagné, de Voyages Gendron. « On est en train de réajuster [les prix]. Le coût des voyages va probablement augmenter post-pandémie en raison du prix de l’essence. »

Llisez l’article « Ce n’est qu’une question de temps avant les hausses »