Boudées depuis deux ans par des voyageurs qui leur ont préféré la tranquillité (et la sécurité) des grands espaces, les villes avec leurs musées, restaurants, théâtres, spectacles et festivals tombent dans l’œil des vacanciers, nombreux ces jours-ci à manifester un intérêt renouvelé pour le tourisme urbain.

Envie d’un long week-end à New York ou de retrouver Paris ? Vous n’êtes pas seul à y penser à mesure que les restrictions s’atténuent aux frontières. « Depuis que le fédéral a annoncé qu’un test rapide fait l’affaire pour rentrer au pays, les clients sont très nombreux à nous contacter », se réjouit Alain Pilon, propriétaire de l’agence de voyages Tourika, qui se spécialise dans les forfaits de trois et quatre jours à New York.

Pour l’instant, toutefois, Tourika attend avant de reprendre ses activités, interrompues depuis mars 2020. « Même un test rapide, c’est beaucoup d’ennuis pour un court séjour, précise M. Pilon. Mais on croit que le fédéral va bientôt se contenter d’une preuve de vaccination pour passer la frontière. Et là, on s’attend à une forte croissance, à des réservations comme avant la pandémie. Les gens sont impatients… »

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Matisse sera à l’honneur au Museum of Modern Art (MoMA) de New York.

New York semble prêt à accueillir les touristes en masse au cours des prochains mois. Les masques sont désormais optionnels au sommet de l’Empire State Building. Les amateurs d’art pourront visiter de nouvelles expositions par dizaines, dont celles consacrées à Jean-Michel Basquiat (au Starrett-Lehigh Building), Henri Matisse (au MoMA) et Virgil Abloh (au Brooklyn Museum). Broadway programme de grosses têtes d’affiche (Hugh Jackman, Daniel Craig, Sarah Jessica Parker, Matthew Broderick, etc.). Daniel Boulud travaille à la réouverture prochaine, sous un nouveau nom, du restaurant Augustine du Beekman Hotel. Et l’agence de promotion touristique de New York annonce 9000 nouvelles chambres d’hôtel cette année.

Les villes européennes ont la cote

PHOTO THOMAS COEX, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les arrivées internationales seront en forte hausse ces prochains mois à Paris.

L’application de planification de voyages Hopper observe pour sa part un regain d’intérêt marqué pour des séjours printaniers dans les villes européennes. Londres, Paris, Madrid et Barcelone ont toutes grimpé, et pas qu’un peu, dans le classement des destinations les plus populaires de ses clients.

Les destinations urbaines transatlantiques sont celles pour lesquelles nous constatons la plus forte augmentation de l’intérêt.

Adit Damodaran, économiste pour Hopper

Selon de récentes projections de l’Office du tourisme et des congrès de Paris, les arrivées internationales devraient augmenter de 540 % en avril et mars par rapport à l’an dernier, pour atteindre un peu plus de la moitié des niveaux prépandémiques. La plus forte augmentation prévue concerne les voyageurs en provenance d’Amérique du Nord.

D’ailleurs, selon Expedia, « le nombre de réservations hebdomadaires [faites à Paris par des Canadiens] a été multiplié par cinq » à la mi-février, par rapport à la première semaine de l’année, et le quart des réservations actuelles pour la capitale française sur la plateforme de voyages visent le mois de juillet prochain.

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L’exposition Yves Saint Laurent aux musées, au Louvre

Sur place, la vie culturelle a repris et les musées parisiens, qui ont aussi connu une nette baisse de fréquentation ces deux dernières années, s’activent pour attirer les visiteurs. Le Musée de Cluny, consacré au Moyen Âge, rouvrira d’ailleurs ses portes ce printemps après d’importants travaux. Le Musée d’Orsay présente aussi ce printemps les chefs-d’œuvre de la Frick Collection. Yves Saint Laurent, dont le premier défilé a eu lieu il y a 60 ans, sera à l’honneur dans six musées, dont le Louvre et le Centre Pompidou, jusqu’en septembre. Aussi, le festival Rock en seine se déroulera sur quatre jours en août, avec des prestations de Stromae, Tame Impala et Arctic Monkeys.

Montréal veut aussi profiter de la manne

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« Avec un calendrier d’allègement des mesures, on sait qu’on va retrouver une certaine normalité pour l’été », explique avec soulagement Martin Roy, PDG du Regroupement des évènements majeurs internationaux (REMI).

Épicentre de la pandémie au pays, Montréal ne semble pas en reste pour les prochains mois. Selon Hopper, la métropole québécoise a gagné près de 20 places au palmarès des villes qui suscitent le plus d’intérêt auprès des voyageurs internationaux ce printemps, et se situe aujourd’hui au 35e rang, derrière Toronto (24e), mais devant Vancouver (39e).

Assouplissement des mesures, reprises de liaisons aériennes : pour Tourisme Montréal, les signaux positifs se multiplient en vue de l’été, même si « l’incertitude est devenue une certitude », explique le porte-parole Francis Bouchard.

Tout au long de la pandémie, l’intérêt pour Montréal est resté très élevé, les visiteurs ont hâte de revenir.

Francis Bouchard, porte-parole de Tourisme Montréal

Même si les derniers mois ont été difficiles, la gastronomie montréalaise reste un attrait de taille, croit M. Bouchard, qui souligne aussi l’importance du retour de plus en plus probable des grands festivals estivaux dans la métropole. « Tout le monde est prêt à appuyer sur l’accélérateur pour connaître un bon été », constate-t-il.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Après un an d’absence, le festival Osheaga s’est tenu en format réduit en octobre dernier.

« Avec un calendrier d’allègement des mesures, on sait qu’on va retrouver une certaine normalité pour l’été », explique avec soulagement Martin Roy, PDG du Regroupement des évènements majeurs internationaux (REMI), où se retrouvent la plupart des festivals montréalais, dont Osheaga, qui a dévoilé une programmation complète pour le week-end du 29 au 31 juillet prochains.

« On a besoin de pouvoir rassembler au moins 60 000 ou 80 000 personnes pour attirer des têtes d’affiche et générer assez de revenus, poursuit M. Roy. On le sait maintenant, le nombre de cas baisse l’été, ça nous rassure. »

On a confiance que les Québécois vont être là en grand nombre dans les évènements estivaux.

Martin Roy, PDG du Regroupement des évènements majeurs internationaux

Et les touristes étrangers ? Ça dépend vraiment des prochaines annonces du fédéral, estime Jean-Sébastien Boudreault, PDG de l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM). « Si on ne veut pas passer à côté de l’été 2022, il va falloir enlever les tests aux frontières, affirme-t-il. Cette obligation, c’est une épée de Damoclès pour les visiteurs, qui sont moins enclins à faire des réservations. »

N’empêche, l’humeur est à l’espoir dans l’industrie hôtelière, même si tous sont conscients qu’un nouveau variant peut encore tout faire dérailler. « Le mood a changé, et tout le monde veut travailler à la relance. Déjà, avec les premières mesures de déconfinement jusqu’au 14 mars, on a vu nos réservations augmenter de 50 %. Mais on part de loin, le taux d’occupation chez nos membres n’était que de 8 % avant cette annonce. C’est rien ! »

En savoir plus
  • 45 %
    Taux d’occupation des hôtels montréalais pendant l’été 2021.
    Source : Association des hôtels du Grand Montréal
    90 %
    Taux d’occupation approximatif des hôtels montréalais pendant la période estivale, avant la pandémie.
    Source : Association des hôtels du Grand Montréal