La médiatisation du party volant pourrait écorcher l’image de marque de Sunwing, jugent certains experts. Pour ce qui est des passagers, ils ont suscité la grogne et la moquerie, nuisant à leur réputation.

A priori, des gens ivres qui défient les règles sanitaires dans un avion, ce n’est pas très flatteur pour le transporteur Sunwing. « Ça peut entraîner des questionnements. Comment ça se fait qu’on ait permis à ces gens de noliser un avion ? À quelles conditions ? Avaient-ils le droit d’agir ainsi ? », explique Jean-Jacques Stréliski, professeur au département de marketing de HEC Montréal.

Les futurs passagers peuvent s’interroger sur l’application des mesures de sécurité à bord des appareils Sunwing. Difficile de dire si l’image de marque de la compagnie va en souffrir ou si l’évènement dissuadera les clients.

« Seul l’avenir le dira. Il y a une enquête et pour l’instant, la réaction de Sunwing a été correcte à la suite des évènements », poursuit-il. Refuser de les ramener à Montréal est une très bonne façon d’attraper la balle et d’assurer au public qu’on prend la situation au sérieux.

Ça envoie un message clair de la part des compagnies aériennes : débrouillez-vous. Ils sont dans la mouise et pognés au Mexique.

Jean-Jacques Stréliski, professeur au département de marketing de HEC Montréal

Le tout affectera la crédibilité des influenceurs et personnalités télévisuelles présentes à bord, résume M. Stréliski. « Ces gens-là ne sont pas sortis du bois. Les potentiels commanditaires peuvent décider de ne pas s’associer à eux. »

Perte de contrôle

La vive indignation provoquée par cette fête aérienne éclabousse l’image de marque de Sunwing, juge Martine St-Victor, directrice générale d’Edelman Montréal. Permettre à un groupe de party privé de noliser un appareil est déjà problématique. « On donne l’impression que le temps d’un vol ou d’un voyage, on vit dans un monde parallèle où la pandémie et ses restrictions n’existent plus. » Les compagnies aériennes vivent un moment difficile, mais se sont dites solidaires avec les travailleurs de la santé.

Les passagers ont eu accès à de l’alcool et pouvaient se déplacer librement dans l’avion sans masque.

Ne pas être en mesure de faire appliquer les règles dans un avion alors que nous sommes tous en train de faire des efforts chez nous, ça donne l’impression qu’on ne peut gérer les débordements.

Martine St-Victor, directrice générale d’Edelman Montréal

La polémique et l’attention médiatique n’égratigneront pas la marque Sunwing, pense Stéphane Mailhot, de Havas Montréal. « À la limite, s’ils avaient mal réagi, on aurait pu avoir un problème de gestion de crise. Mais ils ont décrié la situation. » Une certaine solidarité aérienne s’est établie quand d’autres transporteurs ont refusé de ramener le groupe à Montréal.

« Oui, ça peut soulever des questions sur le ratio agents de bord-passagers auprès des clients. Ils ont rapidement fait savoir que c’est un vol nolisé et non commercial. »

Image des passagers ternie

Qu’en est-il de la carrière d’influenceurs des passagers ?

Cette controverse n’augure rien de bon, explique M. Mailhot. « D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi on les appelle influenceurs. Ils ne semblent pas tous très connus. »

Qu’ils soient pseudo-influenceurs ou pas, la polémique aura terni leur image.

« Quand on fait appel à des influenceurs, on veut qu’ils associent leur propre personne à un produit. C’est sûr qu’être médiatisé comme ça ne sera pas bien vu. »

« L’aspect qui choque le plus les gens, c’est que ça se passe à un moment où tout le monde est enfermé et que les hôpitaux débordent. Du point de vue de l’opinion publique, c’est très dommageable. »