Si les Québécois ont majoritairement préféré séjourner aux quatre coins de la province cet été, ils ont hâte de s’envoler vers d’autres cieux l’hiver prochain. Mais est-il sage de songer déjà à sortir son passeport ? Tour d’horizon et conseils pour réserver prudemment.

« La reprise est bel et bien entamée et les signes sont encourageants », affirme d’emblée Pascale Déry, porte-parole d’Air Canada. Chez le transporteur aérien comme ailleurs, on sent enfin le vent tourner. Les réservations vont déjà bon train en vue de l’hiver alors que l’été n’est même pas encore terminé.

Bien que l’industrie du voyage ait enclenché sa reprise, rappelons que le gouvernement demande toujours aux Canadiens d’éviter les voyages non essentiels.

Selon un récent sondage de Sunwing mené auprès des membres du Forum Angus Reid, 51 % des résidants du Québec prévoient de recommencer à voyager dans les 12 prochains mois et 39 % ont indiqué qu’ils aimeraient voyager pendant le temps des Fêtes. Le voyagiste constate par ailleurs « une demande croissante pour les expériences sans souci qu’offrent les vacances tout compris », 65 % des répondants ayant exprimé un intérêt pour ce type de formule.

Certains des hôtels les plus populaires se remplissent rapidement pour des dates clés pendant les Fêtes et en hiver, ce qui arrive rarement si tôt dans le cycle des réservations.

Marie-Josée Carrière, directrice marketing senior Québec pour le Groupe de Voyage Sunwing

« Si on se ramène au mois de mai 2020 [au début de la pandémie], aller en voyage n’était pas dans l’esprit des gens. Mais cette année, on sent qu’il y a une confiance qui reprend, estime pour sa part Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA-Québec. Après avoir peut-être été privés pendant un an et demi, quasiment deux ans, il y a des gens qui disent : “Quand ça va reprendre, comptez sur moi pour être un des premiers à repartir.” »

Réserver… ou attendre ?

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE, PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Varadero, à Cuba

Selon le rapport annuel Expedia ARC, la fenêtre de réservation moyenne, qui correspond au délai entre le moment où le voyage est réservé et celui où il a lieu, est actuellement d’environ 96 jours pour les voyages internationaux et de 125 jours pour les destinations de plage les plus prisées. Pour aider les voyageurs dans leur planification, le voyagiste en ligne a conçu un outil de recherche qui permet d’obtenir toutes les restrictions en vigueur en fonction de la destination, de la provenance et des dates de voyage (documents sanitaires et tests exigés, mesures de quarantaine, etc.).

Consultez l’outil d’Expedia pour connaître les restrictions de voyage par destination

Marc-Olivier Gagné, directeur du développement numérique et du marketing chez Voyages Gendron, souligne qu’un délai de deux ou trois mois demeure raisonnable pour trouver de la disponibilité aux dates recherchées, en particulier pour les Fêtes. Il croit cependant qu’avec la réouverture des frontières avec les États-Unis, il pourrait être plus difficile si on attend de trouver des places pour des séjours dans l’Ouest canadien, notamment, puisque la région est généralement très fréquentée par les touristes américains à ces dates.

« On a encore un peu le traumatisme de l’an dernier où tout pouvait changer en fonction des décisions gouvernementales. Cette réalité-là est encore présente dans l’esprit des gens, dans la façon de voyager », souligne Nicolas Ryan, de CAA-Québec.

Les gens se prennent beaucoup plus d’avance, tout en se gardant une porte de sortie pour voir ce qui va se passer dans les prochaines semaines. Ils sont beaucoup à la recherche de flexibilité.

Nicolas Ryan, de CAA-Québec

M. Ryan rappelle qu’Ottawa recommande toujours à l’heure actuelle d’éviter les voyages non essentiels à l’extérieur du pays.

S’informer et jouer de prudence

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE, PHOTOMONTAGE LA PRESSE

Vancouver, en Colombie-Britannique

Face à l’incertitude toujours présente en raison de la pandémie, nombreux sont ceux qui cherchent à s’informer sur les protocoles sanitaires à destination ainsi que sur les modalités d’annulation ou de report des différents fournisseurs de services et voyagistes. CAA-Québec comme Voyages Gendron affirment avoir dû réembaucher du personnel récemment pour répondre à la forte demande de clients qui veulent être accompagnés dans leurs recherches.

« Je pense que les gens remarquent que de passer par une agence les aide à s’assurer qu’au niveau de l’annulation, si ça a lieu, les conditions sont assez claires ; et quand ça ne l’est pas, on fait la démarche pour le savoir. S’il y a une annulation, le client a seulement nous avec qui discuter, pas avec l’hôtelier, la passe de ski, la compagnie aérienne… On vient l’appuyer là-dedans, dit Marc-Olivier Gagné, de Voyages Gendron. Mais c’est sûr que tous les fournisseurs offrent des conditions flexibles. Même sur nos soumissions, nos factures, on identifie les politiques d’annulation de chacun des fournisseurs et on se couvre avec un dépôt non remboursable de 10 % pour nos frais de gestion, nos conseillers, les salaires, etc. »

Du côté d’Air Canada, on précise que la nouvelle politique de remboursement s’applique désormais à tous les billets achetés si la société aérienne doit annuler un vol ou en modifier l’horaire de plus de trois heures. Celle-ci consiste à offrir un remboursement complet selon le mode de paiement original, un bon de voyage Air Canada ou la valeur équivalente en points Aéroplan (auxquels s’ajoute une bonification de 65 %).

Transat offre pour l’instant aux clients qui réservent d’ici le 31 août une politique de flexibilité leur permettant de modifier les dates de voyage, la destination ou les deux, sans frais de modification et jusqu’à 24 heures avant le départ. L’annulation du voyage est également possible sans frais pour les vols au tarif Eco Flex et Club Flex ou en échange d’un crédit pour un voyage futur dans les autres classes. La porte-parole de Transat, Debbie Cabana, rappelle que si la situation force le transporteur aérien à modifier ses vols, les clients « touchés par des changements majeurs » seraient admissibles à un remboursement.

Consultez le site de Transat pour plus de détails sur la politique de flexibilité

« Les offres ont évolué, estime Nicolas Ryan, de CAA-Québec. Je pense que le dossier des remboursements, ça a été quelque chose pour ces voyagistes à gérer et personne ne veut se retrouver dans la même situation. C’était nouveau pour tout le monde. Il y a eu beaucoup d’ajustements, mais je pense que ça va être positif pour la reprise éventuelle de l’industrie du voyage. »

CAA-Québec a créé un portail qui détaille tout ce qu’il faut savoir avant de voyager en temps de COVID-19, notamment en ce qui concerne les politiques d’annulation des voyagistes, mais recommande fortement aux voyageurs de se munir d’une assurance voyage ou d’une assurance annulation pour être prêts à parer à toute éventualité.

Selon le récent rapport sur les compagnons de voyage d’Expedia, ce qui est le plus important pour les Québécois lorsqu’ils recherchent leur prochaine destination voyage, c’est d’avoir accès à de l’information concernant les exigences de vaccins ou de tests, d’obtenir de l’aide pour comprendre les restrictions et les directives en matière de voyage et de pouvoir facilement vérifier les politiques de réservation.

Le voyagiste en ligne précise qu’il est désormais possible de filtrer sur son site les établissements qui offrent l’option « annulation gratuite » ou « réservez maintenant, payez plus tard » et sélectionner un type de chambre remboursable pour avoir une tranquillité d’esprit supplémentaire en cas de changement de plan. Même la recherche de voitures de location à destination peut être restreinte aux offres autorisant l’annulation sans frais. « En juin dernier, près de 90 % de nos réservations ont été effectuées avec nos politiques d’annulation flexibles », ajoute Mary Zajac, responsable des relations publiques chez Expedia Canada.

« Lorsqu’il s’agit de repartir en voyage, les Québécois ont encore besoin et veulent être rassurés sur la façon dont leur destination gère la pandémie de COVID-19 », estime Mary Zajac.

Où voyage-t-on cet hiver ?

Ski, soleil, plage… les voyageurs semblent vouloir renouer avec leurs anciennes passions pour choisir la destination de leurs prochaines vacances.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE, PHOTOMONTAGE LA PRESSE

La station de ski Whitewater, à Nelson, en Colombie-Britannique

« Pour le ski, cet hiver, on s’attend à une saison régulière prépandémie. C’est surtout pour le ski que les gens commencent à réserver d’avance », affirme Marc-Olivier Gagné, directeur du développement numérique et du marketing chez Voyages Gendron, qui précise que l’un des produits les plus demandés est le Club Med Québec Charlevoix. Le directeur de l’agence, Jean-Michel Gendron, ajoute que les voyageurs « partent dans l’Ouest aussi », les célébrations du Nouvel An à Whistler étant toujours très populaires pour amorcer la saison de ski.

L’Arizona suscite également beaucoup d’intérêt chez les clients de Voyages Gendron, la destination étant très prisée des amateurs de golf qui cherchent à prolonger ou à terminer leur saison.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE, PHOTMONTAGE LA PRESSE

Le parc national du Grand Canyon, en Arizona

Du côté d’Air Canada, on souligne que l’appel des destinations soleil est « particulièrement fort », nous informe la porte-parole, Pascale Déry, et les voyageurs réservent déjà leur escapade hivernale. Air Canada augmentera ainsi dès le début de décembre la fréquence de ses vols à destination de Punta Cana, en République dominicaine, et de Cancún, au Mexique. Le transporteur aérien prévoit en outre une forte demande pour les États-Unis, surtout pour la Californie, la Floride, New York et Hawaii. Deux nouvelles destinations hivernales ont d’ailleurs été ajoutées pour la Floride depuis Québec, soit Fort Lauderdale (dès le 19 novembre) et Orlando (dès le 17 décembre).

Toujours aussi appréciée des Québécois l’hiver, la Floride se verra également ajouter dès décembre deux nouvelles liaisons sans escale avec Transat depuis Montréal, soit Miami et Fort Myers (en plus de celles déjà prévues vers Fort Lauderdale et Orlando).

« On sent que les Canadiens ont hâte de repartir en vacances. La demande est forte pour les destinations Sud, notamment pour le Mexique (Cancún), la République dominicaine (Punta Cana), la Floride avec nos deux nouvelles destinations (Miami et Fort Myers), mais aussi vers l’Europe, notamment pour Lisbonne et Paris. L’intérêt des Québécois pour Cuba se maintient », soutient Debbie Cabana, porte-parole de Transat, qui offrira près de 50 destinations l’hiver prochain.

Selon les premières données d’Expedia, « après un an et demi de restrictions, les Canadiens cherchent maintenant à échapper aux mois les plus froids en se rendant dans des destinations plus chaudes, si cela s’avérait possible », explique Mary Zajac, responsable des relations publiques chez Expedia Canada.

Parmi les destinations ensoleillées les plus recherchées sur le site Expedia.ca pour la période d’octobre à décembre, bon nombre d’entre elles sont des favorites de longue date des Québécois, précise-t-elle.

Palmarès des recherches d’hôtels

Destinations ensoleillées

(Octobre à décembre)

  1. Las Vegas
  2. Cancún
  3. Honolulu
  4. Maui
  5. Puerto Vallarta
  6. Punta Cana
  7. Miami
  8. Montego Bay
  9. San Diego
  10. Palm Springs

Source : Expedia.ca

Les voyages intérieurs demeurent cependant très populaires, note Mary Zajac. Montréal et Québec font partie des 10 destinations les plus prisées au pays, la Capitale-Nationale arrivant même devant la métropole parmi les hôtels les plus recherchés par les Canadiens pour l’automne et l’hiver. « Ce qui est particulièrement intéressant à propos de ces données, c’est l’intérêt accru pour les villes plus urbaines du pays lors des prochains mois », avance Mme Zajac, étant donné que les voyageurs avaient préféré au cours de l’été et de l’année dernière des destinations canadiennes « plus près de la nature ».

Palmarès des recherches d’hôtels

Canada

(Octobre à décembre)

  1. Banff
  2. Niagara Falls
  3. Vancouver
  4. Whistler
  5. Québec
  6. Victoria
  7. Tofino
  8. Toronto
  9. Montréal
  10. Ottawa

Source : Expedia.ca

Google s’est également penché sur les nouvelles tendances en matière de vacances et de voyages en fonction des recherches effectuées sur son moteur de recherche, qui révèlent elles aussi que les Québécois prévoient de faire leur prochain voyage à l’étranger. Selon les données récoltées au pays, l’intérêt des Canadiens pour les voyages internationaux est en hausse constante depuis le mois de juin et n’a jamais été aussi élevé depuis avril 2004.

Consultez le site du gouvernement du Canada pour connaître les règles sanitaires en vigueur pour les voyageurs