Dans l’assiette
Terry Terrian a eu deux coups de foudre en rapport avec Taïwan : celui avec sa femme Ching Wei, rencontrée dans l’île de Montréal et qu’il a suivie dans son île au large de la Chine, où il a séjourné sept ans ; et celui avec la gastronomie locale. Végane, le couple adore explorer cette facette bien implantée dans la cuisine taïwanaise. L’une des expériences marquantes vécues par Terry fut la découverte, en 1996, de cet étrange mets nommé tofu puant (chòu dòufu). Alors qu’il était affamé, une amie le lui avait suggéré. « J’ai dit : ‟Non merci, je n’ai plus faim !” Finalement, j’ai succombé, et ce fut love at first bite, comme on dit en anglais. Quand je retourne à Taïwan, c’est la première chose que je veux manger », souligne-t-il. Beaucoup d’Occidentaux sont rebutés par ce tofu fermenté, à l’odeur de vieux fromage, qui se prépare frit, à la vapeur ou au barbecue dans les marchés nocturnes de Taipei. Pour ceux qui souhaitent tenter l’aventure, on le trouve au Québec dans les épiceries asiatiques.
Pour les moins audacieux, il reste de grands classiques, comme les fondues (hot pot), dont les Taïwanais sont particulièrement… fondus, bien sûr ! Là aussi, des options véganes sont à portée : « On peut y mettre des crevettes à base de protéines végétales, des boulettes à base de champignons, etc. », suggère Terry. Autre gourmandise proverbiale : les raviolis chinois (dumplings), préparés derrière les vitrines de nombreux restos de Taipei. À Montréal, le couple les prépare lui-même, avec de la pâte acquise en boutique asiatique, et les farcit de chou et de substitut de viande Beyond Meat.
Dans le verre
Quand Terry a foulé le sol de Formose (autre nom de Taïwan), il était rompu au café, mais totalement analphabète du thé. Or, Taipei sans thé, ce n’est pas imaginable. « La première fois que j’ai goûté ces thés, c’était comme de l’eau, j’étais trop habitué au goût du café », se souvient-il. Mais rapidement, le thé taïwanais fait boire la tasse au café montréalais. « À force de goûter, je suis tombé en amour avec les thés, particulièrement le wulong de Shan Li Xi », précise celui qui adorait se rendre directement dans les montagnes pour le déguster.
C’est aussi une des magies de Taipei : un téléphérique partant de la ville vous conduit au cœur des monts environnants où pullulent de petits kiosques à thés. En attendant d’y embarquer, bonne nouvelle : les thés Shan Li Xi et Ali Shan, deux crus notables, sont offerts au Québec (chez Camellia Sinensis, Sebz et boutiques en ligne).
Quant au très populaire thé aux perles (Bubble Tea), Terry et Chin Wei s’en préparent chez eux, à base de tapioca, sirop et lait de soya. Enfin, autre recette de thé facile à faire : le lei cha, un thé traditionnel que nous avons découvert au dernier Salon du tourisme à Montréal, préparé avec des noix et graines rôties puis broyées.
Dans les mirettes
S’il est un artiste que l’on retrouve dans de nombreux quartiers de Taipei, c’est bien Ju Ming. Non, ce sculpteur n’a pas le don d’ubiquité, mais impossible de visiter la ville sans tomber sur l’une de ses œuvres originales. Un musée lui est d’ailleurs intégralement consacré. C’est bien beau, mais puisqu’on ne peut aller les admirer… Détrompez-vous. Achetez un simple billet de métro à Montréal, embarquez sur la ligne orange et descendez à la station Square-Victoria. À l’intersection de l’avenue Viger et de la rue du Square-Victoria, vous trouverez Single Whip, une œuvre de Ju Ming sur le thème du taï-chi. Partez ensuite vers le Vieux-Port : le long de la promenade de la Commune (en face de la rue du Port), on croise quatre autres œuvres en bronze du sculpteur taïwanais.
Résolument asiatiques et saupoudrées d’une pincée de cubisme, elles implantent un fragment de Taipei au cœur de Montréal.
Dans la liseuse
Pas facile de trouver des auteurs taïwanais traduits en français ! Heureusement, l’artiste Chih-Chien Wang, installé depuis près de 20 ans à Montréal, nous a aimablement aiguillés. Bien qu’il soit spécialiste en arts visuels, certains livres lui permettent de se replonger dans son pays natal, notamment ceux signés par Wu Ming-yi, tels Le magicien sur la passerelle ou L’homme aux yeux à facettes. « Le magicien sur la passerelle, c’est un choix personnel, il explore un passé que j’ai oublié et des lieux qui n’existent que dans les mémoires. […] Il révèle des secrets qui sculptent et recréent le souvenir d’un quartier marchand de Taipei, allant au-delà du côté commercial pour former un noyau où émergent la vie, le désir, la passion ou les regrets », explique M. Wang.
Autre pièce de choix centrée sur la capitale : Taipei – histoires au coin de la rue, un recueil d’auteurs contemporains majeurs de Taïwan, explorant toutes ses facettes. « On y trouve un authentique portrait du style de vie taïwanais, son parfum, son goût, sur fond d’humidité ambiante [il pleut beaucoup à Taïwan !]. Divers passages parlent de la gastronomie, un aspect passionnant du pays », souligne l’artiste installé à Montréal.
Sur la scène
Non, ce n’est pas que pour les enfants ! Les spectacles de marionnettes de Taïwan sont un art très sophistiqué, que l’on parle des costumes, des histoires, des décors ou de la technique de manipulation. Taipei abrite un musée consacré à cette discipline et des performances merveilleuses sont offertes en ville.
Privés de voyage, nous avons tout de même de la chance : des musées basques et taïwanais ont collaboré pour mettre en ligne une exposition virtuelle sur ces marionnettes traditionnelles qui aurait dû se tenir à Tolosa, en Espagne. Qui plus est, elle est intégralement traduite en français. Que demande le peuple ? OK, un billet pour Taipei ; mais en attendant…
> Consultez le site web du Théâtre de marionnettes de Formose