Jusqu’à maintenant, le temps frais et plus ou moins maussade d’un printemps pas pressé a rendu le confinement un peu moins difficile à vivre. Mais avec l’été qui arrive, qu’on le veuille ou non, plusieurs vont se mettre à penser aux vacances, peu importe quelle forme elles pourront prendre. C’est trop tôt, trop optimiste, trop imprévisible ? Pas si on se fie aux représentants de l’industrie touristique québécoise.

L’Alliance de l’industrie touristique a lancé cette semaine sa campagne Pour un instant, où elle invite les gens à découvrir le Québec à travers leur propre fenêtre. « On invite les gens à partager ce qu’ils voient pour que tout le monde puisse voyager ensemble, soutient Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec. On veut amener un mouvement qui éventuellement nous amènera vers des jours meilleurs. »

Ces jours meilleurs devraient justement se vivre au Québec, M. Soucy en est convaincu : « On ne connaît pas le calendrier de confinement, mais pas besoin d’être devin pour savoir que le tourisme va être local l’été prochain, affirme-t-il. Il faut donc valoriser notre produit touristique, d’autant plus que les Québécois ont vu plus de pays dans le monde que de régions au Québec, ce qui était bien différent autrefois. »

Ça fait seulement cinq semaines que le Québec est en pause, mais on dirait que ça fait un an. Pour nous, ç’a été brutal ; on a stoppé en cinq jours une industrie qui avait le vent dans les voiles.

Martin Soucy, président-directeur général de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec

L’Alliance de l’industrie touristique du Québec soutient que la province n’a absolument rien à envier aux destinations internationales, et espère ainsi que les Québécois qui comptaient voyager à l’étranger vont se tourner vers les plus belles régions du Québec.

« On est convaincus que les gens vont avoir besoin de voir autre chose que leur cour arrière, ils vont vouloir prendre l’air dans les grands espaces. Peut-être pas pour de longues vacances de deux semaines, mais peut-être pour de multiples petits séjours. »

Réserver maintenant

Les destinations nature risquent d’être les premières à bénéficier d’un décloisonnement graduel, d’abord parce qu’il sera plus facile d’y respecter des règles de distanciation physique. WeChalet, une nouvelle plateforme de location de chalets qui s’inspire du modèle Airbnb, croit qu’elle pourra profiter des circonstances pour grandir et s’affirmer beaucoup plus rapidement que prévu au Québec.

Pour l’instant, c’est le calme plat, mais son fondateur Dany Papineau soutient que ça pourrait débloquer d’un coup quand les règles de confinement seront assouplies. C’est pourquoi il suggère aux gens de ne pas trop attendre.

« Les gens peuvent réserver dès maintenant pour juillet et août, mais est-ce qu’ils ont la motivation de le faire ? Non, reconnaît d’emblée M. Papineau. Mais les plus aventuriers peuvent déjà le faire et ils peuvent justement trouver les plus belles propriétés à très bon prix. Et ça ne représente pas un si grand risque si tu fais affaire avec des proprios flexibles. On va d’ailleurs encourager les locateurs à adopter les politiques d’annulation les plus flexibles, soit 24 heures avant l’arrivée. Mais ça ne m’inquiète pas ; les propriétaires de chalets ont perdu leurs réservations jusqu’en juin ou presque, ils vont être flexibles. »

La très grande majorité des hôtels au Québec offrent aussi la possibilité d’annuler une réservation dans un délai de 24 heures, mais il vaut mieux s’en assurer avant de réserver. Somme toute, les clients peuvent planifier leur séjour à l’hôtel en sachant qu’ils ne prennent pas de risque financier advenant le cas où une région demeurerait fermée aux voyageurs.

Les enfants et les camps

PHOTO FOURNIE PAR L’ASSOCIATION DES CAMPS DU QUÉBEC

Du côté des camps de vacances du Québec, l’Office de la protection du consommateur stipule que les clients ont droit à un remboursement complet sans frais ni pénalité en cas d’annulation.

Du côté des camps de vacances du Québec, l’Office de la protection du consommateur stipule que les clients ont droit à un remboursement complet sans frais ni pénalité en cas d’annulation. Mais du côté de l’Association des camps du Québec, on a très bon espoir de pouvoir accueillir les enfants et les familles dès juillet.

L’été ne sera pas comme les autres, c’est certain. La routine d’hygiène sera resserrée, il y aura des stations de lavage de mains, des adaptations seront apportées un peu partout. Chaque camp va planifier des solutions avec différents types d’hébergement pour respecter la distanciation, on pourrait ajouter des tentes.

Éric Beauchemin, directeur général de l’Association des camps du Québec

« Mais je préfère faire vivre ça à mes enfants que la réclusion et le confinement, poursuit-il. Il faut remettre des routines en place dans la vie des enfants, avec des règles qui vont d’ailleurs s’appliquer à leur retour à l’école de façon beaucoup plus rigoureuse. »

Ainsi, M. Beauchemin invite les parents à ne pas tarder à réserver des places pour leurs enfants, si ce n’est déjà fait, d’autant plus qu’il estime que les camps pourraient bénéficier de certains assouplissements.

« On ne veut pas se suppléer à la Santé publique, mais on pense qu’il y a peut-être des secteurs où le concept des 2 mètres de distanciation est un peu difficile à opérer, affirme-t-il. Ce sera par exemple difficile d’empêcher un petit de 7 ans de se rapprocher à l’occasion de sa monitrice. Mais on pense que la notion de distanciation pourrait être évacuée dans certains cas, comme on l’a vu dans les CPE qui maintiennent un service de garde pour les travailleurs de services essentiels. Mais on est des gens de jeu, alors on attend les règles du jeu !  »