C’est un véritable voyage dans le passé qu’est en train d’effectuer le secteur du tourisme, qui enregistre officiellement la pire année de son histoire. Le nombre d’arrivées internationales a notamment chuté de 72 % de janvier à novembre 2020, ce qui le ramène 30 ans en arrière, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Les statistiques paraissent aussi colossales que le Taj Mahal : 900 millions de touristes internationaux de moins par rapport à 2019 et une perte de 935 milliards de dollars de recettes d’exportation, soit dix fois pire que celles enregistrées lors de la crise de 2009. D’ici la fin de l’année, le tourisme mondial devrait avoir retrouvé des niveaux équivalents à ceux de 1990, avec un milliard d’arrivées internationales en moins et une perte de quelque 1100 milliards de dollars de recettes touristiques internationales.

Des chiffres qui en disent long sur les ravages économiques causés par l’épidémie dans ce secteur, mais aussi sur le gonflement exponentiel des voyages d’agrément depuis 30 ans. En regardant dans le rétroviseur, et à la lumière de ces chiffres pharaoniques, ne serait-il pas temps de remettre en question l’impact de nos pratiques touristiques et de juguler le surtourisme, décrié ces dernières années ?

Retour vers le futur

Les diverses zones régionales du globe sont toutes affectées, bien qu’à des degrés divers, par le marasme. L’Asie et le Pacifique, où les restrictions sur les voyages sont actuellement les plus sévères, ont connu une diminution de 82 % des arrivées au cours des dix premiers mois de 2020. Le Moyen-Orient a enregistré une baisse de 73 %, l’Afrique, de 69 %, tandis que celles recensées en Europe et en Amérique ont chuté de 68 %.

Sans surprise, la demande reste globalement faible malgré une légère amélioration dans certains marchés ces derniers mois (en France et en Allemagne, notamment) et l’annonce de vaccins. Selon l’OMT, la demande touristique intérieure continue de croître dans certains pays, dont la Chine et la Russie.

À plus long terme, un « retour vers le futur » pourrait prendre de longues années : l’institution s’attend, selon ses projections, à retrouver les niveaux de 2019 en termes d’arrivées internationales d’ici deux ans et demi à quatre ans, avec un premier rebondissement pouvant éventuellement se produire au cours du second semestre 2021.