L’année 2020 marque ironiquement les 20 ans de tribulations de l’auteur et conférencier Ugo Monticone. Mais pour lui, le confinement ne tombe pas si mal, puisqu’il avait déjà prévu de s’encabaner pour rédiger Tracés de voyage, regroupant 20 courtes histoires cueillies sur les routes du monde et servies comme autant de cartes postales ; le tout agrémenté d’un petit bonus numérique original.

Certains auteurs globe-trotteurs québécois n’auraient pu choisir meilleure année pour publier le compte rendu de leurs aventures autour du globe. Dans le cadre du premier confinement, le journaliste Gary Lawrence nous avait rouvert les horizons d’un monde paralysé, avec Fragments d’ailleurs. Pour le second, c’est au tour d’Ugo Monticone de mettre la main à la plume avec des envolées aux quatre points cardinaux. Tracés de voyage — 20 ans d’allers-détours présente ainsi une collection de récits personnels drôles et touchants, souvent façonnés par le hasard des sentiers, et servis sous forme de cartes postales littéraires.

On dérive ainsi des monastères tibétains aux coffee shops d’Amsterdam, avant de voguer sur des planches de surf au large du Guatemala. L’occasion pour le rédacteur d’embarquer ses lecteurs dans ses péripéties, lui-même revisitant et dépoussiérant certains écrits antérieurs. « En me replongeant dans mes anciens textes, comme mes premiers pas dans l’Ouest canadien ou au Burkina Faso, je les relisais comme si j’étais moi-même un lecteur, alors j’ai l’impression d’avoir voyagé toute l’année ! », s’esclaffe ce conférencier des Grands Explorateurs, confiné comme bien des Québécois en 2020, et souhaitant provoquer le même sentiment d’immersion chez son public.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

L’auteur et conférencier Ugo Monticone revient sur 20 années de pérégrinations dans un livre où il a inséré de petites tranches originales de réalité augmentée.

D’ailleurs, en matière d’immersion, il en connaît un rayon, ayant signé par le passé des ouvrages novateurs en misant sur la création d’ambiances numériques multimédias pour enrober sa prose (Le vendeur de goyaves, Volcán). Car non seulement explorateur d’espaces lointains, il aime aussi défricher de nouveaux territoires narratifs, cherchant à exploiter des éléments, tels que photos, vidéos ou ambiances sonores récoltées à l’étranger, afin de transfigurer l’expérience de lecture.

Des boucles artistiques

Ses expérimentations précédentes ayant abouti à des romans numériques à découvrir sur tablette, cette fois-ci, il donne la priorité à la version papier, tout en insérant en tête de chapitre des éléments de réalité augmentée. Difficile de concevoir comment cette dernière peut s’immiscer dans un livre papier, n’est-ce pas ? Voici le principe : en téléchargeant une application gratuite sur son téléphone, on peut survoler l’illustration coiffant chaque récit, qui prend alors vie comme par magie sur l’écran de l’appareil, avec une courte boucle animée mêlant graphisme, photos ou vidéos, agrémentés d’une ambiance sonore.

Mystérieuses, les composantes de l’animation prennent leur sens une fois le chapitre lu. Des petits clins d’œil qui, sans se revendiquer révolutionnaires, ajoutent une touche sympathique et un petit vent de fraîcheur dans le domaine.

Le but était d’approfondir un peu la lecture. On fait juste survoler le potentiel de la réalité augmentée. C’est comme une introduction au potentiel de cette technologie, mais on pourrait pousser plus loin en ajoutant des cartes, des entrevues.

Ugo Monticone

L’idée rejoint aussi la conception modernisée de la carte postale de l’auteur innovateur, condensant ses tribulations par écrit d’un côté, les illustrant visuellement de l’autre.

ILLUSTRATION ISABELLE GAGNÉ, FOURNIE PAR UGO MONTICONE

Image tirée du livre, accompagnant le chapitre du Costa Rica

Pour en avoir une meilleure idée, rien de tel qu’un exemple concret. Voici l’image accompagnant le chapitre du Costa Rica. Téléchargez l’appli gratuite Artivive et survolez simplement le dessin avec l’écran. Le graphisme est signé par Isabelle Gagné et l’ambiance sonore, par Marc Sauvageau. Vous pouvez aussi visionner la vidéo qui coiffe cet article.

ILLUSTRATION ISABELLE GAGNÉ, FOURNIE PAR LES ÉDITIONS XYZ

Tracés de voyage — 20 ans d’allers-détours, d’Ugo Monticone

Une expo sur la route

Après la parenthèse de 2020, Ugo Monticone reste optimiste pour 2021. Il attend la nouvelle année comme il l’a toujours fait, à savoir en se laissant surprendre par les imprévus. Car s’il y a une leçon qu’il a retenue de ses 20 ans de déambulations, c’est bien celle de remettre entre les mains du hasard ses rencontres et itinéraires. « De ces expériences sur la route, j’en ai tiré une espèce de confiance absolue dans le destin. J’ai eu la chance de voyager avant les Trip Advisor et autres plateformes connectées, quand on ne se demandait pas comment on allait régler son logement, son transport ou ses visites en arrivant dans un village. La majorité des textes que je trouve significatifs sont liés à des détours que les hasards m’ont imposés », rappelle-t-il.

En attendant de pouvoir arpenter de nouveau les sentiers ailleurs, l’auteur se tient occupé avec le développement d’une autre facette de son projet ; une tournée d’expositions mettant en vedette les formats agrandis des illustrations de réalité augmentée tirées de Tracés de voyage, qui voyageront à leur tour dans les musées et galeries du Québec.

Tracés de voyage — 20 ans d’allers-détours. Ugo Monticone. Éditions XYZ. 232 pages.