(Montréal) Si les transporteurs aériens commencent tranquillement à offrir plus de vols en ces temps de pandémie, les Québécois ne semblent pas pressés de faire leurs valises pour aller visiter d’autres pays.

Actuellement, le gouvernement fédéral déconseille tout voyage non essentiel à l’extérieur du Canada en raison de la pandémie de COVID-19. Ottawa prévient les voyageurs qu’ils pourraient rester plus longtemps dans leur destination voyage puisque les pays peuvent à tout moment fermer leurs frontières dans l’éventualité d’une augmentation des cas de la maladie.

Malgré cela, les transporteurs aériens ont commencé récemment à annoncer de nouvelles destinations et le téléphone des agences de voyages recommence à sonner de nouveau.

Mais les plans de voyage sont plutôt à long terme, selon trois agences de voyages interrogées par La Presse canadienne.

« Très peu » de Québécois veulent partir maintenant à l’étranger, a indiqué Pierre-Olivier Fortin, porte-parole chez CAA-Québec.

Certains clients décident de quitter quand même, mais souvent pour des raisons familiales, selon Nicole St-Hilaire, propriétaire de Voyages Nicole St-Hilaire et Club Voyage Beauport.

« Ils vont vouloir aller voir des membres de leur famille, un conjoint ou une conjointe qui est à destination », a-t-elle soutenu.

« On n’a pas vraiment de demande pour aller dans le Sud, pas à court terme. »

Difficultés à voyager

Ce qui empêche les voyageurs de plaisance de partir ? Pour une grande partie d’entre eux, c’est la quarantaine de 14 jours imposée à leur retour.

« C’est logique. Il n’y a personne qui a envie de se retrouver emprisonné à la maison pendant 14 jours au retour. Quand on a trois semaines de vacances par année, on en prend une pour voyager et on va passer les deux autres enfermé à la maison ? Ce n’est pas quelque chose qui est intéressant », a expliqué M. Fortin.

Un autre problème que doivent affronter les globetrotteurs est la difficulté de s’assurer dans le contexte actuel. La plupart des assureurs refusent de couvrir les voyageurs pour le moment en raison de l’avis du gouvernement fédéral, a expliqué Nicole St-Hilaire, propriétaire de Voyages Nicole St-Hilaire et Club Voyage Beauport.

Il ne semble pas que ce soit le virus lui-même qui inquiète les voyageurs. Selon Geneviève Defoy, agente de voyages chez Voyages Bergeron, ses clients, surtout les plus jeunes, ne sont pas particulièrement préoccupés à l’idée de contracter le virus.

« Ils se disent qu’ils ont autant de chances de l’attraper ici », a-t-elle soutenu en entrevue téléphonique.

« Rêver » de voyager plus tard

Les clients de l’agence de voyages de CAA-Québec réservent plutôt des voyages pour 2021 ou 2022, selon M. Fortin.

« Il n’y a rien qui nous empêche en ce moment de rêver, de planifier notre prochain voyage. Ceux qui ne peuvent pas s’en passer, ceux pour qui le voyage est une drogue, c’est le meilleur remède », a-t-il expliqué.

Mme St-Hilaire souligne par ailleurs que les conditions des voyagistes sont très flexibles, ce qui est intéressant pour les voyageurs.

« On a mis des dépôts réduits, on donne la possibilité de faire un paiement final plus tard dans le temps, on donne la possibilité d’annuler aussi », a-t-elle précisé.

Une décision du client

C’est le client qui choisit au final de voyager ou non dans le contexte actuel, mais les agences de voyages disent fournir toutes les informations — dont l’avis du gouvernement fédéral — pour qu’ils puissent prendre une décision éclairée.

Mme St-Hilaire affirme avoir fortement dissuadé un client qui voulait se rendre dans un autre pays pour rencontrer quelqu’un.

« Je trouvais que ce n’était pas tellement une bonne idée. J’ai dû lui faire voir les tenants et aboutissants des problèmes possibles qu’il aurait pu avoir. Finalement, il a changé d’idée. Mais oui, il a fallu le faire. »

Ottawa dit « prioriser la santé »

Dans un courriel transmis à La Presse canadienne, Affaires mondiales Canada a réitéré que les Canadiens devraient éviter de se déplacer même si certains pays décident de rouvrir leurs frontières.

« Toute modification de l’avis global aux voyageurs contre les voyages non essentiels serait basée sur les considérations liées à la santé. Nous continuerons à mettre à jour nos conseils au fur et à mesure de l’évolution de la situation », a affirmé un porte-parole.

« La décision de voyager relève de la seule responsabilité des individus. Il est fortement recommandé à tous les voyageurs de suivre les conseils officiels du gouvernement du Canada en matière de voyage pour assurer leur sécurité personnelle. »

Ce que dit le gouvernement fédéral à ceux qui décident de voyager 

• Vous pourriez avoir de la difficulté à obtenir des produits et des services essentiels.

• Vous pourriez devoir vous soumettre à des restrictions de mouvement rigoureuses sans préavis et à des quarantaines dans des installations désignées, et ce, à vos frais.

• Vos assurances pourraient ne pas couvrir vos frais de voyage ou vos frais médicaux.

• Notre capacité à vous offrir des services consulaires pourrait être limitée.

Source : voyage.gc.ca