Partir en voyage, c'est partir à l'aventure. Or, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Des voyageurs relatent la fois où leurs vacances ont frôlé... la catastrophe. Des mésaventures qu'ils racontent encore et encore, même longtemps après être rentrés sains et saufs à la maison.

De l'alcool qui aurait pu coûter cher...

Ève Pouliot et sa famille ont beaucoup voyagé de par le monde et accumulent de ce fait les anecdotes de voyages.

Il y a cette fois où la femme a été forcée de remettre son appareil-photo au terme d'un vol à main armée sur une plage du Brésil. La fois où, en voulant stationner dans un supermarché australien avec une autocaravane tout juste récupérée à l'entreprise de location, son mari a « complètement défoncé » le toit...

Et il y a la catastrophe évitée de justesse aux Émirats arabes unis, où la famille a vécu trois ans.

« À Dubaï, ça prend un permis pour acheter de l'alcool, mais on n'en avait pas. On allait donc dans un émirat voisin, où il y avait une sorte de grosse SAQ et où on n'avait pas besoin de permis », explique Ève Pouliot.

« Une fois, j'y suis allée seule acheter beaucoup de vin pour les fêtes de fin d'année. Je n'ai aucun sens de l'orientation et en revenant, je me suis trompée de route et je suis passée par Sharjah par erreur. »

Ailleurs, se tromper de chemin aurait été sans conséquence. Dans cette région du monde, le portrait est tout autre, et le site du gouvernement canadien l'écrit sans équivoque : « Dans l'émirat de Sharjah, toute consommation ou possession d'alcool est considérée comme un acte criminel qui entraîne une poursuite judiciaire. »

C'est donc avec un coffre de voiture bien garni en alcool qu'Ève Pouliot, alors mère de deux jeunes enfants, s'est retrouvée à un contrôle routier. « J'ai eu la peur de ma vie. Je transpirais de façon incontrôlable, je voyais les policiers ouvrir les coffres des voitures devant moi et je me disais : "Je m'en vais en prison, c'est certain." »

Quand l'agent s'est présenté à la fenêtre de la voiture de la femme, il a vu les bancs pour les enfants à l'arrière. Qu'a-t-il pensé alors ? Quoi qu'il en soit, il lui a rapidement fait signe de reprendre la route.

« Je ne suis plus jamais retournée seule acheter de l'alcool là-bas », dit en riant Ève Pouliot.

Sauver son couple en Mongolie

L'aventure qu'a vécue Pierre-Luc Côté en Mongolie, où il a passé un mois avec sa blonde en 2015, est pour le moins cocasse.

« Ça faisait deux ou trois semaines qu'on était dans le pays et on avait entendu dire qu'il y avait des chamans », relate-t-il. Au terme d'« une heure de route au milieu de nulle part », le couple aboutit à une yourte où il assistera à une séance de chamanisme. « Nous étions les deux seuls touristes parmi la vingtaine de personnes présentes », dit Pierre-Luc Côté.

La séance durera trois heures. « Le chaman devenait possédé par un esprit et il parlait dans la langue de l'esprit en chantant. Les gens dans la yourte traduisaient en mongol, nous on avait un guide qui traduisait en anglais. C'était le téléphone mongol », dit-il.

Dans la noirceur et les volutes de fumée, orné de plumes, d'un masque et allumant des cigarettes « à n'en plus finir », le chaman est envahi par l'esprit. À un moment, les participants peuvent lui poser des questions.

« Les Mongols posaient des questions super pragmatiques, comme : est-ce que je vais retrouver mon cheval que j'ai perdu ? Nous, on ne savait pas trop quoi demander, alors j'ai demandé au chaman de prédire mon avenir. Je devais préciser, alors j'ai dit mon avenir amoureux », explique Pierre-Luc Côté.

Le chaman prédit le pire : quelqu'un, dit-il, va s'immiscer dans le couple, ce qui y mettra fin. Mais il offre immédiatement à Pierre-Luc de l'aider, une offre que ce dernier accepte.

« Il m'a dit de m'agenouiller. Sur sa manche, il y avait des franges qui pendaient, des sortes de lianes en cuir avec des noeuds au bout. Il s'est donné un swing et m'a donné un premier coup dans le dos avec sa manche. Ça m'a plus surpris que fait mal, mais je me demandais jusqu'où ça irait... »

Fort heureusement pour lui, l'« aide » du chaman vient à terme après trois coups. « C'était cocasse, ce n'est pas tout le monde qui a eu des châtiments comme ça », dit Pierre-Luc Côté.

Et alors ? Il est toujours en couple avec la même femme et il se réjouit aujourd'hui d'avoir assisté à une telle chose. « C'était vraiment une expérience unique, dépaysante, je me sentais comme un anthropologue qui découvre une contrée unique ! »

Pas de départ sans passeport

Sophie Rouleau-Verville n'en revenait pas. La veille, dans un souper, un ami avait raconté comment une connaissance s'était rendu compte seulement une fois à l'aéroport que son passeport était expiré. En route vers Dorval pour un voyage qui allait la mener en Espagne et en France avec son copain, elle relate l'histoire à ses parents.

« C'est là que j'ai dit "tout ça me rend parano", et j'ai sorti mon passeport. Il avait expiré le 12 septembre, on était le 22. »

« Mon coeur a arrêté de battre », relate-t-elle. Comment avait-elle pu, hyper organisée qu'elle est, oublier de vérifier son passeport si elle avait même revu la date d'expiration des Tylenol de sa trousse ?

« Je suis super prévoyante. Je fais des photocopies de tout, j'en donne à mes parents, j'en mets dans mes bagages. J'avais photocopié mon passeport, mais je n'ai jamais remarqué qu'il était expiré. »

Devant l'inéluctable, son amoureux part sans elle. Les 24 prochaines heures de Sophie seront consacrées à renouveler son passeport dans l'urgence.

« Je pleurais tout le temps. J'étais tellement désemparée, je trouvais ça tellement niaiseux. J'avais vérifié le passeport de mon chum et tenu pour acquis que le mien expirait en même temps que le sien. »

Les frais à payer pour le renouvellement express du passeport et un autre billet d'avion ont été salés, mais l'histoire s'est bien terminée. « J'ai fini par me rendre et on a fait un super beau voyage. Mon chum m'attendait à Barcelone. En le voyant, j'ai recommencé à pleurer. Lui était crampé, me demandait pourquoi je pleurais, il était déjà relax... »

Elle a repris l'avion depuis, non sans une certaine nervosité. « Je sais que mon passeport actuel est bon jusqu'en septembre 2017. »

On ne l'y reprendra pas.

Chercher l'aventure... et la trouver

Que peut-il bien arriver de mal à deux touristes qui vont se prélasser dans une petite anse des Seychelles ? Alain Beaupré y avait passé la journée avec une voyageuse rencontrée sur l'île. Tout se déroulait bien pour cet homme qui aime explorer des coins du monde moins fréquentés.

« J'étais parti à vélo et sur mon chemin j'ai rencontré une autre touriste. On a décidé de passer par la mer pour accéder à une plage. Mais on n'a pas pensé à la marée qui remontait », raconte-t-il.

Sous l'équateur, le soir tombe rapidement et, comble de malchance, Alain Beaupré s'aperçoit qu'un de ses souliers laissés sur la plage a été emporté par la mer montante. « Si t'as pas de chaussures, tu ne peux pas retourner par la mer, les roches sont trop coupantes. En plus, nos téléphones étaient à plat, on n'avait pas de lampe de poche. »

L'ex-policier en a vu d'autres. Anna, son amie voyageuse, et lui entreprennent d'escalader les rochers derrière eux pour se sortir du pétrin. « Ce sont de gros rochers de granit rose qui ne sont pas faciles à escalader. À la troisième chaîne de rochers, Anna s'est cassé un orteil, c'est devenu tout noir. Puis, en voulant sauter par-dessus une crevasse, elle est tombée entre deux rochers. Elle a failli tomber au fond. »

La jeune femme réussit à se retenir à la paroi, mais la situation se corse.

« Elle paniquait, je la tenais d'une main et j'ai réussi à la faire remonter. J'ai décidé de revenir à notre point de départ. »

La nuit se passera sur la plage, où la marée redescend lentement. Les voyageurs n'ont rien à manger ni à boire, et le sommeil sera rare. Au lever du soleil, Alain Beaupré bricole une chaussure avec une semelle et une pince à cheveux. La marée leur permet de reprendre le chemin d'où ils sont venus, par la mer.

« Comme on n'était pas rentrés la veille, les policiers, la garde côtière et les pompiers nous attendaient. Pour Anna, c'était une situation dramatique : ses nerfs l'ont lâchée, elle était déshydratée et plus affectée que moi. C'est normal, ce n'est pas moi qui ai failli tomber dans la crevasse. »

Et lui, regrette-t-il son insouciance ? « Je suis plutôt brouillon. Quand je voyage, il ne faut pas que ce soit organisé. Je recherche l'aventure, je me trouve toujours dans des situations où il va m'arriver quelque chose. »

Une traversée houleuse

Nadia Stoti et son copain Mike Couturier sont ce qu'il est convenu d'appeler des « nomades numériques » : voilà trois ans qu'ils parcourent le monde en posant le pied au Québec une fois de temps en temps.

Les aventures s'accumulent, mais du Maroc où elle nous parle, Nadia relate celle qui l'a le plus marquée, une traversée en bateau pour le moins mouvementée, entre Bali et les îles Gili. « Selon la météo, ça peut être une expérience d'enfer ou une expérience en enfer ! On est tombés sur une journée où c'était la deuxième option... »

Dans un petit bateau où s'entassent les touristes, la traversée se déroule cette journée-là sur une mer déchaînée. « Je n'ai jamais vu de vagues aussi énormes, le bateau se faisait balancer de gauche à droite, c'était comme des montagnes russes. C'était effroyable », se souvient Nadia Stoti.

À bord, rares sont ceux qui ne sont pas malades. « C'était la symphonie du vomi. Mon mari n'était pas malade, il faisait partie des deux ou trois personnes qui ne l'étaient pas et qui distribuaient des sacs pour les autres », dit-elle.

Qui plus est, Nadia doute de se trouver en sécurité à bord de cette embarcation. Pendant la traversée, une fenêtre est pulvérisée, et une vague s'engouffre.

« Tout le monde était détrempé. Le capitaine du bateau avait l'air de s'en foutre. Eux, ils avaient déjà vu ça. Je suis certaine qu'il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde. »

Plus tard, elle apprendra que d'autres, comme elle, ont vécu cette traversée comme un enfer. Toutefois, le séjour sur les îles se révèle une expérience paradisiaque qui lui fait presque oublier qu'il y aura un retour.

« J'y ai pensé pendant le séjour, je me disais envoyez-nous un hélico pour revenir d'ici ! Finalement, on a pris le même chemin, la mer était tellement calme, des gens se faisaient bronzer sur le pont, c'était la croisière s'amuse ! »

Une fin de voyage qui décoiffe

Les Philippines, dit Franck Laboue, sont réputées pour les « problèmes » de météo, mais quand il s'y est lui-même rendu fin 2014, « il était censé ne rien se passer ».

Il ne se passait effectivement rien jusqu'à la veille de prendre le traversier de l'île de Siquijor, où il se trouvait, pour reprendre l'avion vers New York, où il était attendu.

« Il a commencé à pleuvoir beaucoup. Je viens de Bretagne, alors je sais ce que c'est la pluie et je n'en ai jamais vu autant. On était en alerte de typhon de niveau trois. »

Il avait bien rencontré un couple de touristes quelques jours auparavant qui lui avaient dit que quelque chose se tramait côté météo, mais il n'y avait pas porté davantage attention...

À Siquijor, les traversiers sont cloués au quai. Quant aux hôtels, ils sont pris d'assaut dans le petit village. « Je suis tombé sur un chauffeur de moto taxi qui a bien voulu m'accueillir. J'ai donc dormi chez lui sur une planche de bois, sans électricité. »

Pendant deux jours, il ne peut qu'attendre que le typhon passe. « Il y avait énormément de vent. Déjà, les structures ont l'air frêles quand il fait beau, alors quand il pleut et il vente, c'est assez épeurant, tout vibre. J'avais hâte de partir, ça faisait trois semaines que je voyageais sac au dos », dit-il.

Malgré un vol raté et un billet à repayer, il apprend du calme des habitants de l'endroit. « J'ai loupé mon vol, mais le monsieur où j'habitais était bien tranquille. Il me disait tout va bien, relaxe. »

Et si la même chose devait lui arriver aujourd'hui, il assure qu'il prendrait le tout « avec plus de philosophie ». « Ça reste une belle aventure, même si sur le moment je n'ai pas rigolé. Ça m'a appris à être plus humble. »