Trop, c'est trop ! Les touristes ont beau générer des millions de dollars de retombées là où ils passent, ils provoquent aussi parfois la colère ou l'inquiétude des résidants. Pour la simple raison qu'ils sont... trop nombreux. Avec l'explosion du tourisme mondial est née la «tourismophobie», et l'heure est aux restrictions, sinon au bannissement, des étrangers dans certains points les plus chauds. Tour d'horizon en cinq destinations... trop populaires!

Barcelone 

«Touristes, retournez chez vous!» On trouvera difficilement moins accueillant que ce graffiti répété si souvent à Barcelone que le quotidien El Mundo en parle comme d'«un classique» de la «tourismophobie» qu'on y observe. La situation est telle que, selon les enquêtes menées par la municipalité, la surabondance de visiteurs est devenue la quatrième cause d'exode des résidants, si bien qu'un moratoire a été imposé sur la construction de complexes hôteliers d'envergure. Il faut dire que Barcelone est la ville la plus courue d'Espagne, avec 10 millions de visiteurs en 2015, une manne dont le pays peut difficilement se passer en cette période de crise: cette industrie représentait l'an dernier 15 % du PIB. - Avec El Mundo

Majorque 

La petite soeur de Barcelone, Majorque, suit ses traces et s'est révoltée à son tour contre la surabondance de touristes cet été, faisant fleurir sur certains édifices des slogans exhortant les étrangers de passage à retourner chez eux. La popularité de Majorque n'est pourtant pas nouvelle, sauf que voilà, elle a grimpé de 50 % cette année alors que les vacanciers sont effrayés par la menace d'attentats en Égypte, en Tunisie et en Turquie. Cette pression humaine accrue sur l'environnement a incité le gouvernement à adopter une taxe de 2 euros par nuitée en hébergement pour financer des projets de conservation de la nature.

Amsterdam 

Amsterdam a mis le paquet ces dernières années - 12 milliards d'euros (17,5 milliards CAN) - pour bonifier son offre culturelle, avec un succès tel que le nombre de touristes y a bondi de 20 % en cinq ans, pour atteindre 17 millions de personnes par an. C'est presque trop beau pour être vrai pour certains, mais presque trop, tout court, pour plusieurs, à commencer par le maire qui est allé jusqu'à suggérer aux visiteurs de loger dans une autre ville. «Nous ne devons plus rien faire pour attirer du monde ici», a-t-il déclaré aux médias locaux. Le budget de promotion de la ville a même été coupé. - Avec l'AFP

Islande 

Si le tourisme a sauvé l'Islande de la banqueroute en 2008, pourrait-il lui causer plus de tort que de mal en 2016? C'est ce que veulent éviter les autorités du pays en prenant des mesures sévères pour restreindre - entre autres - la location d'appartements avec le site Airbnb et la hausse conséquente des loyers. Le tourisme y a connu une hausse spectaculaire ces dernières années - une augmentation de 30 % en 2015 seulement - et on y dénombre cinq fois plus de visiteurs que d'habitants. Or, le directeur de l'office du tourisme, Ólöf Ýrr Atladóttir, tirait déjà la sonnette d'alarme en 2014, déclarant alors que la progression du tourisme était trop rapide et que les infrastructures étaient insuffisantes pour y faire face, suggérant même que le nombre de visiteurs soit limité pour protéger les écosystèmes les plus fragiles. Source: Grapevine.is

Thaïlande 

Aux grands maux les grands moyens: la Thaïlande ne s'est pas limitée à réduire le nombre de visiteurs admis sur la plage de Koh Tachai, elle les a carrément bannis le 10 mai dernier. Indéfiniment. Trop nombreux - il n'était pas rare d'y voir plus de 1000 vacanciers par jour, pour une capacité évaluée à tout juste 70 par le gouvernement -, les touristes étaient en train de détruire, littéralement, ce qu'ils étaient venus voir. «Si nous ne la fermons pas maintenant, nous allons perdre Koh Tachai de façon permanente», a déclaré le directeur des parcs nationaux au Bangkok Post. D'autres îles pourraient d'ailleurs subir le même sort prochainement. - Avec The Guardian et The New York Times

Photo archives AP

Quelque 17 millions de personnes par an visitent Amsterdam.