Comment expliquer que le prix d'un billet d'avion fluctue beaucoup pour un même vol? Si les passagers ont parfois l'impression de jouer à une loterie aérienne, la fixation des prix - qui peuvent diminuer ou augmenter en 24 heures - est pourtant loin d'être le fruit du hasard.

> En graphique: Évolution du prix d'un billet Montréal-Paris

«Les compagnies aériennes ne sont pas naïves par rapport au prix qu'elles facturent, affirme Paul Arseneault, titulaire de la chaire de tourisme Transat ESG-UQAM. Elles connaissent la demande, l'historique et la conjoncture.» Ainsi, lorsque les transporteurs ont des indications voulant que pendant une semaine, voire une journée, la demande est plus forte en raison d'une fréquentation élevée de leur site internet ou de la tenue d'un événement précis dans une ville, ils vont immédiatement augmenter les prix. Et ceux-ci peuvent redescendre à peine quelques jours plus tard si Miami, Paris ou Mexico sont soudainement moins populaires.

Air Transat et Air Canada le confirment, c'est l'offre et la demande qui fait que les prix fluctuent. «Les prix sont tout d'abord fixés par le transporteur aérien ou le voyagiste en tenant compte des coûts d'exploitation (fixes et variables), ainsi que d'une mince marge de profits, explique Debbie Cabana, porte-parole d'Air Transat. Le prix peut par la suite subir des fluctuations, à la hausse comme à la baisse, selon le taux de remplissage et la vélocité des ventes.» «La fluctuation des prix des billets varie selon les marchés, les saisons et les destinations, ajoute Isabelle Arthur, porte-parole d'Air Canada. Généralement, les milieux de semaine (mardi, mercredi) sont les journées où vous pourriez trouver des tarifs plus bas, et parfois aussi les samedis selon les marchés.»

Des bons prix, en quantité limitée

Bien malin celui qui connaît la recette magique pour acheter les billets au meilleur prix. Selon Paul Arseneault, le fait de réserver son siège longtemps d'avance permet néanmoins bien souvent d'éviter une facture salée. «Le prix du billet le moins cher affiché longtemps à l'avance par le transporteur peut difficilement être battu», estime-t-il.

Plusieurs mois d'avance, lorsqu'un transporteur rend un vol disponible entre Montréal et Paris, par exemple, il affiche au départ toutes ses grilles tarifaires. S'il a une quinzaine de sièges disponibles à 500$, il les mettra alors immédiatement en vente. Une fois qu'ils auront tous trouvé preneur - souvent rapidement -, il sera impossible pour la compagnie d'en vendre d'autres au même prix. Il restera donc ceux à 700$, 800$, 900$...

Et que ceux qui croient que de réserver sa place à la dernière minute est un bon plan se le tiennent pour dit: «Si vous avez besoin d'un billet au dernier moment, le transporteur sait que vous êtes mal pris, souligne le titulaire de la Chaire de tourisme. Il sait donc pertinemment que vous êtes prêts à le payer, peu importe le prix.»