Salade de pomme, céleri rave et fromage dit «Pas de bleu"; filet de lieu jaune poché avec champignons sautés, sauce au vin blanc du Sussex: le chef français Raymond Blanc, vedette du petit écran anglais, a élaboré les nouveaux menus de l'Eurostar à base de saveurs anglo-franco-belges.

«La nourriture dans les trains a mauvaise réputation. Ma mission est de l'améliorer», a explique Raymond Blanc, lors d'une interview à l'AFP mercredi à Londres.

Concocter des nouveaux menus pour l'Eurostar, «c'est aussi une façon de célébrer l'Entente cordiale», ajoute le chef qui vit depuis les années 70 au Royaume-Uni, où il est devenu une star grâce à ses émissions télévisées culinaires et son enthousiasme débordant.

Depuis mercredi, les passagers de l'Eurostar qui voyagent en classe affaires (Business Premier) peuvent déguster un plateau repas élaboré par les soins du chef, deux étoiles au Michelin avec son restaurant anglais Le Manoir aux Quat' Saisons.

Les produits sont principalement français au départ de Paris, comme ces rillettes de saumon avec raifort et têtes de chou-fleur; britanniques au départ de Londres, avec un camembert du Somerset, au goût un peu fade; et belges au départ de Bruxelles, comme cette salade au fromage «Pas de bleu».

Les plats, à base de produits saisonniers, sont préparés, sur les conseils du chef, dans les trois cuisines Eurostar: en Bourgogne (centre-est de la France), dans le Sussex (sud de l'Angleterre) et à Bruxelles.

«La nourriture étant préparée à l'avance et le plat principal réchauffé, c'est un défi», reconnaît Raymond Blanc. Du coup, «j'ai décidé d'exclure les produits délicats et de me concentrer sur la nourriture aux saveurs fortes, avec beaucoup de personnalité, comme le fromage, les sardines, les pommes, les poires», explique-t-il.

«Je veux de la nourriture simple. Vous avez moins de risque de la saboter», ajoute-t-il, jonglant entre français et anglais dans la même phrase.

Il affirme ne pas avoir «peur d'être critiqué par ses pairs» pour se lancer dans la restauration ferroviaire: «Je me suis lancé dans ce projet avec mon coeur, avec mon éthique».

Son ambition de toute façon n'est pas de «faire concurrence aux restaurants». «Je compte en revanche rivaliser avec les plats servis en classe business dans les avions», ajoute-t-il, reconnaissant qu'il espère aussi profiter de cette expérience pour se faire connaître dans son pays natal et y ouvrir peut-être à terme un restaurant.