Air France doit comparaître en janvier devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour discrimination, assigné par une passagère qui avait été débarquée d'un avion après qu'elle eut répondu à des questions de l'équipage qu'elle n'était ni Israélienne ni juive.

L'examen au fond a été fixé jeudi au 17 janvier à 13h, a-t-on appris auprès des avocats des deux parties. La compagnie comparaît après une citation directe, une procédure qui permet à une victime présumée de saisir directement un tribunal.

La passagère, Horia Ankour, une élève-infirmière de 30 ans, avait embarqué le 15 avril à Nice sur un vol pour Tel Aviv afin de participer à une opération «Bienvenue en Palestine» organisée par des militants pro-palestiniens, en grande majorité refoulés par les autorités israéliennes.

Alors qu'elle était assise dans l'avion, «une préposée d'Air France est venue lui poser une première question afin de savoir si elle était titulaire d'un passeport israélien», selon l'assignation que l'AFP a consultée.

«La réponse étant négative, la préposée d'Air France lui a alors demandé de quitter son siège et de la suivre dans un endroit plus isolé», précise ce texte. L'agente de bord a alors «demandé si elle était de confession juive».

Mme Ankour a rétorqué que non. «Suite à cette réponse, il lui a été enjoint par la préposée d'Air France de quitter l'avion», indique l'assignation.

La passagère a alors réclamé une attestation de non embarquement à la compagnie. Ce document fait état des deux questions posées mais indique également qu'elle «n'a pas embarqué (...) suite (à un) refus d'entrée de territoire israélien par les autorités».

Mme Ankour a été débarquée «sur la base de ces deux critères et non après une demande de l'État d'Israël la visant spécifiquement», soutient son avocat Patrick Baudoin, qui prévoit d'appeler cinq ou six témoins, dont le commandant de bord. «C'est une discrimination sur la base de la religion et de la nationalité», affirme-t-il.

«C'est une aberration que d'évoquer une discrimination», selon l'avocat d'Air France, Fabrice Pradon. «Les compagnies ont l'obligation de respecter les listes dites de "persona non grata" dans un pays en vertu de conventions internationales, sous peine d'amende», plaide-t-il.