Des lacs à profusion et des épinettes à perte de vue. Voilà le panorama qu'offre la route 175 reliant Québec à Saguenay. Pour les voyageurs, c'est monotone à mort. Une longue étape à franchir. Or, la plupart d'entre eux ne se doutent pas qu'à quelques kilomètres de la «route du Parc», à une trentaine de minutes de Québec, une vallée glaciaire, l'une des plus belles en Amérique du Nord, brise de façon spectaculaire la monotonie du paysage.

Ici, en plein coeur du massif des Laurentides, les puissantes forces tectoniques ont provoqué des fractures dans l'écorce terrestre, créant des entailles profondes sculptées par le passage des glaciers. Le témoin le plus spectaculaire de cette architecture naturelle, c'est la vallée de la Jacques-Cartier, située au coeur du parc national de la Jacques-Cartier, un vaste territoire sauvage de 670 km2.

Pour la première fois cet hiver, raquetteurs et skieurs pourront explorer cette gorge sous un tapis de neige. Le chemin de la Vallée, unique voie d'accès aux spectaculaires parois escarpées, sera désormais déblayé. Le Centre de découverte et de services, fraîchement rénové, accueillera les visiteurs pendant la saison froide. Des dizaines de kilomètres de sentiers s'ouvrent ainsi aux adeptes de plein air.

«Ce joyau naturel demeure méconnu des Montréalais qui ont l'habitude, lors de leurs déplacements à Québec, d'emprunter l'axe Chute-Montmorency/Côte-de-Beaupré/Charlevoix. Pourtant, nous ne sommes qu'à 40 km de Québec, une distance qui permet facilement des escapades à la journée», affirme Mathieu Brunet, directeur du parc national.

Opération séduction

Pour séduire les Montréalais, le parc a plus d'un atout dans son jeu. D'abord, de la neige en quantité astronomique. À une semaine de Noël, pendant que Montréal et Québec recevaient encore de la pluie, un bon manteau blanc recouvrait déjà ses montagnes. Assez pour s'adonner au plaisir de la raquette. Le massif des Laurentides profite de conditions d'enneigement parmi les meilleures du Québec, une moyenne de six mètres de neige par saison. Ici, les orignaux passent toujours un Noël blanc.

Le deuxième atout, ce sont les décors de carte postale. Sur la route panoramique de 10 km qui mène aux portes de la vallée, les paysages laissent sans voix. Au volant, on longe les eaux tantôt calmes, tantôt agitées de la rivière Jacques-Cartier, tandis qu'au loin, on aperçoit les montagnes ceinturant la vallée. Sans contredit l'une des plus belles routes du Québec.

Mais attention, les orignaux ne sont pas seulement sur les panneaux. C'est l'un des meilleurs endroits dans tout le Québec pour les observer, car ils sont nombreux (4 aux 10 km2) et habitués aux visiteurs (rappelons que le parc ouvre ses portes en été depuis belle lurette). Lors de mon arrivée, Caroline Gaudreault, responsable du service à la clientèle, avait aperçu cinq orignaux le matin en arrivant au travail. Qui dit mieux?

Une profusion de sentiers

Le parc compte 11 sentiers hivernaux, pour un réseau totalisant 58,3 km. Toutefois, dû à leur éloignement du Centre de découverte et de services, point de départ de la plupart des excursions, certains sentiers exigent une longue marche d'approche avant de s'y attaquer. Ils sont ainsi réservés aux raquetteurs en excellente forme physique.

À ne pas manquer: le sentier Les Loups (10 km aller/retour), qui mène à la montagne de la Sautauriski (723 m) pour nous offrir des panoramas incroyables. Pour s'y rendre, il faut d'abord marcher 4 km sur le chemin de la Vallée, dont la portion plus au nord du Centre de découverte et de services n'est pas déblayée. C'est une randonnée de 19 km, ou 14 km si on s'arrête au premier belvédère, mais ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout.

Toutefois, d'autres sentiers se révèlent plus accessibles.

- Le Confluent, splendide boucle de 1,6 km qui arpente un écosystème forestier exceptionnel sur une pointe de terre entre les rivières Jacques-Cartier et Sautauriski.

- Les Cascades, une autre boucle de 4,3 km qui longe un ruisseau endiablé pour nous gratifier, en chemin, d'une vue surplombant la vallée.

- L'Éperon (5,5 km), un tracé qui procure une enfilade de points de vue sur les rivières à l'Épaule et Jacques-Cartier.

Hébergement

Côté hébergement, trois chalets, cinq yourtes et cinq camps rustiques sont désormais accessibles en voiture dans le secteur de la Vallée. Mon coup de coeur: le chalet Moyen Kernan, qui dispose d'une cuisine complète, d'un poêle à bois, de l'électricité et de trois chambres à coucher. Il se trouve à la jonction des rivières Jacques-Cartier et à l'Épaule, dans un décor tout simplement féerique. Des sentiers de raquette partent de la porte du chalet et des orignaux gambadent dans le secteur...

Petit conseil: garder toujours un appareil photo à portée de main.