C'étaient les années 60 dans toute leur splendeur. Tandis que la moitié de notre continent n'avait d'yeux que pour les aventures de Spoutnik ou d'Apollo, l'autre moitié effectuait le chemin inverse en pratiquant le culte de l'art primitif et de l'anthropologie 101.

En 1959, lorsque Hawaii devient le 50e État des États-Unis, l'Oncle Sam découvre un nouveau paradis terrestre, un septième continent consommable situé, comme disait l'autre, «sous le soleil exactement».

Pendant une quinzaine d'années, la culture Tiki - ou «pop polynésienne» - envahira l'Amérique du Nord. Dûment récupérée par le kitsch, elle s'américanise pour mieux plaire au touriste, qui ramène de sa lune de miel les plus beaux articles pour son bungalow. Sur les murs de son salon, M. Smith accroche des palmiers sur velours noir achetés à l'aéroport d'Honolulu. Les tasses à café de Mme Brown sont à l'effigie de Tiki, le mythique dieu maori, cousin germain des statues de l'île de Pâques. Tendance oblige, Elvis tourne Blue Hawaii et Aloha from Hawaii, pendant que Gilligan's Island et Hawaii Five-0, deux séries (désormais) cultes, tiennent place dans le même décor enchanteur.

Comme toute mode, celle-ci ne durera hélas! qu'un temps. Au milieu des années 70, la vogue American Tiki Style disparaît progressivement. Les 33-tours de musique hawaiienne se retrouvent dans les bacs des disquaires d'occasion et les bars polynésiens voient leur clientèle les déserter progressivement. Aujourd'hui, quelques lounges et restaurants Tiki subsistent. Mais ils sont rares et il faut savoir où les trouver. Avec une voiture et un peu de flair, il y a tout de même moyen de dénicher l'oasis de vos rêves...