Prudents et vigilants, les Américains rencontrés lundi près des grands sites touristiques européens affirmaient tout de même passer des moments «merveilleux», avec la volonté de ne pas céder à la panique face à la menace d'attentats.

Au pied de la Tour Eiffel, Eileen Carbrello, 60 ans, déambule avec une amie, levant les yeux vers le monument le plus visité au monde, décrit comme une cible de possibles attentats dans des médias américains.

«Nous avons décidé de ne pas monter en haut de la Tour Eiffel en raison de ce qui pourrait arriver», explique cette touriste venue de Virginie, devant l'édifice de métal de 324 mètres de haut, objet de deux alertes à la bombe en septembre.

«Mais elle est très belle vue d'en bas. On se sent en sécurité ici et on passe quand même du bon temps», assure-t-elle, tandis que les visiteurs se pressent en nombre pour accéder aux étages et admirer Paris d'en haut.

La plupart de ses compatriotes se montrent en effet moins timorés. «Je suis ici et je vais tout voir. Je ne vais pas rester à l'hôtel. Je suis de New York vous savez, et on a appris à vivre avec ça», commente Lyz Odell, 63 ans, après avoir entendu les mises en garde du département d'État américain.

Les États-Unis ont averti dimanche les Américains voyageant en Europe contre des «risques potentiels d'attentats terroristes», suivis par le Japon lundi. «Les informations actuelles laissent penser qu'Al-Qaeda et des organisations affiliées continuent de préparer des attentats terroristes», a indiqué le département d'État américain.

«Nous passons un moment merveilleux», s'enthousiasme Renee Lavine, 50 ans, en visitant le British Museum à Londres. «Vous ne pouvez être un terroriste que lorsque les gens sont terrifiés et je refuse d'être terrifiée», clame cette femme venue de Fort Worth au Texas.

Elle et son mari David, 64 ans, comptent bien se rendre ensuite à Paris, comme prévu. «Je suis préoccupé mais je ne vais pas m'arrêter de vivre», résume ce dernier.

Cette volonté de résister à la menace se retrouvait aussi à Rome, autre destination de prédilection des touristes américains.

«En tant qu'Américains, avec les attentats du 11 septembre, nous sommes habitués à la prendre au sérieux», explique Tiffany Anthony, chirurgien de Dallas, de passage à Rome. «Mais on n'est pas en alerte en vacances, et voyager en avion ne nous a pas inquiétés. Nous sommes peut-être plus en sécurité ici qu'à la maison!», lance-t-elle.

La plupart des gouvernements européens ont approuvé la mise en garde américaine. Seule l'Allemagne a fait entendra sa différence, en assurant qu'il n'y avait «aucune raison d'être alarmiste».

Devant les vestiges du Mur de Berlin, sur la Potsdamer Platz, les touristes américains sont tout de même vigilants.

«Oui, on est inquiets mais ils ne vont pas réussir à nous effrayer. On fait juste plus attention, on garde l'oeil ouvert sur tout ce qui paraît suspect... L'Allemagne est un pays très sûr», juge Tim Souza, 51 ans, ingénieur de Californie.

Mark Yblood, cadre commercial texan de 61 ans, est venu passer des vacances avec son épouse Darlene. «On ne va pas laisser les terroristes changer nos plans et notre façon de vivre. Il faut juste faire attention et surveiller ce qui se passe autour de soi», assure-t-il.

Face à la menace, cependant, certains choisissent de s'en remettre à Dieu, comme Catherine Alsano, du New Jersey. «Je ne suis pas inquiète. Simplement, je prie. Je prie tous les jours pour que Dieu nous protège des terroristes», confie-t-elle devant la fontaine de Trevi, à Rome.