NDLR: Il n'y a pas juste les bonbons qui sont mélangés, la chronique de la semaine dernière et celle d'aujourd'hui ont été interverties par mégarde.

Cette semaine, trêve d'écriture: je suis en vacances! Alors je vous propose des petites douceurs, glanées ici et là, hors contexte et sauvegardées sur des cartes professionnelles, des bordures de brochures ou des cartons d'allumettes....

Alex est un guerrier masaï. Le jour, il oeuvre comme guide de safari, en Tanzanie. Et il lui arrive de vivre des expériences singulières, comme dernièrement, lorsqu'il a reçu la visite d'un client, qui semblait pressé et nerveux.

L'homme désirait faire le tour du parc de Tarangire seul, à bord d'un véhicule avec des fenêtres teintées. Alex, qui n'était pas du tout d'accord, a réussi à le convaincre d'emprunter un véhicule ouvert, beaucoup plus excitant... Et parce qu'il ne dispose pas de camion avec des vitres teintées, de toute manière!

Après la visite, qu'Alex qualifie de très réussie (des lions, des impalas, des buffles, et des oiseaux magnifiques), le client, satisfait, tire de son sac un t-shirt noir, avec SON visage imprimé dessus. Il le signe au bas (TO ALEX WITH LOVE!!!) et le lui offre, avec une grande claque dans le dos... Alex ne comprend pas. Il aurait préféré un pourboire, mais le remercie tout de même. Et ils se quittent.

Alex me demande alors, le plus simplement du monde:

«Qui est Phil Collins?»

Une campagne de publicité tanzanienne contre le sida propose aux hommes de «jouer au soccer au lieu d'avoir du sexe».

Dites-moi: c'est si amusant que ça, le soccer?

Un vétérinaire norvégien, rencontré au sud du Rwanda, et membre de la charitable WWF (celle qui sauve des animaux, pas celle qui se chamaille en caleçons dans des arénas) rentrait un matin à Kigali, à bord d'un luxueux taxi, payé par sa compagnie. Et moi, j'allais dans la même direction, le même jour. Fantastique!

Mais le bienfaisant environnementaliste ne m'a même pas offert d'embarquer dans son taxi...

Peut-être que si j'avais été un panda?...

Simon est australien. Il est propriétaire d'un lodge pour gens fortunés, en Tanzanie. Il me parle d'une nouvelle tendance, chez les touristes qui visitent l'Afrique.

«Les touristes veulent visiter un orphelinat.

- Pourquoi?»

Simon ne comprend pas.

«Je ne sais pas! Culpabilité, phénomène de mode, philanthropie? Avant de partir du lodge, ils INSISTENT pour visiter un orphelinat. N'importe lequel!

- Et ça cause un problème?

- Mets-en! Avant, ici, il n'y en avait pas, des orphelins...

- Et maintenant?

- Maintenant, on trouve des tas d'orphelinats, gérés par le secteur privé: des édifices flambant neufs, remplis d'enfants qui jouent avec des ordinateurs...

- Des orphelins?

- C'est ce qu'on raconte sur les dépliants!

- D'où sortent-ils?

- Je ne sais pas, Bruno... Peut-être de l'imagination des bons touristes?»

À l'aéroport de Nairobi, dans une salle d'attente réservée pour eux, des soldats américains patientent, entre deux vols. Ils sont une cinquantaine, tous en uniforme de camouflage, prêts à partir au combat. De loin, on pourrait facilement être intimidé par le groupe de combattants... Mais de près, on peut les entendre rigoler, comme des gamins, assis par terre; trois ou quatre lisent des bandes dessinées, plusieurs jouent au Nintendo ou au PSP, et d'autres s'amusent à se lancer des boulettes de papier.

De près, je me dis que l'un d'entre eux pourrait être mon fils.

Parlant de mon fils, vous êtes plusieurs à me demander de ses nouvelles, merci! Rapidement, disons que Boris a abandonné son boulot de serveur à Perth pour aller travailler dans un vignoble au sud, près de Albany. Son salaire de 19 dollars de l'heure n'était pas suffisant pour vivre à Perth et épargner de l'argent.

«Un lit, papa, dans un dortoir à quatre lits, coûte 24 dollars par soir... Et une bière dans un bar coûte 10 dollars!»

Alors que, sur la ferme, le logement est gratuit, les heures de travail sont nombreuses et les distractions, rares. Bref, il dit que la vie est bonne avec lui, mais qu'il s'ennuie un peu de son papa.

«C'est vrai?

- J'aimerais ça que tu rencontres mes chums écossais et qu'on sorte boire un pichet de Swan au Shed.

- D'accord... Autre chose?

- Et j'aimerais ça que tu me rapportes, de Bangkok, un nouveau téléphone cellulaire Nokia, des sous-vêtements Jockey et deux paires de jeans Levis 503, mon papa chéri!

- Je me disais bien aussi...»

Alors, son papa chéri, qui est de passage en Asie et qui profite de trois semaines de pause avant son prochain tournage au Pérou, a acheté le téléphone, les bobettes et les pantalons.

Paraît que c'est joli, l'ouest de l'Australie...

Vous venez?