Qu'elle soit argentique ou numérique, on ne s'y trompe pas: la photographie demeure un art subtil où chaque détail est important. Et même si les nouveaux appareils photo simplifient grandement l'opération, un chef-d'oeuvre n'est jamais facilement obtenu. Voici donc quelques conseils d'un professionnel émérite pour améliorer la prise de photos.

1. Voir la photo avant de cadrer

Bernard Brault est un photographe avec 25 années de carrière sous la cravate - notamment au quotidien La Presse - et qui a été plusieurs fois primé à l'échelle nationale et internationale. Son premier conseil: voir la photo avant de la prendre. «C'est comme si on avait une caméra dans l'oeil, dit-il. Une fois qu'on a vu la photo, on sort l'appareil et on la saisit.» Pour bien cadrer, il recommande de se fier davantage au viseur optique qu'à l'afficheur ACL. Comme les appareils automatiques en sont généralement dépourvus, il est suggéré de prendre le temps de bien observer la scène à l'oeil nu avant de faire un cliché.

 

2. Éviter d'utiliser le flash

Dans la majorité des cas, le flash intégré aux appareils photo n'est bon qu'à très courte distance - à un mètre environ devant l'objectif. Plus près, il surexpose le sujet, tandis que plus loin, il fait l'inverse. Bref, au lieu de laisser le mode automatique se charger de faire surgir un flash qui ruinera votre photo, essayez de jouer avec la sensibilité du capteur de votre appareil en faisant varier sa valeur ISO. Comme dans le temps des appareils à films, cette valeur permet d'augmenter ou réduire la quantité de lumière qui se rendra à la photo finale. Cette valeur peut varier de 100 à 3200, sur les appareils un peu plus récents, mais la plupart des modèles automatiques ne sont pas très performants au-delà de 800 ISO. Une photo prise à la lumière du soleil peut être faite avec une valeur ISO de 100 ou 200, tandis qu'une photo prise à l'intérieur ou quand il fait sombre peut être faite avec un ISO de 400 ou 800. Les valeurs plus élevées se traduisent souvent pas un bruit numérique accru sur les photos - des pixels rouges et bleus qui viennent s'insérer dans les zones plus sombres de l'image.

3. Se limiter au zoom optique

Les objectifs des appareils automatiques étant de plus en plus compacts, leur capacité de rapprochement (zoom) sera souvent limitée, au profit d'un zoom numérique qui, lui, grossit les pixels qui se trouvent au centre de l'image. C'est pourquoi Bernard Brault recommande de se limiter au zoom optique, si le but de l'opération est de prendre une photo de très haute qualité. «Si l'important est simplement d'avoir une image, alors c'est moins grave», nuance-t-il. Le zoom numérique utilise un effet de grossissement des pixels, donc même à très haute résolution, la photo sera de moins bonne qualité. Si on désire réellement grossir une portion de l'image, on pourra toujours le faire par la suite avec un logiciel de retouche, sans avoir à utiliser cette fonction au moment de prendre la photo.

4. La résolution n'est pas le seul critère important

Les capteurs numériques les plus modernes offrent une résolution dont on ne pouvait que rêver il y a deux ans à peine: des images de 10, 12 ou 15 mégapixels sont aujourd'hui monnaie courante. La quantité de pixels enregistrés ne devrait cependant pas être le seul critère évalué au moment de l'achat, rappelle le photographe professionnel. Surtout que les photos qui finiront par être imprimées le seront généralement dans un petit format de 10 x 15 cm, ou de 15 x 20 cm tout au plus. Au moment de magasiner son prochain appareil, il est peut-être plus sage d'opter pour un modèle qui serait un peu moins performant de ce côté, mais qui offre d'autres avantages plus utiles, comme un téléobjectif plus puissant, par exemple.

5. Des fichiers JPEG de haute qualité

Les fichiers d'images que produisent les appareils un peu plus haut de gamme peuvent avoir différents formats, du bon vieux JPEG au format brut (RAW), en passant par un format intermédiaire, le TIFF, qui est un compromis entre les deux. Ces deux derniers formats sont particulièrement intéressants si on aime effectuer des retouches par la suite, à partir d'un PC. Le format RAW est grandement apprécié des photographes professionnels parce qu'il permet de retravailler certaines caractéristiques spécifiques d'une photo, comme l'équilibre des blancs, surtout. Mais pour la majorité d'entre nous, c'est du superflu, juge Bernard Brault. Un fichier sauvegardé dans un format JPEG de haute qualité est amplement suffisant, selon lui. En prime, il prend beaucoup moins d'espace sur la carte mémoire, ce qui permet de prendre davantage de photos avant qu'elle ne soit pleinement chargée.

6. Pensez à contrôler la vitesse d'obturation

Le mode tout automatique a ses avantages: pas de casse-tête, tout se règle tout seul. Pour les photographes qui aimeraient cependant pousser l'audace un peu plus loin, il est habituellement possible de ne contrôler qu'un seul paramètre de la prise de photo, que ce soit l'ouverture focale, le temps d'obturation ou autre (on peut évidemment en contrôler plus d'un à la fois). Mais le premier à maîtriser serait la vitesse d'obturation, pense notre pro de la photo, puisque ça permet de mieux saisir des détails intangibles comme le mouvement. Pratique quand on désire prendre une photo d'un sujet qui bouge et qu'on aimerait que ça paraisse sur la photo finale. Dans d'autres circonstances, ça peut réduire l'utilisation du flash, et produire des images étonnamment colorées.