Cela fait déjà un bon moment que je caresse l'idée de passer quelques jours auprès de grands présidents américains, comme George Washington et Thomas Jefferson. M'y voici. Je profite d'une des plus belles fins de semaine du printemps pour parcourir à pied les principaux sommets de la chaîne présidentielle, dans les White Mountains, au New Hampshire.

La petite aventure sportivo-géographico-historique commence au nord de la chaîne présidentielle, au bas du mont Madison. Après plusieurs heures d'ascension soutenue dans la forêt, nous arrivons à un premier refuge, administré par l'Appalachian Mountain Club (AMC), doté d'une salle à manger, de deux grands dortoirs et de quelques étudiants qui s'occuperont du souper et du petit-déjeuner. Le bonheur! C'est toutefois un bonheur qui se paie (autour de 95$US la nuit) et qui se doit se réserver.

Une fois franchis les quelque 150 mètres qui nous séparent du sommet du mont Madison, la vue est magnifique.

Je consulte mes notes glanées sur Wikipédia. James Madison était donc le quatrième président américain, un démocrate-républicain qui a dirigé le pays de 1809 à 1817.

Nous redescendons tant bien que mal au refuge pour le souper. C'est que le sommet du mont Madison, comme plusieurs autres sommets de la chaîne présidentielle, semble n'être qu'un amoncellement de pierres angulaires, instables.

La nuit se passe sans histoires et sans trop de ronflements. Les responsables du refuge nous réveillent à 6h30. Côté météo, nous sommes chanceux: ni trop chaud, ni trop froid, ni trop venteux, et les probabilités de pluie sont assez faibles.

Il fait souvent très mauvais sur la chaîne présidentielle. En fait, c'est sur le mont Washington qu'on a enregistré le plus fort vent sur la planète. C'était en avril 1934, et la brise atteignait 371 km/h.

Nous sommes prêts à tout, puisque nous passerons toute la journée au-dessus de la ligne des arbres. Nos sacs contiennent des lainages et des vêtements imperméables, mais nous quittons le refuge en shorts et t-shirts.

Je fais un petit détour pour gravir le mont John Q. Adams, un petit sommet secondaire nommé en l'honneur de John Quincy Adams, qui n'a occupé le pouvoir que pendant un mandat, de 1825 à 1829.

Le mont Adams, tout à côté, est beaucoup plus sérieux. À 1760 mètres, c'est le deuxième plus haut sommet de la chaîne présidentielle après le mont Washington. John Adams (le papa de John Q.) était le deuxième président américain, de 1797 à 1801.

Il faut descendre de 250 mètres avant de remonter vers le mont Jefferson. En chemin, une petite surprise: il faut traverser une grosse plaque de neige qui fait près de deux mètres d'épaisseur. L'été n'est pas encore arrivé ici!

Le mont Jefferson, à 1741 mètres, nous accueille. Thomas Jefferson est reconnu comme un des pères de l'indépendance et le principal rédacteur de la constitution américaine.

Une controverse nous attend sur le sommet suivant, le mont Clay. Henry Clay n'a jamais été président, mais c'était un politicien qui aurait eu des ambitions en ce sens. En 2003, le New Hampshire a légiféré pour renommer la montagne du nom de Ronald Reagan, mais la US Geological Survey Commission tarde à entériner le changement. Quoi qu'il en soit, il fait beau, assez chaud, et le mont Clay se révèle l'endroit idéal pour un goûter et une petite sieste.

Nous nous attaquons maintenant au mont Washington, un géant de 1917 mètres. En chemin, nous croisons des skieurs qui essaient d'allonger leur saison sur de petites plaques de neige dans les ravins.

L'arrivée au sommet du mont Washington demeure une grande déception pour les randonneurs: on y trouve des parcs de stationnement, une boutique de souvenirs, un restaurant. Rien de bien bucolique. Nous faisons quand même honneur au restaurant et c'est à l'abri du vent que je consulte mes notes: George Washington a vaincu les Britanniques avant d'être choisi comme premier président américain. Très populaire, il a rempli deux mandats, de 1789 à 1797.

Il faut faire encore trois kilomètres pour atteindre le prochain refuge, qui porte le poétique nom de Lakes of the Clouds (les lacs des nuages).

Notre entamons notre dernière journée sur le mont Monroe, nommé en l'honneur de James Monroe, le cinquième président américain, de 1817 à 1825.

Le sentier est beaucoup plus facile: il n'y a presque plus de ces grands champs de roches qui menacent les chevilles. Et nous amorçons la descente vers la vallée.

Nous faisons un immense saut dans le temps en arrivant sur le mont Eisenhower. Dwight Eisenhower a été président de 1953 à 1961. C'est en 1972 qu'on a nommé cette montagne en son honneur. Elle s'appelait auparavant le mont Pleasant, et ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi: il s'agit d'une petite montagne au sommet arrondi, couvert de lichen et de petites fleurs, très agréable.

Notre dernier sommet, le mont Pierce, a pris ce nom en 1913 à la suite d'une décision du New Hampshire. Franklin Pierce, président de 1853 à 1857, provenait de cet État. Ironiquement, la montagne s'appelait jusqu'alors le mont Clinton, du nom d'un gouverneur de l'État de New York du début du XIXe siècle.

Nous redescendons maintenant sous la ligne des arbres. Fini, les vues à 360 degrés! Nous retrouvons cependant avec plaisir les arbres, les buissons, le feuillage, les petits ruisseaux.

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