Fragilisées par la crise économique depuis septembre, les compagnies aériennes et touristiques voient désormais planer la menace de la grippe porcine qui pourrait provoquer un recul encore plus marqué des voyages.

Signe de l'inquiétude, les actions des transporteurs aériens et voyagistes chutaient lundi en Bourse, les investisseurs craignant que touristes et hommes d'affaires n'annulent leur déplacement.

À la mi-journée, Air France-KLM chutait de plus de 7 %, British Airways de plus de 8 % et l'allemande Lufthansa de plus de 10 %. En Asie, Japan Airlines et Cathay Pacific ont perdu respectivement 5,2 % et plus de 8 % à la clôture.

Le groupe hôtelier français Accor et des voyagistes comme TUI Travel ou Thomas Cook étaient également sévèrement sanctionnés en Bourse.

Leurs consoeurs américaines devraient subir le même sort à l'ouverture de la Bourse de New York.

En 2003, l'épidémie de pneumonie atypique (SRAS) avait eu un impact sévère sur l'industrie du tourisme. Le nombre de voyageurs internationaux s'était alors replié de 1,4 %, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT).

En mai de cette année-là, le trafic aérien des compagnies d'Asie-Pacifique - foyer de cette maladie - avait chuté de près de 50 %, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), représentant quelque 230 compagnies soit 93 % du trafic international. Elle estime que les transporteurs de cette zone avaient perdu six milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2003.

Cette fois-ci, dans l'hypothèse où la grippe porcine, qui a éclaté au Mexique, reste circonscrite géographiquement, les transporteurs américains et latino-américains devraient être les plus fortement touchés. Le Mexique est un lieu de villégiature particulièrement prisé par les touristes en provenance des États-Unis.

En seconde position, viennent les compagnies européennes, l'espagnole Iberia en tête, estime un analyste français. Le leader du marché des liaisons entre l'Europe et l'Amérique latine affirmait toutefois lundi ne pas avoir détecté d'annulations de vols. «Nos vols opèrent normalement», a déclaré une porte-parole à l'AFP.

Suivent ensuite dans l'ordre par rapport à la menace, British Airways aux liens étroits avec les États-Unis, l'allemande Lufthansa et Air France-KLM. Les compagnies asiatiques devraient être un peu plus épargnées du fait de leurs relations moins étroites avec l'Amérique centrale.

En Europe, les tour-opérateurs se montraient prudents sans toutefois céder à la panique. Premier à réagir, le géant allemand TUI a décidé d'éviter jusqu'au 4 mai inclus toute visite de Mexico et d'offrir à tous les voyageurs en partance pour le Mexique des changements de destination.

La grippe porcine survient à une période déjà particulièrement difficile pour l'industrie du voyage, entreprises et particuliers tendant à resserrer leurs budgets.

Ainsi, l'OMT prévoit en 2009 au mieux une stagnation du tourisme international et n'exclut pas un déclin de 2 %, après avoir vu sa croissance ralentie à 2 % en 2008.

Il y a un mois, IATA prédisait déjà que les compagnies aériennes vivraient l'une des années «les plus dures» de leur histoire en 2009. Elles pâtissent de la dégringolade du trafic du fret - en raison de la contraction des échanges mondiaux - et de passagers - les plus lucratifs d'entre eux, les hommes d'affaires, réservant notamment désormais des places à l'arrière, moins chères.

IATA prévoyait alors un effondrement de 12 % du chiffre d'affaires à 467 milliards de dollars. En 2001, année noire du transport aérien après les attentats du 11 septembre, il avait baissé d'environ 6 %.