Selon la direction d'Air Canada, le lancement d'une liaison quotidienne sans escale entre Montréal et Genève préfigure un retour en force du transporteur sur la plaque tournante de Montréal. «Nous avons décidé de reprendre la place qui nous revient à Montréal», annonce Claude Morin, vice-président ventes mondiales d'Air Canada.

Depuis quelques années, c'est Air France qui fait figure de transporteur dominant dans la métropole québécoise. Ainsi, pendant la saison d'été, le transporteur français exploitera quatre vols quotidiens dans le couloir Montréal/Paris. Une capacité totale de 1316 sièges par jour contre moins de 600 pour Air Canada, qui n'affecte que deux vols quotidiens à la desserte de cette route. Et encore, l'un des deux décollera de Vancouver, et ce n'est donc que la moitié de l'appareil qui sera commercialisé sur le marché montréalais! «Ce n'est pas une situation normale», constate Claude Morin.

«Le lancement du nouveau vol quotidien vers Genève, le 1er juin prochain, témoigne de notre volonté d'assurer une présence plus soutenue à Montréal. Outre Genève, nous retournons à Rome, avec un vol saisonnier, après deux ans d'interruption. Ce qui porte à cinq le nombre de villes européennes que nous desservirons sans escale au départ de Montréal, l'été prochain, pour un total de 42 vols par semaine.» Les trois autres destinations que le transporteur reliera directement depuis Montréal sont Paris, Londres et Francfort.

On peut s'interroger sur le choix de Genève. Pourquoi pas Madrid ou Barcelone, par exemple? «Effectivement, ce choix peut sembler singulier, mais la décision a été fondée sur de longues études de marché», explique Claude Morin. «Montréal et Genève abritent toutes deux les bureaux des deux plus importants organismes de l'aviation civile, l'IATA et de l'OACI, ce qui entraîne un trafic intense. En outre, il y a beaucoup de Suisses au Canada. Et à Genève, qui est une autre ville phare de la francophonie, on a accueilli l'annonce de cette liaison avec beaucoup d'enthousiasme.»

Tous les appareils affectés aux routes transatlantiques - des Boeing 767-300 et des Airbus A330 - ont été réaménagés pour doter leurs cabines de classe Super Affaires, de nouvelles cellules équipées de fauteuils-lits inclinables à l'horizontale.

En comptant les deux nouvelles liaisons et une autre - hebdomadaire, celle-là - qui sera mise en service entre Montréal et la Martinique, Air Canada augmente de 50 % la capacité de ses vols internationaux au départ de la métropole québécoise, comparativement à cet hiver.

En revanche, le transporteur a réduit l'offre vers Londres et Francfort parce qu'il appréhende la baisse du trafic d'affaires. Les grandes entreprises ont imposé des restrictions très sévères sur les voyages d'affaires. Certaines ont même avisé leurs cadres qu'elles ne les rembourseraient pas s'ils voyageaient. La baisse du trafic d'affaires est moins importante du côté des PME, mais ces petites et moyennes entreprises ont toujours imposé à leurs employés des contraintes plus sévères que les grandes sociétés en matière de déplacements.

Tous types d'entreprises confondus, la demande a chuté dans des proportions de l'ordre de 20 % à 40 %. «Et l'impact sur les revenus est encore plus sévère, parce que les cadres qui continuent à voyager ont reçu pour directive d'éviter la classe affaires», indique Claude Morin.

«Nous avons entrepris de mieux équilibrer le jeu de l'offre et de la demande en réduisant l'offre. Ainsi, pour l'Asie, nos vols sont pleins, mais nous avons diminué la capacité de 30 %. Mais sur les routes transfrontalières, par exemple, les choses sont plus difficiles. Ce qui est logique puisque les États-Unis sont frappés de plein fouet par la crise. Nous anticipons un été difficile et nous nous croisons les doigts pour que la reprise prévue à l'automne soit vraiment au rendez-vous.»

Le vice-président d'Air Canada relève néanmoins un facteur positif. «Les conditions sont difficiles, mais elles sont meilleures au Canada que dans les autres pays industrialisés, dit-il. Les Canadiens ont continué à voyager pour leur plaisir cet hiver. Nous entretenons quelques appréhensions pour l'été, mais il est trop tôt pour présumer d'une baisse du trafic de ce côté.»