De France ou des États-Unis, les touristes étrangers, touchés de plein fouet par la crise économique, se font déjà plus rares au Vietnam, qui pourrait bien manquer son objectif de cinq millions de visiteurs en 2008, mettent en garde des responsables du secteur.

Les hôtels et agences de voyage taillent déjà dans les tarifs. Ces derniers mois, ils ont été confrontés à la plus forte baisse du nombre de touristes depuis 2003, quand l'épidémie de pneumonie atypique (Sras) a frappé l'Asie, vite suivie par une résurgence de la grippe aviaire.L'an prochain, le secteur du tourisme risque d'enregistrer une croissance nulle et pourrait même voir ses performances reculer, a récemment averti le ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme, Hoang Tuan Anh.

Pour relancer les affaires, grâce notamment à des campagnes publicitaires, l'Administration nationale du tourisme du Vietnam (VNAT) a demandé une aide de 20 à 30 millions de dollars au gouvernement.

Selon l'organisation, l'industrie emploie plus de 10 % de la force de travail de ce pays de 86 millions d'habitants, représente 4,5 % de son économie et devait lui rapporter 3,7 milliards de dollars cette année.

«Le nombre d'arrivées internationales est en baisse depuis des mois, mais la situation s'est sérieusement dégradée depuis octobre», explique Vu The Binh, haut responsable de la VNAT.

En octobre, moins de 300 000 étrangers se sont rendus au Vietnam, une baisse de près de 12 % sur un an selon l'administration.

En novembre, la baisse s'explique aussi par la fermeture plusieurs jours du hub aéroportuaire de Bangkok. Le nombre des visiteurs a chuté de 22 % par rapport à l'année précédente.

Et malgré de forts taux de croissance en début d'année, seuls 3,87 des 5 millions de touristes espérés sur l'ensemble de 2008 ont foulé le sol vietnamien entre janvier et novembre, selon le ministère du Tourisme.

«Nous nous attendons à ce que les arrivées en 2009 chutent de 20 à 30 % comparé à 2008 en raison de la crise économique internationale», indique M. Binh. «Alors nous avons besoin d'investir davantage dans les produits du tourisme pour faire revenir (les gens) fin 2009 et en 2010».

Du côté des opérateurs, le son de cloche est le même.

«Nos clients des États-Unis et d'Europe - en particulier de France, d'Angleterre et d'Allemagne - ont fortement reculé depuis le milieu de l'année», affirme, depuis l'ancienne capitale impériale de Hué, Nguyen Hang Quy, de l'agence de voyage Huong Giang.

«C'est à cause du ralentissement mondial», poursuit-il. «Et 2009 sera encore plus difficile. Nous essayons maintenant de viser d'autres marchés en Asie - même en Thaïlande, au Laos et au Cambodge».

Au début du mois lors d'un forum économique, un groupe de spécialistes du secteur a aussi conseillé au Vietnam une simplification des procédures de visa, qui empêchent les voyages de dernière minute dans le pays communiste. Et lui font perdre, pour des week-ends improvisés, des clients au profit de Singapour, Macao, Bali en Indonésie ou Phuket en Thaïlande.