Iriez-vous passez vos vacances en Montérégie? Votre silence est éloquent. Lorsqu'il a accédé à la direction de l'Association touristique régionale (ATR) de cette grande région qui va de Sorel à Valleyfield et de Longueuil à la frontière américaine, Éric Fournier a été confronté à un casse-tête. Il venait de passer quelques années à la tête de Tourisme Charlevoix.

 

«Charlevoix, ça évoque des paysages spectaculaires, mais la Montérégie est une région qu'on ne peut pas vendre comme une destination en soi, remarque Éric Fournier. Nous n'avons pas de ville à forte vocation touristique, ni de produit phare comme Tremblant.»

Comme d'autres régions dépourvues de grands attraits touristiques Laval, par exemple la majorité des hôtes des établissements d'hébergement montérégiens sont des clients d'affaires. Tourisme Montérégie s'emploie à stimuler cette clientèle en attirant des congrès régionaux et des réunions d'affaires. Mais ce n'est pas suffisant pour assurer la rentabilité des entreprises touristiques.

Éric Fournier a donc décidé de stimuler le tourisme d'agrément en lançant des campagnes de promotion très ciblées. Ce qu'on appelle «l'approche par niches». Il y a eu le vélo.

«Il y avait une dizaine de pistes cyclables, sur le territoire, dit-il. Nous avons créé 24 itinéraires sur route et nous avons fait imprimer 350000 cartes dans lesquelles on retrouve les tracés des pistes et des circuits routiers. Nous les faisons encarter dans des médias comme Vélo-Mag, La Presse, etc. Malgré cette large diffusion, l'an dernier, 27 000 personnes ont fait imprimer des cartes à partir de notre site web.»

Environ 90 000 personnes fréquentent les pistes cyclables de la Montérégie et les établissements d'hébergement enregistrent 32 000 nuitées de cyclistes. Il y a eu les mariages. L'ATR fait imprimer une brochure «Destination mariage!», qu'elle insère dans des magazines spécialisés comme Mariage Québec. Ses représentants participent au Salon de la mariée et à d'autres événements du genre.

«Nous travaillons avec 32 hôtels et restaurants intéressés à ce créneau et l'an dernier, ils ont accueilli 1200 mariages pour un total de 200 000 invités.» Comme d'autres régions du Québec, l'ATR a sauté dans le train de l'agrotourisme: l'érable au printemps, l'autocueillette et les tables champêtres l'été et les pommes en automne.

«Aujourd'hui, nous avons atteint un plafond et en fait, c'est toute l'industrie québécoise du tourisme qui plafonne, constate Éric Fournier. Le Québec ne parvient pas à dépasser la barre des 15 millions de nuitées. Depuis cinq ans, le nombre de touristes américains diminue au rythme de 50 000 par année. Et les touristes d'outremer (c'est-à-dire tous les étrangers, sauf les Américains) sont de moins en moins présents en région.»

En 2002, nous recevions 2,5 millions de touristes américains. Cinq ans plus tard, ils étaient 400 000 de moins. Le nombre de visiteurs japonais a chuté des deux tiers en neuf ans, passant de 106 000 en 1998 à 37 000 l'an dernier. Entre 2004 et 2006, le nombre de touristes venus d'outremer a baissé de 27 % dans Charlevoix, de 26 % sur la Côte-Nord, de 24 % dans le Bas-Saint-Laurent et de 20 % dans les Laurentides. Même les Français notre première clientèle internationale après les Américains nous boudent.

Le Québec en a accueilli 293 000 en 2006, soit 70 000 de moins qu'en 1999. Il est vrai qu'ils n'étaient plus que 216 000 en 2003 et que depuis, on enregistre une remontée progressive. Mais dans l'ensemble, les chiffres sont accablants et ce n'est pas limité au Québec. Le Canada n'exerce plus le même pouvoir d'attraction à l'étranger. Notre pays, qui occupait le septième rang des destinations mondiales les plus visitées voici moins de 10 ans, a glissé au 12e rang. Une solution?

«Les actions que nous avons entreprises sur les marchés étrangers depuis cinq ans ne donnent pas les résultats escomptés. Il faut définir des niches intéressantes et orchestrer des campagnes de promotion par niches. Et surtout cibler les marchés naturels. Ne pas perdre notre temps avec la Chine et d'autres pays lointains qui ne nous enverront jamais beaucoup de monde!»