Sac au dos, la toile de tente, l'appareil photo et les deux sacoches de matériel et de nourriture harnachés au vélo, le périple est entrepris au point d'accueil Le Petit Témis, chemin Fraserville, à Rivière-du-Loup.

Je viens de quitter le confort du siège de l'automobile, laissée sur le stationnement, pour l'espace spartiate de ma monture qui s'avérera beaucoup moins confortable.

Jour 1

En cet après-midi, le ciel est chargé, mais la pluie m'est épargnée. Après les 10 premiers kilomètres pas très attrayants, on passe de la ville à la campagne. La piste de gravier sassée, aménagée sur le tracé de l'ancien Témiscouata Railway, devient plus boisée et ombragée. Le belvédère du lac Deschênes est alors le premier arrêt. Une pause et quelques photos plus tard, me voilà de nouveau en selle. Juste le temps de faire à peine deux kilomètres. Au café de la station Saint-Modeste, je m'acquitte d'une vignette de 10 $, une contribution non obligatoire à l'entretien du sentier.

La halte de la rivière des Roches est la première sur le parcours à offrir un site de camping rustique. Très bien aménagé, l'emplacement au bord de la rivière est ce qui se fait de mieux pour ceux qui dorment sous la tente. Le site est enchanteur. Mais c'est le belvédère de la rivière Saint-François (au km 31) qui a la palme du plus beau «spot» de la journée. Le belvédère s'ouvre sur une vaste zone marécageuse au milieu de laquelle coule la rivière. Avec les quelques collines en toile de fond et le ciel menaçant, le tableau est magnifique.

Après presque 40 km, la tente est finalement plantée sous les arbres, aux abords du ruisseau Beaulieu. Une pause pour la nuit qui est la bienvenue, le dénivelé progressif de 300 mètres s'est un peu fait sentir dans les jambes. Message aux sportifs de salon: attendez-vous à souffrir un peu en fin de journée.

Jour 2

Parcourir le Petit Témis, c'est découvrir la faune et la flore de la vallée du Témiscouata. Si la halte de la rivière Bleue baigne dans une ambiance bucolique ensoleillée, celle de Vauban permet d'observer l'impressionnant travail des castors.

Le sentier descend ensuite sur Saint-Louis-du-Ha! Ha! Autrement dit: Hexcuewaska en amérindien, «quelque chose d'inattendu». Inattendu est pour moi le golf du Témis que la piste traverse entre les verts. Cabano est alors à quelques kilomètres de plus. En chemin, un crochet de 600 mètres conduit au fort Ingall, pour une visite de cette fortification britannique du XIXe siècle.

La gare de Cabano est un excellent relais pour manger et dormir. Convertie en auberge, elle sera ma halte du midi.

Entre Rivière-du-Loup et Cabano, le parcours est jalonné successivement de terres agricoles, de lacs et de rivières. Mais en descendant ensuite vers le parc Donald Fraser, le paysage se modifie et à partir de là, je ne quitte plus des yeux le lac Témiscouata pendant 25 km, de Cabano à Dégelis. En longeant le lac, on apprécie la plage de Notre-Dame-du-Lac, on découvre de belles maisons, on voit les uns faire une pause en bordure de l'eau alors que les autres n'hésitent pas à se baigner. À l'approche de la marina de Dégelis, je roule au fond d'un petit canyon verdoyant avant d'emprunter trois ponts sur chevalets qui surplombent le lac le long du rivage. Une portion idyllique.

En cette fin de journée, il me faut faire un crochet de 6 km pour rejoindre le Centre de plein air Le Montagnais, lieu de mon deuxième campement, sur la rive nord du lac. Après avoir traversé le barrage, à la jonction de la rivière Madawaska, et le site d'interprétation, la montée vers le centre - à 8 % de dénivellation par endroits - sera abrupte et pénible. Mais l'emplacement et le coucher de soleil sur le lac en valent la peine. Foi de cycliste.

Jour 3

Au petit matin, sous le soleil, un bon Samaritain me ramène sur la rive sud du lac Témiscouata, à bord d'un bateau à moteur. Sur le territoire de la municipalité de Dégelis, le sentier est asphalté, ce qui soulage quelque peu le fessier.

Je repasse à la hauteur de ce barrage, qui régule le niveau des eaux du lac, avant de m'arrêter à la gare de l'Héritage, au coeur de Dégelis. Restaurée, elle a conservé ses boiseries d'origine et fait office de relais. Je pédale ensuite en direction de la frontière du Nouveau-Brunswick.

Seize kilomètres plus loin, une arche en billots de bois signale que l'on vient de passer dans la «République du Madawaska», terre de ces Canadiens français et Acadiens qui se sont installés ici à la fin du XVIIIe siècle. Notre entrée au Nouveau-Brunswick est marquée par la présence d'un bombardier de la Deuxième Guerre qui fait office de monument...

Les derniers coups de pédales nous font longer la rivière Madawaska jusqu'à Edmunston. Sur la route, le jardin botanique du Nouveau-Brunswick, à Saint-Jacques, retient mon attention. Il représente une très belle halte avant de fournir un dernier effort. Les jambes sont dures et les fesses sont de la marmelade. Trois jours, deux nuits et quelque 130 km plus loin, les vallées du Témiscouata et du Haut-Saint-Jean n'ont plus de secrets.

Le Petit Témis en une semaine

Première piste cyclable interprovinciale au pays, le Petit Témis peut être parcouru tranquillement durant une semaine, le temps de découvrir et d'apprécier pleinement les activités et les attraits touristiques le long du tracé. Voici une liste de lieux où mettre le pied à terre entre Rivière-du-Loup et Edmunston:

> Saint-Modeste

L'Éveil à la forêt: Centre d'interprétation de la pépinière forestière. Entrée sur réservation pour les groupes à l'automne.

> Saint-Louis-du-Ha! Ha!

Aster: la station de vulgarisation et de loisirs scientifiques du Bas-Saint-Laurent est un site d'interprétation voué à l'astronomie. Entrée sur réservation à l'automne.

Golf du Témis: pourquoi ne pas frapper quelques coups encore en cette saison?

> Cabano

Fort Ingall: reconstruction fidèle d'une fortification britannique du XIXe siècle. Est ouvert du lundi au vendredi, de 10 h à 16 h.

Les cartons d'Artémis: atelier d'art de l'artiste Rock Belzile. Entrée sur réservation à l'automne.

Galerie d'art Auberge du chemin faisant: galerie regroupant les oeuvres du peintre Claude Théberge. Ouvert jusqu'au 11 octobre, de 12 h à 18 h.

> Notre-Dame-du-Lac

Pour les moins frileux, sa plage, non surveillée à cette époque de l'année.

Musée du Témiscouata: musée d'histoire de la région. Entrée sur réservation à l'automne.

Jardin de la Petite École: même s'il est fermé à cette époque de l'année, ce jardin privé, «l'un des plus beaux du Québec», mérite d'être signalé pour l'été prochain.

> Dégelis

Sa plage, non surveillée à cette époque de l'année.

Centre de plein air Le Montagnais: pour des randonnées automnales et la nuit en chalet ou en camping. Ouvert jusqu'à la fin du mois d'octobre.

> Saint-Jacques

Jardin botanique du Nouveau-Brunswick. Ouvert jusqu'au 30 septembre.