Je suis entré au café internet, à Manille, pour vous expédier des photos. Et j'ai entendu qu'on y jouait, à la télé, en bon français, du hockey!
«Il s'amène seul dans l'enclave... et c'est le but!!!»
Il ne m'en fallait pas beaucoup plus pour comprendre qu'il y avait un minimum d'un (e) Québécois (e) dans la place. Amateur (s) de hockey. Ils n'ont pas été difficiles à repérer. Ils étaient deux. Deux beaux Québécois d'une cinquantaine d'années. Des vrais. Exactement comme vous les imaginez (hum... est-ce que je viens d'ouvrir une boîte de Pandore, moi?).
Un des deux messieurs, appelons-le Paul, partait le lendemain pour un «healing seminar» (un séminaire de guérison), d'une durée d'une semaine. Il voyageait avec un groupe d'une douzaine de Québécois(es) qui allaient se faire «healer», quelque part au nord de Manille.
Et qu'est-ce que ça signifie, se faire «guérir» aux Philippines? Vous le savez déjà. J'en suis certain! Vous n'y pensez peut-être pas, là, tout de suite, mais aussitôt que je vous le dirai, vous ferez: «Ah! C'est aux Philippines qu'ils font ça! Ouache. C'est dégueulasse...»
Nos amis du Québec (qui ont préparé leur voyage à partir de la maison – une sorte de tout-inclus, avec hôtel, bouffe et miracle) dépensent des centaines de dollars (à chaque année pour plusieurs d'entre eux) pour aller se faire fouiller dans la bedaine par un sorcier qui affirme qu'il leur «enlève le méchant».
Ça vous allume, maintenant? Vous avez vu ces images, assurément! Ces guérisseurs-prestidigitateurs qui puisent à mains nus dans le ventre des «patients», pour en ressortir des cossins poilus ensanglantés.
Paul, qui n'en est pas à son premier voyage-guérison, me racontait qu'une femme des Philippines s'était fait traiter devant eux, et que le médecin lui avait extirpé du ventre... deux longues plumes. Des plumes!
Elle avait été imprudente avec la magie noire, leur a révélé ensuite le médecin, en gloussant...
Paul m'a gaiement montré la vidéo de son traitement de l'année précédente. On y voyait défiler des «malades» (tous du Québec), et chacun son tour se faisait arracher des morceaux de mou dégoulinant du nez, des oreilles et du dos même. Absolument renversant. Saviez-vous qu'on peut trouver des motons d'inté-rieurs de chien dans la colonne vertébrale d'un être humain?
Jetez immédiatement vos livres d'anatomie.
Je me suis un peu inquiété lorsque j'en ai vu une qui avait l'air de souffrir sur la table d'opération, pendant que le sauveur lui tâtait le lard vigoureusement. Yvan a protesté.
«J'te dis, elle... Elle était rien qu'une criss de braillarde!»
Ah bon. Le méchant, es-tu sûr qu'on te l'a enlevé, Yvan?
Le plus inquiétant, c'est que dans le groupe des «guéris» du Québec se trouvaient un médecin et un dentiste, oui, madame! Deux professionnels de la santé bien de chez nous... Ne vous étonnez donc pas si, un jour, vous entrez pour un plombage et que le doc vous sorte un minou mort d'entre les dents. Vous aurez été prévenus!
Par hasard, j'ai aussi croisé, un peu plus tard ce jour-là, un cardiologue canadien qui se vantait, lui, d'avoir «sauté cinq filles» en deux jours... Chaud, le stéthoscope?
Et voilà que je suis inquiet pour mon système de santé et mes concitoyens... Heureusement que le Canadien va bien. Go, Habs, go.
Les Philippines, un L deux P, je sais maintenant les épeler, mais j'ai pas eu le temps de vraiment les comprendre... Je suis persuadé que c'est un endroit fascinant, mais va falloir que j'y retourne, pour me le prouver. Dans trois semaines. Et je vous amène.
En attendant, découvrons ensemble Taiwan. Pourquoi Taiwan? Parce que mon temps est limité, parce que c'était pas trop loin de Manille (et très cheap avec Cebu Pacific Air, la compagnie aérienne la moins chère du monde) et parce que je croyais que ça allait être plus facile qu'en Chine... Ha! Je viens de débarquer, et je peux tout de suite vous dire que la partie n'est pas gagnée d'avance.
À peu près personne ne parle l'anglais, presque toutes les affiches sont rédigées en ping-pong... Je n'ai pas le livret d'instructions, et les piles ne sont pas incluses!