Dans les brochures touristiques, on raconte que l'eau de la mer Morte contient une densité quatre fois plus grande de sels que l'eau de mer normale et que c'est la raison pour laquelle, dedans, nous flottons. «Une expérience inoubliable.»

Précision : la mer Morte n'est pas une mer, mais un lac. Et si on y flotte, c'est parce que c'est dégueulasse.

Morte, la mer? Oui, et depuis longtemps! Vous avez déjà oublié un plat de nouilles au fond du réfrigérateur? Elle a la même couleur que le poil qui pousse dessus et l'odeur de ce qu'il y a dessous.

Elle est chaude, trop chaude, la visibilité y est d'à peu près 10 centimètres et t'as vraiment l'impression d'être un déchet qui flotte sur du bouillon de bouette.

Je m'en suis mis une goutte sur la langue. Pouah? Non, ça ne goûte rien... mais ça brûle! Comme de l'acide ou du sang de Alien. Mais ce n'est pas du tout désinfectant. Des bactéries sont capables de survivre à ce taux de salinité élevé. Et si vous vous aventurez dans l'eau avec une plaie ouverte, ne soyez pas surpris si votre blessure s'infecte et qu'on doive éventuellement vous amputer.

Un conseil pour ceux, de la gent masculine, qui voudraient encore aller s'y baigner après tout le mal que j'en ai dit : ne restez pas trop longtemps dans l'eau. Moi, comme d'habitude, j'ai exagéré et j'ai découvert qu'il y a une partie du corps de l'homme ou la peau est... plus sensible. Quand je suis sorti de l'eau, j'avais, comme dans la chanson de Jerry Lee Lewis, le scrotum en feu.

«Goodness, gracious, great balls of fire!»

Ayoye!!!

J'ai sautillé jusqu'à la douche - qui se trouvait évidemment à un demi-kilomètre de là -, en me tortillant et en essayant, sans succès, de me souffler dessus.

Un grand moment de télévision.

Dix minutes de rinçage à l'eau douce que ça a pris pour apaiser la sensation de brûlure. Puis 15 supplémentaires pour me débarrasser de ce résidu d'eau lourde qui me pesait comme une huile sale sur la peau.

Une expérience inoubliable.

Deuxième étape, le Jourdain, ce fleuve qui sépare la Jordanie et Israël, dans lequel a été baptisé - par Jean-Baptiste -, nul autre que Jésus-Christ. Un site a été aménagé pour accueillir les pèlerins qui veulent visiter cet endroit symbolique.

Symbolique? Oui. Mais aussi «cher et plate à mort». Le fameux endroit, c'est un trou avec trois briques sous un abri Tempo.

Et le fleuve?

Il est dit que Jésus a traversé le Jourdain pour aller à la rencontre de Jean-Baptiste, qui performait ses baptêmes de l'autre côté du fleuve, sur la rive qui est aujourd'hui la Jordanie.

Moi je crois plutôt qu'il a enlevé ses sandales, qu'il a retroussé sa robe, qu'il pris son élan et qu'il a sauté par-dessus l'eau.

C'est pas un fleuve... C'est une rigole!

Si ça c'est un fleuve, moi je suis un géant et en comédie, j'ai du talent. Pour moi, un fleuve, tu peux au moins mettre Québec au milieu, pis avoir encore de la place pour passer de chaque bord en kayak, au minimum. Là, y'a même pas assez de place pour Badaboum.

Pour vous dire combien c'est étroit, j'ai ramassé un caillou, et hop!, je l'ai lancé en Israël, par en dessous, style softball, sans y mettre d'effort. Et ça m'a fait rire. Ha ha! La seule véritable satisfaction de ma journée.

- Qu'est-ce t'as fait aujourd'hui?

- Aujourd'hui? J'ai lancé une roche dans un autre pays.

Je rouspète, mais au fond, c'est naturel... Lorsqu'on entend beaucoup parler de quelque chose, on se crée souvent des attentes trop grandes. Faut être vigilant!

Et si Jésus devait revenir, faudrait éviter de lui dire : «Hein? T'es Jésus, toi? T'es donc ben petit!»