Je suis souvent passée près de Trois-Rivières. Le temps de grignoter un sandwich ou de faire le plein d'essence et je repartais aussitôt. Dernièrement, j'ai toutefois pris le temps de découvrir la deuxième plus vieille ville du Québec, qui fêtera ses 375 ans l'an prochain. Sans but précis, je me suis baladée en touriste pendant l'événement le plus couru de l'endroit: le Grand Prix, qui s'est déroulé du 15 au 17 août. Imaginez la frénésie: quelque 100 000 visiteurs ont afflué dans une ville qui compte environ le même nombre d'habitants (129 000).

Samedi soir. Dès mon arrivée, mon premier réflexe est d'aller voir le fleuve. De l'hôtel Delta, je n'ai qu'à marcher quelques minutes, rue du Fleuve, pour atteindre le parc portuaire. Seul agacement: j'ai dû longer un énorme stationnement avant d'y arriver. L'aménagement de cette aire de promenade remonte à 1988 et, comme l'élargissement de la zone des terrasses, rue des Forges, elle résulte des efforts de revitalisation de la Ville.

Ce soir, les curieux sont nombreux, car le site est un observatoire de choix pour les feux d'artifice du Grand Prix.

Je m'attable au nouveau restaurant gastronomique Poivre noir. L'endroit possède une terrasse chauffée et il est largement fenêtré. Bref, il offre une vue imprenable sur le port, le fleuve et les feux.

José Pierre Durand, 27 ans, est aux fourneaux et possède, avec sa famille, l'établissement. À la fois créatif et rigoureux, il a préparé une terrine de foie gras d'oie aux dattes sur un tartare de cerf suivie, surprise (!) d'une queue de boeuf braisée avec copeaux de truffe. Constat: le jeune chef - qui s'est fait les dents auprès du Montréalais Ian Perreault - sort des sentiers battus tout en gardant une dose de retenue. Plus abordable, un menu terrasse (trois services à 21 $) est également proposé.

Promenade nocturne

Repue, je décide d'aller me balader. Cette marche digestive me permettra de faire du repérage pour ma visite du lendemain. Je monte à la Terrasse Turcotte et prends la direction du «Vieux». Dans la rue des Ursulines, le cadran solaire ornant le mur ouest du monastère est illuminé. L'endroit est calme et malgré la fatigue, je continue ma route jusqu'à l'incontournable rue des Forges, une sorte d'hybride entre les rues Crescent et Saint-Denis, à Montréal.

Devant moi, j'aperçois le Café Morgane, un lieu de rencontre prisé par les étudiants et les jeunes professionnels. Tous les week-ends de l'été et pendant les événements majeurs de l'automne, cette rue aux larges trottoirs garnis de terrasses se transforme en artère piétonnière. Inutile de vous dire qu'en plein Grand Prix, c'était la cohue. L'ambiance? Festive, voire survoltée. Des amis m'avaient refilé leur liste d'adresses pour aller prendre un verre, manger ou danser: la discothèque Le Temple, le café-galerie L'Embuscade, les restos Carlito et Le grill, ainsi que la taverne irlandaise Le Trèfle.

Il est minuit et demi et je n'ai plus l'énergie pour une virée. Je me fraie plutôt un chemin jusqu'à l'hôtel.

Visite de jour

Le lendemain, je refais le même itinéraire sous un magnifique soleil. Je n'ai que six heures devant moi puisqu'à 15 h, j'assisterai à la course du circuit NASCAR canadien. Parmi les pilotes vedettes, il y a les Québécois Alexandre Tagliani et Andrew Ranger.

Retour au parc portuaire. L'endroit aménagé en 1988 est fleuri et dégagé. On y circule donc aisément. Dommage: le mobilier urbain est conventionnel, peu stylisé. Avant de me rendre dans l'arrondissement historique, je m'arrête à la nouvelle crémerie Gelateria Minerva, tenue par les propriétaires du Poivre noir. Tout en dégustant ma gelato à la fraise et au basilic frais (un délice!), j'arrive au musée des Ursulines, qui loge dans l'ancien hôpital des religieuses. Au réfectoire des élèves, il est possible de visionner une vidéo dans laquelle s'épanchent avec réserve plusieurs religieuses ayant déjà été cloîtrées.

Devant la chapelle, il y a le parc des Ursulines. Ce havre de (sainte) paix a été acquis par la Ville en 1984 et sa végétation est luxuriante. Coup de coeur! J'y aurais passé des heures, un bon livre dans les mains.

En ratissant la très jolie rue des Ursulines, j'admire le revêtement en pierre de la maison Hertel-de-la-Fresnière, construite entre 1824 et 1829. Tout près se trouve le manoir de Tonnancour, datant de 1723. Lors de mon passage, une partie de l'exposition de sculpture contemporaine Dompteurs d'orages/Matériaux insoupçonnés y était présentée. Les oeuvres étaient pour la plupart saisissantes.

Thé et terrasses

Je traverse le parc Champlain avant d'atteindre la rue Royale, que j'emprunte jusqu'à la rue des Forges. À partir d'ici se succèdent les terrasses jusqu'au fleuve. Parmi les enseignes, deux adresses attirent mon attention. La première, Illico, est une galerie d'art regroupant les oeuvres de neuf artistes québécois et dans laquelle on peut déguster un café ou un thé. En prime, on y vend des fleurs. «C'est ma façon de rendre l'art contemporain plus accessible», explique Alain Beaupré, propriétaire.

À l'arrière, une magnifique terrasse en bois noir permet de prendre du soleil tout en buvant un verre de vin ou de cidre.

Autre enseigne hors du commun: la librairie et bar à vin De la coupe au livre. On y trouve une multitude de magazines, des livres de gastronomie et plusieurs accessoires de dégustation, comme des verres qui aèrent le vin en quelques minutes seulement (Breathable Glass). On peut goûter à de grands crus au bar (environ 400 étiquettes) ou se procurer des bouteilles d'importation privée. «Dans ce cas, il faut acheter de la nourriture, c'est-à-dire un repas composé d'un pâté de la région et d'un fromage du Québec», indique François Deschênes, gérant.

14 h 30. Vite, la course NASCAR commence dans une demi-heure! Les gradins sont remplis et je suis attentivement des yeux les voitures des Québécois. Coup de chance! Au dernier virage du dernier tour, le jeune Andrew Ranger s'empare de la position de tête et gagne! Quoi de mieux qu'une victoire éclatante pour faire revenir les visiteurs à Trois-Rivières, l'an prochain.

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Les frais de ce voyage ont été payés par la Société de développement économique de Trois-Rivières.