Le village n'est pas bien gros, pas même 600 habitants, mais il sait accueillir les visiteurs. À peine avons-nous accosté sur la grève de Kangiqsujuaq qu'une jeune Inuit nous accueille avec un large sourire et nous distribue de petits guides d'exploration de la communauté.

En quelques pages, le livret nous indique quels sont les points d'intérêt du village, comme le terrain de golf, plutôt inattendu au nord du 60e parallèle. Ici, l'herbe se fait rare: on a mis un peu de gazon artificiel autour des trous et on a laissé le reste du terrain au naturel, c'est-à-dire plutôt rocailleux.

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Le bureau du parc provincial des Pingualuit est un autre attrait touristique à ne pas manquer: il présente une très belle exposition sur la faune et la géologie de la région. Le tout nouveau parc des Pingualuit, situé à près de 90 kilomètres de Kangiqsujuaq, comprend le fameux cratère du Nouveau-Québec, créé lors de l'écrasement d'une météorite il y a 1,4 million d'années.

Comme nous arrivons en groupe, nous bénéficions d'un programme spécial: rencontre avec un ancien, qui nous raconte une chasse d'antan et qui répond avec plaisir à nos questions, dégustation de produits locaux et petite leçon d'inuktitut.

Le fait que Cruise North Expeditions appartienne en majeure partie aux Inuits du Nunavik, par le truchement de la Société Makivik, assure un bon accueil, selon Jason Annahatak, un jeune Inuit qui travaille avec Cruise North depuis plusieurs saisons.

Cruise North n'est pas qu'un investissement pour Makivik: il permet aussi de créer de nouveaux débouchés pour les jeunes Inuits. Pour l'instant, les «kabloonas» (les Blancs), constituent la grande majorité de l'équipage. Mais la direction espère qu'un jour la plupart des postes seront occupés par des Inuits.

Dans ce but, plusieurs jeunes Inuits participent à un programme de stages à bord. Pour les passagers, c'est une occasion en or d'en savoir un peu plus sur la culture inuite et la vie dans le Grand Nord sans passer à travers le prisme d'un anthropologue. C'est ainsi que j'écoute avec intérêt Jari Leduc, de Kangiqsualujjuaq, au Nunavik, discuter de la problématique de l'alcoolisme avec Jenna Anderson, de Goose Bay, au Nunatsiavut (Labrador). Plus tard, je parle avec Mitchell White, de Nain, au Nunatsiavut, qui déplore le fait que les jeunes de sa région, contrairement à ceux du Nunavik, n'aient pas vraiment appris l'inuktitut. «C'est une génération perdue», soupire-t-il.

Les jeunes Inuits participent également au programme de conférences organisées à bord pour informer et divertir les passagers entre les escales. C'est ainsi qu'Aisa Pirti, d'Akulivik, fait une présentation sur la chasse au phoque traditionnelle et que Mae Ningiurivik, de Kujjuaq, fait une démonstration de chants de gorge. Elle parcourt la salle de conférence avec son micro sans fil, démontrant la confiance d'une Claire Lamarche, pour vérifier qui, parmi nous, a du talent pour cet art bien particulier.

Bien sûr, de grands spécialistes font également des présentations sur la faune ou la flore de l'Arctique, mais les jeunes Inuits suivent les présentations de près. Lorsqu'un expert de l'American Museum of Natural History termine sa conférence sur les mammifères marins en déplorant le massacre des bébés phoques, Mitchell White lui rappelle respectueusement que la chasse aux blanchons est interdite depuis 1987.

«La principale menace qui pèse sur les phoques n'est pas l'homme, mais le réchauffement climatique», déclare-t-il.