Au pied de la station de ski Mont-Édouard, des condos, des maisons de ville et des cottages envahissent la montagne. Peu à peu, un petit village touristique voit le jour, dans une version nordique, et à moindre échelle, de Tremblant. L'objectif des promoteurs: faire de cette montagne de L'Anse-Saint-Jean une destination touristique quatre saisons.

«Le village de L'Anse-Saint-Jean possède tous les atouts pour devenir un «resort» en raison de la beauté de ses paysages et de la panoplie d'activités qui y sont offertes», soutient Alain Goulet, directeur général de Mont-Édouard. Vélo, kayak, randonnée, équitation, voile, traîneau à chien, croisière, pêche au saumon ou à la truite, spa, ce n'est pas les activités touristiques qui manquent dans cette petite municipalité de 1100 habitants, membre de l'Association des plus beaux villages du Québec.

En ce moment, le village alpin compte 125 unités en plus d'un hôtel sur le flanc du mont Édouard. À terme, Doris Duchesne, promoteur du Centre de villégiature Au Pied d'Édouard, prévoit construire 450 unités, dont un hôtel de luxe voisin du bain nordique Édouard-les-Bains, qui a ouvert l'an dernier et qui s'agrandit déjà en raison de sa forte popularité. «Mes principaux clients proviennent de Montréal et Québec. Ils sautent sur l'occasion lorsqu'ils réalisent qu'ils peuvent acquérir un condo tout meublé pour 85 000$», raconte le principal promoteur immobilier du coin.

Après des années de gestion un peu chaotique, la station de ski appartient désormais à la municipalité de L'Anse-Saint-Jean, ce qui rassure les investisseurs sur son avenir. «Avec l'élargissement de deux à quatre voies de la route 175 dans la Réserve faunique des Laurentides, le prix des résidences secondaires va grimper dans la région», croit Nancy Donnelly, responsable des communications à l'Association touristique du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Présentement, plusieurs sentiers de randonnées mènent au sommet du mont Édouard, où la vue sur le village de L'Anse-Saint-Jean, le fjord, les montagnes des Laurentides et les monts Valin est exceptionnelle. Mais pour voir encore plus loin, on va construire en septembre une tour d'observation de 54 pieds procurant une vue à 360 degrés, en plus d'y aménager cinq autres belvédères comprenant des panneaux d'interprétation. L'été prochain, on prévoit construire une fermette à mi-montagne. Des moutons, surveillés par un berger, brouteront l'herbe des pistes de ski pour divertir les touristes.

Et ce n'est pas tout. M. Goulet n'abandonne pas l'idée de réaliser la fameuse fresque végétale sur la montagne située juste derrière Mont-Édouard, un projet chéri par le roi de L'Anse, Denys 1er, qui a régné de 1997 à 2000. L'ancien monarque (un professeur en art à l'Université du Québec à Chicoutimi) rêvait de représenter saint Jean-Baptiste à flanc de montagne en sculptant les végétaux, un projet complètement fou, dont le coût a été évalué à plus d'un million de dollars à la fin des années 1990.

Pour voir l'oeuvre, qui changera de couleur au gré des saisons, les visiteurs devront emprunter le télésiège de la station. «Il n'est pas dit que nous allons représenter saint Jean-Baptiste, mais on pourrait certainement créer une fresque végétale unique au monde qui attirerait des visiteurs. En Europe, ça se fait déjà et ça connaît du succès», conclut Alain Goulet.