Approchez-vous un peu, que je vous murmure un petit secret: il y a quelques mois, mon fils Boris m'a téléphoné pour me faire part de son intention de devenir un globe-trotteur. Je l'ai aussitôt mis en garde.

«T'es certain que t'as envie de tout laisser tomber, fiston? C'est pas rien, je te jure...

– Oui. Je veux partir avec toi à l'aventure.

– O.K. Mais je t'avertis: ça va être difficile. Très difficile.

– Je suis prêt.

– Ha! Viens t'en!»

Et je vous jure que le jeune barman du «Vieux Schack Saint-Jérôme», engourdi par la routine, gavé de poutines et lourd de grasses matinées, il en bave un coup depuis six semaines.

Parce que son papa était prêt à l'accueillir... Et il lui avait préparé un véritable boot camp, digne des plus grandes séries de téléréalité américaines!

(Roulement de tambour.)

C'est la Globe-trotteur Académie!

Un maelström de fanatiques religieux, de toilettes turques, d'hyènes affamées et de tribus africaines...

Âmes sensibles, s'abstenir!

C'est donc à fond la caisse que nous avons déjà parcouru plusieurs milliers de kilomètres, de l'Asie à l'Afrique, et jusqu'à présent, le périple est franchement amusant.

Enfin, en ce qui me concerne.

Boris est malade, il s'ennuie de sa blonde, et il préférerait que son père soit Snoop Dogg.

Rien n'est parfait.

Et le résultat, capturé sur vidéo haute définition, est une «jolie aventure familiale», «pleine de rebondissements», que vous pourrez suivre à l'émission télé 3600 secondes d'extase, si Dieu le veut (parce que, encore cette année, j'ai de sérieux problèmes techniques, évidemment!).

Tiens, j'ai envie de vous offrir un scoop: lors de ma première chronique télé (SDLV), vous verrez des images exclusives de tout ce dont je vous ai jasé depuis quelques semaines, avec, entre autres, des extraits choisis chez les Bajau de l'archipel de Sulu, chez les Papous de Irianjaya et des images de la cérémonie funéraire de Tana Toraja, sacrifice inclus... Ça va saigner!

Et puisque l'on est dans le mode confidences sur l'oreiller, et dans la section Vacances-Voyage (c'est du deux dans un!), laissez-moi vous parler de notre escale dans l'île de Soqotra, dont je vous ai déjà parlé dans ces pages. Un séjour mouvementé qui n'avait rien en commun avec mon agréable précédente visite...

Dans l'île de Soqotra, à chaque année entre les mois de juin et septembre, il y a la mousson. Mais pas une mousson comme on en trouve en Asie, où les pluies diluviennes font gonfler les cours d'eau et inondent les terres, non. Ici, il y a du vent.

Du vent à écorner les boeufs. Du vent à sécher un jean mouillé en 10 minutes. Du vent à 50, 60, 70 km/h. Tout le temps.

Le premier matin, après un atterrissage en dents de scie qui a fait changer de couleur Boris (le pauvre petit, il a peur en avion), nous avons déposé nos sacs à la chambre et sommes sortis marcher sur la plage. Pour relaxer.

Hum.

Sitôt en face de l'hôtel, une bourrasque m'a arraché les lunettes. Puis une autre m'a jeté par terre. Je me suis écorché le coude.

Mais je ne me suis jamais senti aussi léger... Après 10 minutes à essayer de retrouver mes barniques dans le champ, nous en avons passé cinq à pourchasser la casquette de Boris, qui se dirigeait tout droit dans l'océan Indien.

Puis, rapidement, nous avons été forcés de trouver un abri, incapables d'avancer plus longtemps. Au bout d'une demi-heure à se faire souffler dans les oreilles, nous étions complètement déséquilibrés, au point d'en avoir la nausée, et surtout, nous n'avions plus du tout de plaisir...

Et moi qui voulais faire du camping sur la plage! Je la vois d'ici, la tente, s'envoler avec mon fils qui ronfle dedans.

Le pire dans tout ça, c'est que nous avions sept jours à passer sur Soqotra, car il n'y a qu'un vol par semaine. Ça promettait!

Alors... Que faire?

Quelqu'un nous a confié que de l'autre côté de l'île, le vent était beaucoup moins violent. Nous y sommes allés. Deux heures de voiture dans la montagne, pour aboutir là où il n'y a ni électricité ni hôtel ni contact avec l'étranger.

C'était très excitant de débarquer dans un village aussi isolé.

Tous les enfants sont sortis en courant des huttes et nous ont demandé des crayons, de la bouffe et des bonbons.

Comme nous n'avions rien de tout cela, les jeunes nous ont encerclés et se sont mis à nous lancer des roches!

Y'en aura pas de facile... Mais ça fait de la maudite bonne télé!

Et l'Afrique? Ouf. Le choc culturel de la mort! Je vous en parlerai la semaine prochaine, question de vous mettre l'eau à la bouche.

Ensuite, je pars en vacances.