Dans ce restaurant branché de Pékin, la table de trois, avec leurs badges olympiques autour du cou, commence à stresser. «L'addition? La note? Payer? Argent?», demandent-ils en anglais. La serveuse fait les yeux ronds.

«Maïdan. C'est le mot magique qu'il faut retenir, maïdan», intervient une touriste bienveillante, qui a sans doute appris l'expression la veille. À Pékin, où très peu de gens parlent autre chose que le mandarin, mieux vaut observer, patienter et parfois faire preuve d'un peu d'imagination.

Le soir de son arrivée, Lincoln Johnson, 43 ans, n'a pas dîné. Trop compliqué. «J'étais fatigué, j'aurais voulu commander un repas à emporter. Mais comment expliquer ça? J'ai renoncé. J'ai acheté des chips et au lit», confie le Londonien à l'AFP.

«On nous avait dit qu'à Pékin, ils avaient mis le turbo pour parler anglais au moment des Jeux, on en est loin», note sa compatriote Lesley Wills, croisée place Tiananmen.

«Heureusement mon mari est un ancien boy-scout, il arrive à nous orienter un peu», plaisante l'infirmière gironde, un éventail chinois à la main.

Pour ces trois Français en goguette, venus soutenir leur fils, gendre et filleul «qui sont dans le même bateau» en compétition d'aviron, Pékin est un terrain de jeux réjouissant.

«Ah pour ça, on rigole», dit Pierre Tilliet, 58 ans, d'Annecy. «On a un petit guide de traduction de poche et sinon on improvise. Au restaurant évidemment, on a quelques surprises, mais ça fait partie du voyage».

Des fans français de judo, rencontrés dans un centre commercial, s'en tiennent désormais aux établissements dont les menus proposent des photos.

«L'autre soir, on a dîné dans un endroit où la carte était entièrement en chinois. On a demandé à la serveuse de décider pour nous, mais elle n'a pas voulu. Alors on a choisi au hasard. On a eu des trucs qu'on n'arrivait pas à manger, on ne sait trop ce que c'était», raconte Hubert Pelé, patron de boîte de nuit à Laval.

Côté transports, le métro c'est facile, le bus un peu moins et dans les taxis, innombrables, il suffit de montrer une adresse rédigée en chinois. Sinon, on peut toujours pratiquer, comme Klaas Vellenga, la «conduite au bras».

«Je ne sais rien dire en chinois et eux ne comprennent rien en anglais, alors je regarde ma carte et j'agite le bras à chaque carrefour. Ça marche très bien», explique le père d'un sportif néerlandais en compétition.

L'une des contrariétés les plus souvent citées, ce sont les indications fantaisistes. «Tout le monde veut rendre service alors bien souvent, ils s'empressent de vous envoyer dans la mauvaise direction», constate la Britannique Irene Jones.

Mais la seule vraie difficulté, finalement, c'est de mettre la main sur des billets pour les épreuves olympiques.

«On n'y est pas encore arrivé», se désole Fabricio Marmoraci, 22 ans, accompagné de son père aux couleurs du Brésil. «La confusion règne. On a passé beaucoup de temps au téléphone et en transports, pour rien», ajoute Mme Jones.

Lenelle Suharta, une Américaine de 65, a eu de la chance: son hôtel héberge un groupe de supporteurs britanniques d'aviron. Son billet en poche, elle doit d'ailleurs filer, son épreuve l'attend.