On le savait: le coût de la vie, en Suisse, est un des plus élevés du monde. On ne sera donc pas surpris d'apprendre que la suite d'hôtel la plus chère de la planète se trouve au pays des alpages et des banques.

C'est la Royal Penthouse Suite de l'hôtel Président Wilson, à Genève, qui se loue 52 000 $US la nuit. Cette information, on la doit au magazine Elite Traveler, distribué aux «happy few» qui voyagent essentiellement en jet privé.

Chaque année depuis 2001, Elite Traveler dresse la liste des 101 suites d'hôtels les plus prestigieuses du monde. Ce ne sont pas nécessairement les plus chères, parce que la sélection tient compte de facteurs comme le design, le style, le service, ou encore la situation géographique de l'établissement. Mais comme le classement est présenté en ordre décroissant de tarifs, ce sont les suites les plus coûteuses qui caracolent en tête de liste.

Trois des cinq plus chères sont proposées par des hôtels européens. Le Grand Resort Lagonissi, un complexe de villégiature situé non loin d'Athènes, dans la péninsule grecque de l'Attique, est presque'aussi gourmand que le Président Wilson: il facture sa Villa Royale 50 000 $ la nuit.

À côté, le Parc Hyatt Paris-Vendôme, dans la capitale française, qui figure en cinquième position sur la liste, fait presque figure d'établissement de second ordre, lui qui ne demande que 21 500 $ aux occupants de sa suite Impériale!

Le Ty Warner Penthouse du Four Seasons de New York arrive en troisième position à 30 000 $ la nuit, suivi par le Sharq Village&Spa, de Doha, au Qatar, qui effectue une ponction quotidienne de 26 000 $ dans le compte bancaire des occupants de sa Villa Royale.

Le tiers des établissements répertoriés facturent à plus de 10 000 $ la nuit leurs suites de prestige, mais sept hôtels qui exigent moins de 1000 $ pour leurs plus vastes appartements (le St. Regis à Fort Lauderdale, le Palms Place à Las Vegas, le Las Casitas de Colco, au Pérou) figurent malgré tout sur la liste.

Pourtant, le St-James de Montréal, qui affiche un tarif de 5000 $ la nuit pour son «appartement terrasse» n'a pas été retenu. L'hôtel, membre du prestigieux regroupement des Leading Small Hotels of the World, se compare pourtant avantageusement à bien d'autres propriétés mentionnées par le magazine.

Qu'en déduire, sinon que Montréal n'est pas une destination assez «tendance» pour que les rédacteurs de la publication aient jugé bon de lui accorder une mention?

Car, rappelons-le, Elite Traveler, qui dresse aussi la liste des villes les plus «hot» du monde (cette année, les 10 métropoles où il est bon de se faire voir sont, dans l'ordre, New York, Miami, Los Angeles, Chicago, Londres, Paris, Milan, Hong-Kong, Shanghai et Sydney) tient compte du facteur «situation» pour établir son classement.

C'est sans doute pour cela que, seuls, deux établissements canadiens y figurent, tous deux situés à Toronto: le Hazelton, avec sa suite présidentielle à 7500 $ et le SoHo Metropolitan avec sa SoHo Penthouse Suite à 5050 $.

Que déduire encore du fait qu'un des hôtels les plus connus du monde, le Burj Al Arab de Jumeirah, dans l'émirat de Dubaï, ne soit pas mentionné, même si la suite royale du 25e étage est présentée comme «la plus luxueuse du monde»?

Qu'en déduire, alors que quatre propriétés de l'émirat le Monarch Dubaï, le Raffles, l'Intercontinental et le Desert Palm figurent en bonne place sur la liste, sinon que les rédacteurs d'Elite Traveler ont systématiquement écarté les établissements trop tape-à-l'oeil?

«Vanités qui ne concernent qu'un nombre infime d'individus, ceux qui ont les moyens de se déplacer en jet privé», pourrait-on objecter. Vanités, certes, mais vanités qui ne sont pas réservées à un cénacle si restreint que cela!

Elite Traveler se réclame d'un lectorat de 575 000 personnes, qui dépensent plus de 400 000 $ par an pour acquitter leurs notes d'hôtel et dont le revenu annuel moyen se chiffre à 5,3 millions US.