Avant de devenir père, j'étais d'avis qu'il est impossible de voyager avec un bébé sans connaître l'enfer. Avant notre départ, ma copine et moi avions un tas d'appréhensions. Est-ce que la petite dormirait bien à l'hôtel? Allait-elle hurler d'exaspération en voiture? Les repas aux restaurants seraient-ils interrompus par des crises existentielles ou pire encore, par une couche pleine? Or, rien de tout cela n'est arrivé. Notre petite Romane, 8 mois, a passé le test et semble même avoir les gènes d'une grande aventurière!

Première constatation: en «paquetant» la voiture de location, on a soudainement compris pourquoi les familles achètent des minifourgonnettes. Avec le porte-bébé, la poussette, le parc, le banc d'appoint, la valise de la puce et les nôtres, le coffre déborde rapidement, la banquette arrière aussi. Écrémage obligatoire: les chaises de plage sont donc restées à la maison.

À notre grand étonnement, Romane n'a jamais «chigné» en voiture, malgré les heures de conduite. Lorsqu'elle commençait à en avoir marre, on appelait Glenn Gould en renfort et paf! ses paupières se refermaient comme par enchantement. Je comprends maintenant pourquoi on le considère comme un si grand pianiste!

Dans tous les restaurants, ce fut le bonheur total. Même dans les restos chic, on a toujours été accueillis avec un grand sourire. Pas de gêne, on se sentait comme à la maison. Quant à bébé, elle nageait comme un poisson dans l'eau, ne craignant pas les menus à quatre ou cinq services. Au contraire, plus c'était long, plus elle adorait!

Avec son sourire contagieux, notre petite puce s'est avérée la meilleure entremetteuse qui soit. Les grands-mères, et même certains «bikers», des durs au coeur tendre, ne se gênaient pas pour lui rendre ses sourires et converser avec nous. «Oh, she's so cute!», répétaient les mamies (complètement d'accord avec elle, soit dit en passant).

Le fait que nous étions de Montréal engendrait parfois de belles rencontres, car nombreux sont les habitants du New Hampshire de descendance canadienne-française. Les plus vieux nous racontaient fièrement que leurs ancêtres venaient de Sherbrooke, Québec ou d'ailleurs. Une sexagénaire a même essayé de nous parler en français, sa langue maternelle qu'elle a presque entièrement oubliée.

Côté activité, bébé s'est plié avec gentillesse à nos exigences, nous qui sommes des amateurs de plein air. Dans les White Mountains, nous avons effectué quelques randonnées intermédiaires en la transportant dans un porte-bébé. Papa s'est dévoué à la tâche et après une quinzaine de minutes, j'oubliais ce poids supplémentaire pour apprécier la nature. Quant à la petite, elle n'a pas vu grand-chose, dormant la plupart du temps.

Afin de lui faire plaisir, on a fait quelques sauts à la plage d'Hampton Beach, ce qui a semblé son activité favorite. Ses parents lui décernent déjà le qualificatif de «beach bum», même si elle n'a que trempé ses pieds dans les eaux glacées de l'Atlantique. Prédiction: d'ici quelques années, elle ne voudra plus sortir de l'eau.

Quelques bémols

Quelques bémols cependant. Les maisons historiques à Portsmouth, superbe ville portuaire du New Hampshire, étaient inaccessibles aux poussettes. Il a donc fallu transporter Romane dans nos bras pendant 45 minutes. Pas évident, car elle pèse 20 livres et gigote dans nos bras comme une truite vigoureuse. Pour cette raison, nous avons boycotté le Strawbery Banke Museum, l'attraction principale de la ville, malheureusement interdit aux poussettes.

La grande mode dans les hôtels, c'est d'éliminer les bains pour installer de grandes douches en céramique. C'est très design, mais pour laver bébé, ce n'est pas extra. Romane a donc pris avec papa et maman sa première douche à vie. Une autre expérience à ajouter à son C.V.! Point positif: dans les trois hôtels où nous avons séjourné, le parc était fourni pour coucher bébé. Avoir su, nous aurions laissé le nôtre à la maison.

La principale difficulté de voyager avec bébé, c'est la longueur des préparatifs. Purées, couches, biberons, bavettes, chapeau, alouette! il ne faut rien oublier avant de partir en excursion. Une journée, il nous a fallu deux heures pour nous préparer pour le lunch, après un avant-midi à la plage. Ouf! Sauf que ce petit inconvénient ne nous empêchera pas de repartir de plus belle avec la petite. La mer, les montagnes ou la ville, où veux-tu passer tes prochaines vacances, ma belle?