Le Québec recèle plus de 10 000 sites archéologiques, qui attestent une première occupation du territoire remontant à plus de 12 000 ans. Grâce au Mois de l'archéologie, qui nous revient pour une quatrième année, les plus beaux sites archéologiques québécois ouvrent leurs portes à la population durant tout le mois d'août.

Cette année, la programmation s'avère exceptionnelle, car les passionnés d'histoire auront accès, pour la première fois et en exclusivité cet été, à deux lieux archéologiques d'une importance capitale dans l'histoire du Québec: le site du fort Cartier-Roberval, à Cap-Rouge, et celui des forts et châteaux Saint-Louis, dans le Vieux-Québec.

Cap-Rouge fut le lieu de la première tentative de colonisation européenne au nord du Mexique. De 1541 à 1543, Jacques Cartier, suivi de Roberval, tentèrent d'établir un poste français dans ce qui allait devenir la Nouvelle-France. Leur expérience fut un si grand désastre que la France oublia les rives du Saint-Laurent pendant plus de 60 ans, jusqu'à l'arrivée de Champlain.

Pendant des décennies, des archéologues ont tenté vainement de trouver le lieu de Charlesbourg-Royal (non donné au lieu par Cartier) et France-Roy (non donné au même lieu par Roberval). Mais en octobre 2005, à la faveur des travaux du parc Cartier-Roberval, un inventaire archéologique effectué sur le promontoire de Cap-Rouge permet la découverte d'un tesson de faïence datant du XVIe siècle. Le mystère est enfin levé.

Depuis, les fouilles archéologiques se poursuivent et cet été, pas moins de 25 archéologues travailleront sur place pour scruter à la loupe la moindre trace (noyau d'olive, poterie, vestiges, monnaie) de cette tentative de colonisation.

Pour les visiteurs, c'est une occasion unique d'en apprendre davantage sur cet épisode de notre histoire, mais aussi de voir des archéologues à l'oeuvre. Un travail de moine, qui s'effectue la plupart du temps à quatre pattes, à inspecter chaque petit grain de terre. Rien à voir avec les aventures rocambolesques d'un Indiana Jones. Le site dévoile ses trésors depuis le 27 juin et un service d'autobus y donne accès à partir du chemin Saint-Louis.

En plein coeur du Vieux-Québec, Parcs Canada a profité des travaux de réfection de la terrasse Dufferin pour investiguer le sol, site connu des forts et châteaux Saint-Louis, lieu de résidence pendant 200 ans des gouverneurs sous les régimes français puis anglais. «On savait depuis longtemps où se situait l'emplacement de ce lieu de pouvoir, mais on ignorait ce qu'on pouvait y retrouver», explique l'archéologue de Parcs Canada Robert Gauvin lors de la visite des lieux.

Loin d'être décevantes, les fouilles ont permis de déterrer plus de 500 000 artefacts, dont certains remontent à la période de Champlain en haute ville, épisode sur lequel on a peu d'informations. Depuis le mois de mai, les visiteurs peuvent admirer gratuitement, au cours d'une visite autoguidée, les vieilles fondations du château, tout en marchant sur des planchers d'ardoise datant de la Nouvelle-France!

De 1620 à 1834, quatre forts et deux châteaux se sont succédé à cet endroit stratégique surplombant le Saint-Laurent. C'est Champlain qui y érigea un premier logis, où il rendît l'âme en 1635. Puis Montmagny y fit construire la première résidence du gouverneur, un château qui subira de nombreuses modifications avec le temps, jusqu'à devenir un digne château français. Le bâtiment fut bombardé en 1759, puis reconstruit par les Britanniques. Il brûla en 1834 et fit place alors à la terrasse Durham, puis Dufferin.

À la fin de l'été, ces vestiges seront enfouis à nouveau afin de les protéger et de reconstruire la terrasse Dufferin. Divers projets sont à l'étude pour voir comment on pourrait ouvrir en permanence ce site extraordinaire où ont été prises les plus importantes décisions concernant la Nouvelle-France.

Outre la découverte de ces deux sites, le Mois de l'archéologie, qui vise à diffuser les connaissances de cette science et à sensibiliser les citoyens sur la protection de ces sites non renouvelables, propose au total 76 activités - visites, conférences et ateliers de fouilles -, dans 56 lieux à travers le Québec. Pour connaître la programmation complète, rendez-vous sur le site www.moisdelarcheo.com.