Après des mois ou des années de pratique, qu'est-ce qui pousse un yogi à vouloir enseigner le yoga? La Presse a rencontré deux étudiants et deux diplômés de la formation professorale du centre Yoga Sangha, lancée pour répondre à une demande sans cesse croissante.

Située à deux pas du métro Sherbrooke, rue Saint-Denis, l'école de yoga fondée par Sylvie Tremblay occupe un triplex. Lors de notre visite, l'endroit était calme et inondé de lumière.

Sylvie, trentenaire dynamique, a grandi à Alma, au Lac-Saint-Jean. Mais c'est en Inde qu'elle a trouvé sa voie spirituelle dans les années 90. Pour elle, le yoga est une activité physique et psychologique autant qu'une opportunité d'affaires, comme le montrent les affiches sur les murs faisant la publicité d'un DVD pour s'initier à cette activité millénaire.

Elle a tout de la yogi occidentale typique: forme athlétique, ensemble Lululemon, discours sur l'acceptation de soi et l'éveil de la conscience. «C'est en voyant la mère d'une amie pratiquer, il y a 21 ans, que j'ai décidé d'essayer le yoga. J'avais 15 ans», se souvient cette autodidacte.

Sylvie a lancé il y a 10 ans le centre Sangha. «On vit actuellement une grande quête de sens. On se détourne du matérialisme. Le yoga fait la promotion de la santé du corps, de la découverte de soi et du mieux-être», affirme-t-elle.

Il y a trois ans, Sylvie a mis au point une formation professionnelle de 375 heures à l'intention des futurs professeurs de yoga. Les intéressés doivent faire preuve de beaucoup de sérieux: le cours coûte plus de 3000$, dure un an (à raison d'une fin de semaine ou de trois vendredis par mois et d'une semaine intensive l'été) et comprend devoirs et lectures.

La quête

Maty, 25 ans, faisait partie de la première cohorte formée par Sylvie. Si cette infirmière de carrière ne croyait pas devenir professeure en s'inscrivant à cette certification reconnue par la Fédération internationale de yoga, c'est son intérêt pour la relation d'aide qui l'a menée à enseigner au centre. «Je trouvais les personnes qui s'adonnaient au yoga souriantes, accueillantes. En suivant la formation, j'ai pu en apprendre autant sur les postures, le système musculaire, les articulations, l'alimentation et la culture du yoga», dit-elle.

La formation est constituée de quatre volets: anatomique, psychologique, technique, pédagogique et éthique. Un manuel est remis à tous les étudiants au début de la formation, en septembre.

Serge, 55 ans, s'est mis au yoga il y a huit ans. «Je me sentais vieux. Je n'avais aucune flexibilité, alors que mon père de 80 ans, qui pratiquait encore le yoga à l'époque, pouvait faire le grand écart! raconte cet opticien dont la femme et la fille pratiquent aussi le yoga. Plus on en apprend sur la pratique, plus on réalise qu'il est impossible de tout savoir. La pratique a amélioré mes rapports avec les autres.»

Il n'est pas rare que des étudiants pleurent, crient, dansent ou rient en suivant la formation. «Même si j'ai voulu donner une structure très nord-américaine au cours en l'organisant comme une formation traditionnelle, j'observe des différences chez tous les participants, sans exception», explique Sylvie. Tous? «Ce sont principalement des professionnels qui s'inscrivent. Cette année, nous avons des ingénieurs, des publicitaires, des comptables, des comédiens, des enseignants... L'existence est une quête de sens, pas une quête matérielle!»

Mère de deux enfants, Sandrine, 43 ans, est productrice dans l'industrie du dessin animé et suit la formation. «Le yoga m'a permis d'améliorer la communication avec mon mari et d'être plus centrée sur moi», dit-elle. Cela m'aide autant dans ma vie professionnelle que dans ma vie familiale. J'ai plus d'énergie et j'ai une meilleure qualité de vie.»

Blasé de l'ambiance des gymnases traditionnels, Alexandre, un ingénieur de 26 ans, a découvert le yoga il y a tout juste un an. Si c'est l'aspect physique de la pratique qui l'a attiré, il avoue que le yoga est rapidement devenu une façon de vivre pour lui. «Maintenant, j'aimerais enseigner, lance-t-il. Plus j'en apprends, plus j'ai envie de partager ça avec les autres.»