Les New-Yorkais n'ont pas la réputation d'être particulièrement détendus.

Il suffit d'un bref séjour dans la Big Apple pour s'en rendre compte: tout stressés qu'ils soient, les Manhattanites n'hésitent pas un instant (est-ce que l'ombre d'un début d'hésitation leur effleurerait même l'esprit?) à klaxonner ou à crier des injures si vous avez le malheur de ralentir, ne serait-ce que de quelques secondes, leur trajet d'un point A au point B. Et on n'a pas parlé des manifestations d'impatience (restons polis) devant les ascenseurs trop lents et files d'attente aux caisses enregistreuses...

Mais voilà qu'un curieux vent de relaxation semble souffler sur New York ces jours-ci. Dans cette mégapole grouillante de gens éternellement pressés, un peu tout le monde a soudainement l'air de respirer par le nez! Odeurs de printemps hâtif? Retour des profits à Wall Street? La réponse pourrait plutôt se trouver dans deux petits mots qui de prime abord ne veulent pas dire grand-chose, mais qui pour pas mal de monde en ville font toute la différence: Tui Na. Une technique de massage qui connaît un engouement certain ici, pour ne pas dire un succès complètement fou!

Tui = pousser; Na= saisir...

Emprunté à la médecine traditionnelle chinoise, il faut dire que le Tui Na procure toutes sortes d'effets bénéfiques. En plus de vous calmer les nerfs, il prétend aussi soulager vos maux de dos chroniques, douleurs cervicales tenaces et même les vieilles blessures sportives que vous endurez depuis des lunes. Acupuncteurs et chiropraticiens n'hésitent pas à le recommander quand ils n'arrivent pas à venir à bout de vos bobos. En langage de médecine alternative, Tui signifie pousser, Na saisir. Et c'est là d'ailleurs ses deux types de manipulations les plus courantes (sur 300, au total). La technique combine le frottement des muscles et la pression des points d'acupuncture. Avis aux petites natures: les massages vont du tout en douceur... à la limite de la douleur. Les thérapeutes qui le pratiquent (la plupart du temps, des femmes asiatiques qui ne parlent pas un traître mot d'anglais) ont étudié pendant quelques années - certaines à l'université - pour en venir à maîtriser l'art du Tui Na. Et une fois sur leur table de massage, ça se ressent. Ces praticiennes savent ce qu'elles font!

Telles des pieuvres multifonctionnelles, elles vous enduisent d'abord d'huile, frictionnent ici, pressent là... puis insistent encore à gauche, appliquent des compresses presque brûlantes à droite, avant de vous étirer de tous bords et de tous côtés... En un tournemain, leurs doigts, paumes et poignets de fée se transforment en poigne de fer, selon les besoins de leurs proies qui se livrent en pâture avec contentement (ou masochisme...)

On peut recevoir un massage Tui Na à peu près partout à Manhattan: dans les chics spas et centres de conditionnement physique du centre-ville. Mais aussi auprès des boutiques de Soho et de TriBeCa, où on peut se pointer à toute heure du jour ou du soir sans rendez-vous. Mais, attention, les fins d'après-midi, en semaine, c'est bondé! Hommes d'affaires en costume et sportives en coton ouaté recherchent soulagement ou détente. Trente minutes, 30 dollars; 45 minutes, 45 dollars... Bref, beau, bon, pas trop cher et assez efficace.

Car si le Tui Na ne guérit pas complètement nos petits bobos, il fait du bien. On en ressort dans un état second. Et la Big Apple ne s'en porte que mieux!