Il a 83 ans, est un maçon à la retraite et sa passion depuis l'enfance, c'est le trappage du renard. Avec ses 70 ans d'expérience sous la casquette, autant dire que les renards n'ont plus rien à lui cacher.

Votre initiation au trappage, ça s'est déroulé de quelle façon?Avant, on apprenait sur le tas, comme on pouvait. Moi, j'ai commencé tout seul, sans que personne ne me montre. Aujourd'hui, c'est plus réglementé. Il faut suivre des cours et obtenir un permis. J'ai d'ailleurs donné des cours de trappage dans le Vermont, le Maine et New York. Mais c'est un métier en déclin. Il y a de moins en moins de trappeurs, surtout parmi les jeunes. C'est de l'ouvrage et ça ne rapporte pas beaucoup d'argent.

Comment trappe-t-on?

Je creuse un trou d'environ 4 pouces carrés, dans lequel je place un appât préparé avec du poisson ou, encore mieux, du castor. Quant aux pièges, j'utilise des pièges à mâchoires, qui ne sont pas mortels. C'est beaucoup moins cruel que les pièges à dents. Mais les renards sont des animaux rusés. À la moindre erreur de notre part, on se retrouve les mains vides.

Une fois qu'ils sont pris au piège?

Quand je les trouve, je leur tire dans la tête avec ma carabine. Ils ne souffrent pas. Ensuite, on doit préparer la peau. Il faut plumer le renard et faire sécher sa peau. Puis, on la vend au North American Fur Company, le successeur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, et eux la vendent aux encans.

Combien se vend une peau?

Ça peut être 5 $, comme 150 ou même 200 $ la peau. Tout dépend de la qualité de la peau, mais aussi de la demande. Plus la fourrure de renard est à la mode, plus on peut les vendre cher.

 Quels sont les meilleurs spots pour trapper ?

Je trappe les renards en forêt et aussi dans le Nord. Mais le meilleur endroit, c'est Montréal. Il y a des renards sur toute l'île, d'est en ouest. En général, ils sont très bien nourris parce qu'ils mangent les chats domestiques. Peu de gens le savent, mais souvent, quand un chat domestique disparaît, c'est parce qu'il s'est fait manger par un renard. Certains pensent que les trappeurs sont cruels, parce qu'on tue des animaux. Mais ce que nous faisons, c'est du contrôle de la population animale. Nous sommes beaucoup moins cruels que ceux qui ont des animaux domestiques et qui les dégriffent, leur coupent les oreilles ou la queue.

Quels types de renards trouve-t-on dans la région ?

On trouve surtout des renards roux. Il y en a aussi des noirs, des blancs et, beaucoup plus rares, des renards argentés.

Quand trapper ?

La saison du trappage du renard débute en novembre et s'achève en février. Hors de cette période, on n'a pas le droit de trapper. On risque de perdre son permis.

Combien de renards attrapez-vous par an ?

Ça dépend des années. Les meilleures années, j'en attrape une centaine, et les pires, ça peut être que 25. Beaucoup de facteurs entrent en jeu, comme la quantité de neige. En général, plus il y a de neige, plus c'est facile d'en attraper.

Et en ce moment, c'est à la mode ?

Oui, il y a beaucoup de demandes, surtout de Chine. Ils en font des chapeaux, des manteaux ou toutes sortes d'accessoires de mode. Et ce qui se vend le mieux, ce sont les peaux de renards roux.

En terminant, le trappage, aimez-vous ça?

Beaucoup. J'aime surtout le fait d'être dehors. Je vois ça comme une activité. Certains aiment le golf ou le tennis. Moi, c'est le trappage.