Vêtue d'habits d'époque, Séverine a dû jouer La vie en rose au moins 7999 fois au cours des 20 dernières années. C'est quoi, le Paris des touristes?

C'est l'accordéon, le béret et la baguette. C'est très cliché, mais c'est conservé pour les touristes dans Montmartre.

Est-ce que c'est ce qu'ils recherchent quand ils visitent cet arrondissement?

Oui, ils recherchent le Paris d'antan, le Paris de Piaf et de Mistinguett, qui n'existe plus au fond, même s'il y a quelques artistes comme moi qui veulent faire perdurer la tradition.

Comment vous y prenez-vous?

Je danse le French cancan et joue de la musique typiquement parisienne, comme Pigalle, La Seine, Sous les ponts de Paris.

Avez-vous des demandes spéciales?

Oui, mon numéro 1, c'est La vie en rose. Ensuite, il y a tout le répertoire d'Amélie Poulain. Je n'ai pas eu le choix de m'y mettre.

Est-ce que le quartier a beaucoup changé, depuis la sortie du film?

En fait, le film n'est pas très représentatif de la vie artistique et touristique du quartier. C'est presque impossible pour un Parisien de souche d'habiter à Montmartre. Le deux pièces est à 12 000 €. C'est le quartier le plus cher de Paris, et Paris est l'une des capitales les plus chères au monde! Il n'y a que les stars qui peuvent vivre ici.

En croisez-vous à l'occasion?

Oui, on voit parfois Naguy, Christophe Dechavanne ou Claude Lelouch.

Je suppose que vous n'habitez donc pas Montmartre?

Non, j'habite en banlieue, comme la plupart des artistes qui travaillent ici. Mais c'est comme mon quartier, je connais tout le monde, puisque j'y travaille depuis que j'ai 16 ans.

Est-ce que c'est difficile de vivre du tourisme ici?

Ça varie. Une journée, on peut faire 200 €, l'autre, 10 €. Et puis nous, on paie notre permis alors qu'il y a tous ces vendeurs à la sauvette qui ne sont pas autorisés. Quand la police arrive, ils remballent tout en quelques secondes et s'enfuient comme une envolée de pigeons.

L'ouverture de l'Europe a-t-elle changé beaucoup votre travail?

Oui, la saison touristique s'est étalée à l'année. Maintenant, on a plein de touristes de l'Est qui mettent toutes leurs économies dans leur voyage, mais qui ne dépensent plus une fois rendus ici.

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